2015/06/14 - Homélie - Règne de Dieu

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Il en est du règne de Dieu...

 


Jésus pour parler du règne de Dieu n’invente pas le genre littéraire de la parabole,  il l‘améliore ‘.   

Car déjà Ezéchiel en dit quelque chose d’important, juste un aspect, mais aussi de façon très imagée, facile à saisir tout au moins au premier abord.

Ezéchiel parle de ce que Dieu peut faire : pour cela il utilise les images qui se rapportent à la vie des arbres. L’arbre, un cèdre, au sommet duquel Dieu prend un rameau pour en  faire  pousser un autre encore plus beau et qui donnera des fruits magnifiques. Ou alors il va renverser un arbre élevé et élever un arbre renversé. Tout cela dit quelque chose d’inouï, complètement nouveau. Tellement nouveau que cela peut être pris éventuellement comme une belle image  poétique, mais sans plus. Or ici il y a quelque chose de tellement nouveau, voire même renversant.

Le rameau qui redonnera vie n’est plus pris à la racine comme l’on a l’habitude, mais au sommet !

D’abord il  faut y aller pour chercher la cime. Comment ? En croyant que cela est possible, alors que c’est presque contre la nature, à quoi bon faire de la sorte. Ces trois images sont données pour fait comprendre que Dieu fait autrement. Mais qu’il est toujours pour la vie. La vie,  il la prend chez lui, là-haut où il se trouve comme la cime dans le ciel. Et il la donne.

 


Jésus va bien plus loin !

Cela ne veut pas dire que Jésus fait mieux que Dieu le Père. C’est tout simplement la pédagogie de Dieu qui respecte ce que l’homme peut entendre de ce que Dieu est.

Jésus entre dans le contenu de ce qu’est la vie de Dieu parmi les hommes. Elle est comme un règne, cette manière de gouverner qui permet à chaque sujet de se reconnaître comme citoyen légitime et heureux de l’être.

Jésus parle en paraboles pour pénétrer le sens, tel qu’il le prend chez son Père.

Le Père des cieux lui donne la connaissance de son désir d’étendre son règne sur la terre, ne pas se contenter de l’avoir dans son ciel. Jésus est envoyé pour cela.  Que dit-il donc ?



Il dit que le règne, lorsqu’il est déposé, il est discret. Telle une graine de moutarde ou  d’une autre plante (bambou parle mieux ici en Asie)

Il germe sans trop savoir comment. C’est la docte ignorance qui est ainsi préconisée. Nicolas de Cues au XV siècle a écrit tout un traité sur cela.

Tout part de Dieu et tout va vers lui, mais sur ce chemin il y a beaucoup de choses qui demeurent mystérieuses.

  Cela nous renseigne sur notre attitude à l’égard de la mission.

 Nous avons à semer, mais pas à exiger le résultat ?

Pas maîtriser la situation, au sens de ne pas avoir à chercher les résultats. L’observation de la nature rend humble. Cette humilité est aussi de mise quand on parle du règne de Dieu.

Il y a tout de même deux choses étonnantes dans ce texte, qui relèvent un peu plus  de la logique pure, même si les deux  touchent au mystère de Dieu et sa manière d’agir dans nos vies.

La première, la plus simple

Jésus disait tout aux foules en paraboles et en particulier expliquait tout aux disciples

Ce qui voudrait dire qu’il y a deux sortes de connaissance ??? Sûrement pas ! Mais il y a des choses que les responsables doivent comprendre plus vite et plus profondément de façon à pouvoir être capable de guider les autres. Ils n’ont pas forcement  à être meilleurs  dans leur propre vie spirituelle que leurs ouailles, car la grâce de Dieu agit indépendamment des guides et les effets  de la grâce ne se limitent pas à ce que les responsables autoriseraient comme possible.

Mais à qui on a donné beaucoup on demandera beaucoup, c’est en fonction de la mission et non pas pour faire la différence entre les uns et les autres du point de vue de l’accès au mystère de Dieu, à savoir son salut.

La deuxième et plus difficile, même si proche de la précédente.

C’est lorsque Jésus dit cette phrase énigmatique que l’on connaît bien :

« Il leur annonçait la parole dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre ».

Cette phrase concerne tout le monde, tous ceux qui écoutent.

Et à cet égard, une homélie n’est pas non plus un cours d’étude approfondie de la Bible.

C’est un éclairage sur des choses qui sont nécessaires pour notre salut et dans la mesure où l’auditoire est capable de comprendre. Super défis pour le prédicateur !

Par exemple, tout en indiquant le chemin de la vie véritable, ne pas se contenter  de rappeler les règles à respecter.

Car les oiseaux du ciel  cherchent un abri et non pas des règles à suivre

En effet le règne de Dieu est comparable à une graine de moutarde qui une fois grandie offre un bon accueil aux oiseaux que nous sommes,

« si bien que les oiseaux du ciel  peuvent faire  leur nid à son ombre ».

Tel est le défi de l’Eglise, annoncer et accueillir, annoncer à temps et à contretemps et accueillir  en toutes circonstances en révélant à tous que chacun est concerné par  le Royaume de Dieu. Car c’est le désir de Dieu, et quand Dieu désire quelque chose, pourquoi lui faire obstacle, puisque c’est pour notre bien ?