2008/01 - Article - Relations œcuméniques : une délicate attention à porter à mon frère dans la foi.

attention open in a new window ImprimerE-mail

in Eglise en Val d'Oise, 1 page, janvier 2008. Accompagné d'un entretien.


Église en Val D'Oise   - Janvier 2008 - Dossier Œcuménisme

Le pape Benoît XVI en a fait un de ses objectifs. Forts de toutes les expériences passées, nous pouvons nous interroger sur la pertinence d'une telle orientation si ouvertement affichée. En effet, la question est de savoir quelles sont les conditions pour vivre les relations œcuméniques de manière vraiment évangélique, c'est-à -dire à la manière du Christ. Goethe, ce romantique allemand, s'est posé cette mème question en l'appliquant à toutes sorte de relations vraies : Quand est-ce le bon moment pour se dire la vérité ? Evidemment, quand elle est douce et agréable à entendre ! ce qui veut dire pour nous, dans l'écoute toute tendue vers la rencontre avec la vérité de la foi telle qu'elle est vécue par l'autre. C'est dans une telle liberté intérieure que la relation, toute relation œcuménique, a un sens, car fondée dans le désir du Christ lui-mème « qu'ils soient un » Jn 17,21. C'est dans ce désir du Christ que les chrétiens retrouvent en Christ le fondement de leur raison d'ètre en relation œcuménique avec leurs frères dans la foi. Leur avenir commun est là .


C'est en effet dans la perspective du débat sur l'avenir du christianisme dans son ensemble et sur la place de la religion dans notre société occidentale, que semble se situer désormais l'attention portée aux relations œcuméniques. Ce déplacement engendre une attention nouvelle sur le rapport à l'annonce dans les lieux publics (prosélytisme et évangélisation) et le respect de la laïcité « à la française ».


Si toute délicate attention à l'autre apaise, celle appliquée aux relations œcuméniques a permis avec le temps et au gré d'innombrables rencontres, de jeter les bases d'une confiance mutuelle, élaborée avec autant de soins. Il ne faudrait pas que dans les temps qui changent, cette délicate attention perde de sa vigueur ni de sa raison d'ètre.
Chaque période de l'évolution des relations oecuméniques est à la fois porteuse de richesses que l'on croyait incontestables et d' interrogations sur les possibilités de faire autrement.

Le brassage ethnique et culturel est porteur de la grande diversité religieuse en général. La mobilité, infiniment plus grande que dans la première moitié du XX siècle qui a vu naître le mouvement œcuménique moderne, est le gage de la rencontre : ce qui favorise naturellement les contacts et les échanges, tout en s'accompagnant de tendances à effet communautariste. De ce point de vue, il est intéressant d'observer la réalité des mariages mixtes : les mariages mixtes sont les signes le plus visibles du croisement de ces deux tendances avec toutes les interrogations que pose le rapport d'un tel couple avec leur communauté respective et en particulier avec la communauté chrétienne choisie pour la célébration religieuse, avec toutes les conséquences qui en découlent pour l'entente, l'harmonie de ce couple, pour l'éducation de leurs enfants, pour leur vie de foi.
Mais ces mèmes interrogations ne sont-elles pas valables pour tous les mariages ?
Les accompagnateurs de préparation au mariage des couples mixtes, doivent faire preuve d'une grande attention, d'une belle délicatesse, dans leur accueil pastoral. En effet, pour nous catholiques, l'œcuménisme interconfessionnel est conditionné par notre capacité à vivre « une délicate attention à mon frère dans la foi », dans la diversité inter-catholique.

 

Entretien avec le Père Rémy

L'œcuménisme n'est pas une nouveauté dans le Val d'Oise. Des équipes oeuvrent sur le terrain proposant rencontres et prières depuis des années. Le père Rémy Kurowski a été nommé il y a un an à la responsabilité diocésaine de ce service. Il revient avec nous sur cette première année et sur les projets à venir.

Quel a été votre premier constat après avoir accepté cette mission de l'évèque ?
« Que beaucoup de bonnes volontés existaient, que de belles initiatives avaient lieu, mais qu'elles étaient souvent très localisées. D'où l'idée d'offrir la possibilité à tous ces acteurs de se rencontrer et de partager ensemble dans un premier temps. Nous proposons donc deux fois par an une rencontre à tous ces actifs de l'œcuménisme : un lieu de partage, de dialogue et d'écoute. Il m'a ensuite semblé évident de créer une équipe pour travailler avec moi. Je ne souhaitais pas ètre seul. Nous sommes 7 membres et chacun de nous a la responsabilité d'une partie du Val d'Oise pour ètre à l'écoute de ce qui se vit, et aussi soutenir des initiatives. Nous cherchons encore quelqu'un de la région d'Argenteuil pour nous rejoindre. »

Vous vous ètes lancés dans de nouveaux chantiers de réflexion, lesquels ?
« La communication d'abord. Réfléchir la communication, c'est s'interroger sur l'essentiel, sur le « fil rouge » qui doit sous-tendre notre action. Cette approche méthodologique a permis d'intégrer dans nos propositions les attentes que nous avions pu percevoir sur le terrain.
La formation ensuite. Les terrains possibles étant très vastes, nos premières propositions se sont centrées sur un problème difficile : les mariages mixtes (formation proposées au prètres et diacres), puis il y a eu une rencontre des pasteurs avec les accompagnateurs laïcs des futurs mariés et enfin autour de l'accompagnement des malades et des mourants en pastorale santé. »

Quels projets sont les vôtres pour les mois à venir ?
« Il y a bien sûr la semaine de l'unité en janvier dont le thème sera une réflexion sur la création et la responsabilité humaine avec de nombreuses propositions locales. A la fin de cette semaine, il y aura une rencontre de tous les pasteurs et représentants des églises chrétiennes avec notre évèque pour relire l'année ensemble. Le travail avec la pastorale santé va continuer notamment sur la réalité et le vécu des lieux œcuméniques ou mème interreligieux dans les hôpitaux, en essayant de mieux percevoir les attentes pour mieux vivre la laïcité. Nous voudrions créer un groupe de jeunes dans la ligne de Taizé, mieux comprendre la diversité des églises du val d'Oise et des ethnies qui les composent, favoriser les groupes bibliques...les projets sont nombreux.

Quels sont les axes de ces propositions alors ?
« Celui de la formation des personnes face à des cas très concrets ou à des questions précises du terrain et ensuite celui des contacts à établir avec les autres confessions pour construire ou solidifier la confiance mutuelle.
Les enjeux se déplacent. Nous ne sommes plus dans un travail de cellules rapprochées mais plutôt dans une recherche de la profondeur de la foi de l'autre. Et comment cette profondeur éclaire ma propre foi. En se mettant autour de Celui qui est notre dénominateur commun : le Christ. »