2008/05/08 - Homélie - Porte drapeau

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Tout comme moi, vous avez certainement entendu ce matin dans les informations qu’un jeune de 21 ans offre ses services comme porte drapeau. Ce fait me semble symptomatique. Je le comprends comme indicateur d’évolution de la société. Evidemment, personne ne va se plaindre que les guerres successives ne fournissent pas « assez » d’anciens combattants pour porter les drapeaux lors des diverses cérémonies commémoratives. Vous voyez bien que je m’écarte, tout à fait volontairement donc de manière consciente de la question de 8 mai en tant que tel. Car par delà cette commémoration qui fait date dans l’histoire du XX siècle, il me semble important de porter l’attention, comme les autres portent le drapeau, sur la transmission.


1° Qui porte le drapeau ?


L’autre jour, en préparant une célébration de funérailles  j’ai été interrogé par  les proches du défunt qui voulaient mettre sur le cercueil la tenue du sport que l’homme en question pratiquait et enseignait. J’ai donc eu à présenter la symbolique du rapport entre ceci et la vie du défunt.  Il y a deux types de situations où recouvrir le cercueil symbolise le rapport entre la vie du défunt et le tissu ainsi posé. Dans les deux cas il s’agit d’un don de soi, de la personne elle-même, au risque de la vie. Quels sont ces deux cas qui parfois ne font qu’un : quand il s’agit de défendre la vie des autres au risque de la perdre et quand il s’agit de donner sa vie en s’engageant et en engagent tout sa vie dans une vocation spécifique comme résultat de la réponse à un appel intérieur corroboré par une sorte « d’aspiration » (au sens d’un aspirateur qui aspire)  suscité de l’extérieur. Pour les funérailles la tenue de sport fut donc posé, plié à coté et mise en valeur comme une partie, au combien importante, mais n’étant qu’une partie, de la vie du défunt.

Qui porte le drapeau ou plutôt qu’est-ce ce qui enveloppe les corps de nos souvenirs au point d’étendre les drapeaux au dessus de nos têtes ?


2° Qu’est ce que le drapeau ?


Jésus dans l’évangile de Jean dit « nul ne prend ma vie, je la donne ». Parmi les auditeurs il y en a qui ont réagi en disant de lui qu’il veut se suicider. En effet, tout être normalement constitué est un « malgré lui », tout au moins à un moment donné. Ni désirer mourir au combat, ni comme martyr de la foi, n’est   considéré ni par les psi ni pas les spi comme une bonne chose, une  chose bonne. Jésus donne sa vie, et c’est dire qu’à un moment donné il a dû assumer les conséquences d’une telle décision.


3° Qui est le drapier ?


En d’autre termes, à quelle école sociale, publique et pour nous les chrétiens spirituelle, laquelle ne méconnaît pas les deux précédentes mais les intègre dans le processus de foi et donc de confiance, à quelle école sont donc  formés ceux qui font les drapeaux.

Vous avez bien compris, qu’il y s’agit du sens qui est à donner au drapeau « don de soi ». Ici je ne peux que poser la question aux chrétiens pour continuer à considérer de quel amour nous sommes enveloppés et de quelle espérance jaillit  le combat pour le bien commun, ce bien commun, cette chose publique, dont nous avons une haute idée derrière laquelle il ne nous est jamais permis de nous planquer pour avancer masqués, au risque de dévoyer le sens de la vie partagée, mais à cœur ouvert, sans naïveté, mais dans la confiance. 

Dans tous les ateliers du monde où on fabrique des drapeaux il y a de la pensée pour le sang versé et pour la vie donnée. Dans les ateliers chrétiens l’exigence est presque intenable, car il s’agit de la pensée pour tout être humain quel qu’il soit et où qu’il soit ?  Cette pensée-là invite à l’humilité et oblige à un discernement référencé à cette audacieuse confidence du Christ : « personne ne prend ma vie, je l’a donne ».