2010/05/16 - Conférence-débat - LA VIE A LA LUMIÈRE DE LA BIBLE

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Bible et Morale : l’Ecriture comme guide de notre vie.
Père Vincent Leclercq, 16 mai 2010

 

Nous sommes réunis pour réfléchir sur la question du rapport entre la parole de Dieu et l’Ecriture, et aussi finalement sur la relation entre notre acte de foi et les actes de notre vie, notre agir.

 

C’est vrai que l’Ecriture est une source fondamentale pour la vie chrétienne, et aussi dans la manière dont nous pouvons rendre compte de notre foi. Rendre comte de notre foi, c’est ce qu’on appelle le travail de la théologie ; avoir un discours basé sur notre raison.

 

Le Concile Vatican II dit que l’Ecriture est l’âme de la théologie morale qui est la branche la plus concrète de la théologie puisqu’elle s’intéresse au lien entre foi, et ce que nous en faisons dans l’ordinaire de nos vies.

 

La Parole de Dieu anime notre vie, notre foi de 3 manières :
- notre besoin de comprendre la foi (intelligence)
- notre besoin de convertir notre manière de vivre (pratique)
- notre besoin spirituel (communion avec Dieu)

 

La Parole de Dieu se situe à ce carrefour : intelligence, action et communion

 

Quand les théologiens se tournent vers l’Ecriture, ils commencent avec un texte qui fait autorité. Les Chrétiens veulent découvrir dans l’Ecriture autre chose que le seul bien à faire : ils veulent agir d’une façon qui réponde à celui qui est entré dans leur vie.
Les systèmes éthiques commencent avec un principe ou une valeur fondamentale. L’Evangile commence avec une personne qui affirme être la norme à suivre et qui lance cet appel "Suis-moi"

 

C’est différent ; nous ne suivons pas un principe éthique mais une personne et le rapport entre la théologie morale et l’Ecriture est un rapport complexe, parce que la discipline qui étudie l’Ecriture, l’Exégèse, a suivi sa propre évolution ; elle a connu la crise du modernisme où on s’est aperçu du décalage entre ce que le texte disait et les faits qu’il racontait.
Les rationalistes se sont posé la question de savoir comment dans le livre du Deutéronome, Moïse qui avait écrit le livre pouvait il raconter sa propre mort.
Soit on était du côté des fidélistes et on prenait le livre à la lettre, soit on pensait qu’il y avait ce que disait le texte et ce que nous croyions.
L’herméneutique a mis un certain temps pour résoudre cette crise.

 

Pour comprendre un texte aujourd’hui, il faut d’abord comprendre comment il a été écrit, comment il a été reçu par ceux à qui il était destiné, effectuer les déplacements nécessaires : nous ne sommes plus au temps de Jésus Christ (ex : le texte du lavement des pieds prend un tout autre sens lorsque nous le replaçons dans son époque (sandales, routes mauvaises etc…) Il faut se poser la question de savoir comment on pourrait refaire ce geste pour imiter Jésus, dans un autre contexte.

 

Pendant de nombreux siècles, la théologie morale s’est surtout intéressée au pêché, parlait plus du pêché, peut être pour permettre aux prêtres d’entendre les confessions et de donner les pénitences correspondantes. Cette théologie morale s’intéressait peu au bien que l’on devait faire.

 

Ce n’est qu’avec Vatican II que l’on retrouve la place de l’Ecriture dans une théologie morale et l’articulation entre la Bible et la morale.
L’Ecriture comme guide de notre vie morale : "l’existence de plusieurs genres littéraires nous interdit de réduire l’Ecriture à un seul système moral"
La Bible est une bibliothèque. L’Ecriture est d’une telle diversité qu’il serait illusoire de croire que dans l’Ecriture, on va avoir la cohérence d’un seul système moral.
Le plus important, c’est la "reliure", ce qui nous permet de relier les textes entre eux : il ne faut pas adopter une attitude fondamentaliste qui consisterait à prendre un verset de la Bible et dire que le contenu du verset donne sens à toute l’Ecriture : c’est l’inverse : il faut éclairer le verset avec l’ensemble de l’Ecriture, sinon vous pouvez faire dire à un verset ce qu’il ne dit pas. Vous instrumentalisez l’Ecriture, vous essayez de penser par vous-mêmes et vous ne gardez de la Bible que ce qui vous donne raison. C’est l’instrumentalisation.

 

L’Ecriture fonctionne dans la diversité des récits, dans son intertextualité.
Il faut regarder le rôle de l’Ecriture, de la Parole de Dieu dans la morale et non pas la morale d’un texte de l’Ecriture : il y a une nuance ; c’est la place de l’Ecriture dans la morale et non pas la morale dans l’Ecriture.

 

En exemples, quel est le poids de l’enseignement moral de Paul sur les citoyens d’aujourd’hui, comment cela va-t-il nous inspirer aujourd’hui ? (Romains 13-1,17)
Comment pouvons nous lire les 10 commandements en ne tenant pas compte du verset de l’Exode (22) ? Dieu se définit comme celui qui libère. Est-ce que cela ne va pas donner la clé de lecture des commandements ?

 

Le don précède la loi. La loi n’est que la "grammaire" du don, elle n’est pas première : ce qui est premier c’est le Dieu qui a fait sortir son peuple d’Egypte.

 

La vie morale ne concerne pas d’abord une obéissance à un recueil de règles

 

Prenons l’exemple de nos vies et partons de notre expérience. Comment décidons nous lorsque nous avons une décision importante à prendre ? (accepter ou refuser une promotion, accepter un avancement etc…) La loi n’est pas la seule question que nous nous posons. Pour nous décider, nous allons faire appel à notre conscience, examiner les cohérences du choix, consulter, prier. La question de l’obéissance à la Loi n’est pas non plus la seule question que nous posons à l’Ecriture dès lors que nous envisageons ce lien entre la parole de Dieu et les décisions importantes de nos vies.

 

"Si la Parole de Dieu est à la hauteur de la complexité de l’expérience morale, si elle reflète bien la richesse de nos vies et les multiples défis éthiques de l’aventure humaine, elle doit également posséder une variété de perspectives ou d’approches pour penser l’agir humain"

 

Fondamentalistes et personnes exagérément sécularisées se rejoignent sur le terrain d’une même erreur : celle d’un mauvais usage de la Bible : pour eux l’Ecriture est réduite à un recueil de lois. Cette vision diminue l’importance et l’impact de l’Ecriture, parce que l’Ecriture, c’est autre chose que la loi. Cette erreur risque d’absolutiser la loi : la loi n’est pas le seul élément de notre expérience morale.

 

Autre point : on ne va jamais à l’Ecriture, vierge. On ne vit pas cette parole de Dieu sans avoir déjà une idée de ce que Jésus est pour nous, et comment il guide notre lecture. Nous sommes des lecteurs actifs

 

L’Ecriture comme un véritable guide la vie morale

 

5 modèles qui font fonctionner l’Ecriture comme un repère pour agir moralement : ces modèles peuvent fonctionner en même temps.

 

1) Le commandement de Dieu

Un tel modèle se concentre sur les passages de la Bible qui mettent en scène un appel personnel, un récit de vocation.
Exemples : vocation d’Abraham, de Moïse : Dieu n’accepte pas de dérobade
Egalement le rôle des prophètes dans la mesure où ils ont été appelés par Dieu, dans la mesure où cet appel vient d’en haut. Leur légitimité vient de l’authenticité de l’appel de Dieu, et de leur obéissance. Certains laissent tout derrière eux : c’est la logique du tout ou rien. Ces récits sont considérés comme des modèles privilégiés pour comprendre l’agir de l’homme à la lumière de l’Ecriture : c’est une obéissance aveugle sans réflexion susceptible de trahir un manque de confiance. Une telle théologie se rencontre plutôt dans la tradition protestante : "Seule l’Ecriture’’
En exemple Dietrich Bonhoeffer qui, dans un contexte national socialiste où une partie des protestants ne résistent que peu, s’oppose totalement au nazisme jusqu’à la mort. Dans un livre ‘’Vivre en disciple, le prix de la grâce’’ il nous demande de partager son chemin. Il souligne les passages de l’appel de Dieu à Pierre et à Matthieu : appel à mourir à soi, parce que dit-il, seul un homme déjà mort à sa propre volonté peut suivre le Christ.
La norme devient la Croix du Christ.

 

2) l’Ecriture est un rappel moral ce modèle est plutôt de tradition catholique.

L’Ecriture ne va rien nous demander d’autre que ce que nous savons déjà au cœur de notre conscience, mais elle va nous aider à en prendre conscience, nous encourager à faire ce que nous savons être juste. Ce modèle souligne l’importance de la loi naturelle : spontanément, tout homme, croyant ou non, sait faire la différence entre le bien et le mal et se décider pour le bien, de par sa seule raison. Les intentions de Dieu sont donc toujours déjà inscrites dans le cœur de l’homme. Même si le pêché vient brouiller le travail de notre discernement, il ne peut annuler le fait que nous sommes créés à l’image et à la ressemblance de Dieu et que la loi morale est dans le cœur de l’homme.
Dans ce modèle, l’Ecriture présuppose la morale et nous avons dans la Bible diverses façons de concevoir la morale. (littérature de sagesse : psaumes, proverbes) Le Nouveau Testament est l’expression de la sagesse morale : quand Jésus enseigne, il le fait en paraboles qui ne font pas mention de Dieu. Il s’intéresse à la vie ordinaire des gens et se sert de l’expérience des hommes pour dire l’action de Dieu.

 

Ce modèle va reconnaître que le Christ a apporté quelque chose de nouveau à la vie morale, mais la nouveauté n’est pas dans le contenu mais une question de motivation. Tout commandement distinctif de l’éthique chrétienne fait déjà partie de la morale commune de tout homme, et la spécificité du chrétien n’est pas une spécificité de contenu, mais elle est dans le don de l’Esprit qui sanctifie toute chose en transformant nos motivations. Non pas faire le bien, mais bien faire le bien : l’Esprit Saint sanctifie toute chose et transforme nos motivations. Ce modèle souligne le don de l’Esprit qui transforme nos motivations afin que nous puissions vivre notre vie de chrétiens dans la joie et la spontanéité (la grâce) Ce modèle ne demande pas un choix entre ce que Dieu demanderait et ce que l’homme se demande à lui-même en sa conscience : il n’y a pas de concurrence.

 

3) l’Ecriture est un rappel à la libération.

Ce modèle est venu des mouvements de libération et des plus pauvres. Il est pleinement justifié car Jésus, par son ministère, a confirmé cette action libératrice de Dieu et a dénoncé les injustices qui opprimaient l’homme ; lui qui a défendu les exclus sera lui-même exclu et condamné à mort, hors des murs de Jérusalem. Le Christ a payé très cher cette opposition aux structures qui ne permettaient pas aux plus petits de se relever.
Les Chrétiens ont à rejoindre l’opprimé dans sa lutte pour la libération : c’est là qu’ils rencontrent le mieux le Dieu de l’Ecriture. En symbole biblique pour ce modèle, c’est l’Exode qui sera retenu comme mouvement de libération, fuite de la terre d’esclavage. C’est l’évènement fondamental qui révèle le Dieu d’Israël que le Christ est venu actualiser. Il y a là une christologie historique : une façon de comprendre le Christ comme quelqu’un qui a prise dans l’histoire et sur notre propre histoire.
Il y a l’histoire du salut mais également le salut de l’histoire auquel les Chrétiens participent.
Si l’Evangile est une bonne nouvelle, comment croire qu’il est salut, sans mettre en œuvre le fait que si Dieu nous sauve, il doit aussi pouvoir nous soulager de la misère. Le salut doit pouvoir nous soulager ici et maintenant.
"L’Histoire qui est la nôtre est le seul lieu où le Royaume de Dieu s’accomplit"

 

Pour nous dire qui il était, Jésus a eu besoin des plus petits et nous montrer le salut comme libération.
Jésus aurait pu nous sauver sans nous montrer le chemin de la libération : il nous a enseigné préalablement, nous a révélé sa parole parce qu’il nous veut participants au salut.

 

4) l’Ecriture est un appel à être disciple

"Ce modèle affirme : pour être ou devenir disciples les chrétiens devraient incarner spécifiquement la manière de vivre de leur Maître Jésus"
Pour être celui qui est disciple de Jésus, il faut devenir comme Jésus, être configuré au Christ ; le vrai disciple est celui qui comprend de l’intérieur qui est Jésus, comme Paul "Pour moi, vivre, c’est le Christ’’ c’est-à-dire, incarner le Christ. L’histoire de Jésus devient alors le guide de notre existence.
La limite de ce modèle, c’est que l’important serait de rester à l’intérieur de la communauté et de se couper de tous ceux qui ne seraient pas chrétiens (plus de dialogue ni de communication)
C’est presque un modèle communautarien : une morale qui ne fonctionnerait qu’entre chrétiens.
Exemple : la question de l’avortement pour laquelle aucune avancée n’a été faite depuis 30 ans : deux courants s’opposent 
- toute vie doit être respectée
- la femme a la dignité de choisir et de décider quand et comment elle veut avoir un enfant.
Il n’y a pas de dialogue et sur cette question, la Bible dit peu de choses ; par contre la tradition de l’Eglise est très homogène pour dire qu’elle ne peut pas soutenir l’avortement.
Pour progresser, le courant communautarien propose de poser la question autrement : le plus important n’est il pas de se demander pourquoi sommes nous si peu accueillants à l’enfant à venir ? on intériorise la question : que faudrait il changer pour que nous soyons plus accueillants, plus hospitaliers en tant que société, à l’image du Christ ?

 

5) Répondre de l’amour de Dieu par l’amour.

"Aime les autres, comme Dieu t’a aimé en Jésus Christ"
Le commandement de l’amour, c’est le modèle de l’attitude fondamentale du disciple et ce modèle est acquis par l’expérience spirituelle d’avoir été aimé par le Christ. Répondre à l’amour par l’amour. L’amour de Dieu nous rend capables d’aimer. Dans l’Ecriture, nous faisons l’expérience d’être aimés tels que nous sommes.
( Le bon samaritain – Luc,10)
Qui est mon prochain ? "Fais de même" et non pas fais pareil : ce serait réducteur. Prendre soin, se rapprocher, participer à l’amour que Dieu nous donne. Inventer la charité.
Cette participation à l’amour de Dieu fait toute la dignité morale de l’homme, non pas de celui qui obéit à la loi, mais celui qui intériorise suffisamment la loi pour être dans la vie de l’Esprit.
On est alors dans l’ordre de la motivation. "le samaritain, en se faisant le prochain de l’homme blessé, se reconnaît comme solidaire de ses blessures et comme lui- même blessé, il n’est plus le spectateur indemne de la souffrance d’autrui, il devient le compagnon de route d’un semblable"

 

Dans cette idée de route, on retrouve le terme de loi en hébreu qui a une connotation de chemin. La loi : chemin, dynamique, chemin de sainteté.
Nous n’en aurons jamais fini avec la Loi, avec la morale, avec l’Ecriture, car nous n’en aurons jamais fini de répondre à l’amour par l’amour.

 

Conclusion

l’Ecriture, comme source de la morale chrétienne fonde l’unité chrétienne mais la fait exister d’emblée dans la diversité.
une approche historique de l’Ecriture et de la condition humaine conduit à un pluralisme légitime de la théologie en général et de la théologie morale en particulier.
l’Ecriture joue un rôle essentiel pour indiquer qu’un tel pluralisme n’est pas relativiste.
 le fondement christologique de l’Ecriture permet d’assumer le risque de l’histoire notamment avec cette proposition de suivre le christ Jésus dans sa vie et son ministère, sa mort et sa résurrection. Autrement dit, Jésus le Christ doit rester la Norme de l’Ecriture
.

 

Père Rémy.

 

La "sève" est dans les Ecritures mais pas seulement dans les Ecritures ; elle est aussi dans les relations, et dans la relation avec le Christ ; la morale n’est utilisée que comme moyen de gestion de la société à tous les niveaux, en s’appuyant sur la référence religieuse. Nous ne sommes pas une religion du livre. C’est grâce à la rencontre et par la configuration au Christ que se façonne le cœur du croyant. En conséquence, ce n’est pas seulement faire le bien, mais bien faire le bien. Nous sommes soumis à cette distinction, la première intention étant d’une réalité humaine.. En tant que chrétiens, nous avons l’obligation de nous nourrir au référentiel qui se trouve dans la relation au Christ.

 

C’est une religion de la motivation et non pas du code. Le code est un modèle naturel et humain alors que la motivation fait appel à un instinct supérieur, celui de la conscience qui fait intervenir notre liberté et qui dépasse l’obéissance. Le Christianisme nous invite non pas à une reproduction du code mais à être toujours dans la dynamique créatrice : c’est beaucoup plus exigeant.

 

"aime et fais ce que tu veux" : cette loi se transforme en attitude et l’on n’est plus dans la codification.

 

Une première intervention d’un participant fait état des difficultés rencontrées à la lecture de l’Ancien Testament.

 

Père Vincent Leclercq
Dans l’A.T., il y a beaucoup de choses… ex. le Décalogue, : pourquoi beaucoup de commandements sont donnés en négatif : réalisons la liberté que cela donne de parler en négatif. Si on ne doit pas faire telle ou telle chose, cela veut dire que tout le reste est possible ; inventer la vie, c’est la liberté. Les deux tables du décalogue reprenant les commandements se répondent : tout ce qui va blesser Dieu blessera l’homme. Toute l’histoire du salut est nécessaire pour comprendre que le Salut va rentrer dans l’histoire avec le Christ. Toutefois, il faut du discernement à la lecture du l’Ancien Testament.

 

Seconde intervention : les modèles se suffisent-ils à eux-mêmes ou s’approfondissent ils au fur et à mesure par rapport au précédent.

 

Père Vincent Leclercq.
La pluralité et la diversité font partie du dessein de Dieu. Il y a un approfondissement dans la capacité de dialogue, dans l’ouverture à l’autre et dans la diversité.
Exemple : comment les apôtres ont remplacé Judas. Il faut choisir dans un autre cercle, accueillir une autre personne dans sa diversité : le critère sera celui de l’intimité avec Dieu. Le don de Dieu, c’est la diversité ; nous sommes tous là au nom de la diversité.
Les 5 modèles sont auto suffisants mais il y a une pédagogie d’approfondissement. Aucun modèle ne va annuler un autre. La manière dont le peuple de Dieu s’approprie l’Ecriture répond à ses besoins ; Dieu ne nous laisse pas dans le vide, il nous donne ce dont nous avons besoin : besoin de résister, besoin de force, besoin de libération.
L’Evangile n’est pas une morale : nous suivons une personne, c’est beaucoup plus exaltant que de suivre une morale ; nous sommes des disciples, nous devons être à l’écoute, accueillir, comme Jésus. Nous avons à essayer de transmettre l’attitude de Jésus.

 

Troisième intervention : que dire à des catéchumènes qui commencent leur parcours mais le quittent en réalisant qu’ils ne sont pas dans la ligne de l’Eglise.

 

Père Vincent Leclercq
Certains découvrent en effet la dissonance entre leur vie et la rencontre du Christ et réalisent que leur vie ne va pas pouvoir rejoindre ce que la morale chrétienne demande. Il faut alors se souvenir de la Loi de gradualité : à un certain moment de notre propre histoire, nous ne sommes pas tout à fait prêts pour observer la loi. L’Eglise reconnaît ce fait : nous sommes en chemin vers l’observance de la loi, nous ne la rejetons pas, mais ne pouvons pas l’appliquer à un moment précis.
La loi de gradualité n’est pas la gradualité de la loi.

 

Dernière intervention : la relation entre la morale et l’histoire de l’Eglise

 

Père Vincent Leclercq
Les théologiens font peu de cours sur la morale de l’Eglise dans l’Eglise. Certaines crises ont été couvertes car la bonne réputation de l’institution semblait plus importante que finalement le droit et la protection. Beaucoup de choses graves sont intervenues, notamment récemment pour lesquelles nous n’étions pas préparés.
Cela demandera à l’avenir plus de formation, d’accompagnement ; on a tout pour surmonter ces épreuves dans la responsabilité de ce qui s’est passé, pour pouvoir en tirer des conséquences de vie.
Ces épreuves doivent être replacées dans la longue chaîne de l’Eglise. Il faut relativiser, ne pas dramatiser.
C’est très bien de s’intéresser aux prêtres, à leur vie etc… mais pas plus, ils ont fait des choix de vie et ils les assument.