2014/04/18 - Homélie - Vendredi Saint

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Tout est accompli !


Jésus rend le dernier souffle. Sa vie sur terre n’est plus. Il reste  le souvenir de sa vie bien visible dans ce corps outragé, défiguré, battu, cloué au bois de la croix.   Il reste quelques gestes à faire pour déposer le corps dans une tombe. Tout est fini. Puis rentrer chez soi et continuer tant bien que mal à vivre. Mais le souvenir revient.  Tout n’est  pas fini. 


‘Tout est accompli’, n’est pas synonyme de tout est fini. Dans les paroles de Jésus, sa mission se termine,  mais pas sa vie. L’évangéliste Jean note que Jésus, inclinant la tête,  remit l’esprit. Cette expression ‘remettre l’esprit’ est à comprendre un peu comme on dit ‘il a rendu l’âme’.  Il y a une transmission. Sa vie sur terre n’est plus, mais cette autre vie, celle qui l’anima pour être constamment en lien d’amour avec son Père, elle se poursuit. Elle reviendra rejoindre Jésus  dans un corps transfiguré. Mais ce soir nous n’y sommes pas.


Ce soir nous méditons sur la mort du Christ sauveur.


Les quatre évangélistes ont ensemble noté sept paroles, sept phrases, sept expressions  du Christ en Croix. ‘Tout est accompli’ est la dernière. Celle-ci résume toutes les autres :
-Celle sur la promesse donnée au bon larron d’être au paradis,
-sur le pardon à ses bourreaux,
-celles où il confie son disciple à sa Mère et
-sa mère à son disciple,
-celle ou il crit ‘Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné !?’ (en citant le psaume 21 que récitait les mourants).
-Puis celle de  ‘j’ai soif’ que nous avons aussi  entendu juste avant


-‘Tout est accompli’


‘Tout est accompli’ résume toutes les précédentes, résume toute sa vie.  


Ses paroles sont si immensément grandes qu’elles sont capables d’accueillir tous nos accomplissements à notre tour.


Bien évidemment avant l’accomplissement final, il s’agit de considérer tous nos accomplissements durant notre vie. Bien plus petits, imparfaits, pour chacun différemment, nos accomplissements  pleins de projets à réaliser parfois au prix de luttes insoupçonnables. Nos accomplissements du désir d’aimer comme Dieu nous aime, souvent, sans savoir réellement le lien entre un tel amour et la souffrance. Tous nos accomplissements ne sont pas pour autant sans valeur pour Dieu le Père qui nous accueille dans toutes nos petites ou grandes morts. Et qui nous accueillera un jour,  comme il avait accueilli son fils lorsque celui-ci  lui a  remis son esprit.


Aujourd’hui méditons sur la mort de Jésus et l’immense cadeau qu’il nous fait pour nous entraîner  avec lui  devant Dieu le Père à qui dans son souffle il remet tous nos souffles. Dans cette célébration  retenons le nôtre pour  méditer sur le sien, qui malgré toutes les apparences est  plein de vie.  AMEN