2016/06/05 - Homélie - 1ères communions

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I. Élie et Jésus ont ressuscité un enfant mort. Ils le ramènent à la vie. On a peut-être tous envie de croire que cela est  possible Croire à cela par amour pour la vie. Vie plus forte que la mort. Le croire surtout parce que nous pensons que  l'amour ne peut pas mourir. La foi chrétienne c'est  aussi cela. Les deux morts réellement revenus à la vie le sont uniquement par la puissance divine. Ils préfigurent la victoire définitive de Dieu sur la mort. La vie éternelle  n'a du sens que dans cette perspective-là.


Mais la confrontation avec la réalité est impitoyable. Elle contredit ces gestes, certes hautement prophétiques. Mais si ces retours à la vie physique ne sont que les résultats des efforts si parcimonieusement consentis par Dieu pour exprimer la compassion divine dans des situations exceptionnelles, qui aurait envie d’y croire. Ou alors, on pourrait accepter que ces sont des descriptions symboliques au sens populaire du mot. Et dans ce cas-là, rien à voir avec la réalité. Si c’est donc ainsi, ces efforts de la part de Dieu n'ont pas plus de portée de sens que ces avions cloués au sol sans avoir la possibilité de voler.


Il nous faut chercher le sens théologique. À savoir que dans ces descriptions, il s'agit de préfigurer, d'anticiper, de prendre pari sur le fait que Dieu nous donne comme horizon la vie éternelle et donc l’amour éternel,  et que cela passe par la destruction de la mort. Il nous faut donc  chercher des traces d’une telle espérance.


Nous  aurions aimé y croire. Mais pourquoi Dieu, s’il veut que nous vivions, tolère-t- il tout cela ? Les souffrances et les injustices flagrantes, massives, quotidiennes, sont telles que rien, même une confiance en la puissance de Dieu ne semble suffire.  Une sorte de découragement se profile donc à l’horizon de la vie de ceux qui cherchent la Vérité de leur vie.


En effet pour résister à un tel découragement il faut beaucoup de force surnaturelle (st Paul aux Galates). Car certes avec nos énergies vitales nous pouvons sûrement être efficaces pour rendre la vie un peu meilleure. Et il en faut à tous les ‘médecins sans frontières’ au sens universel de la générosité. Mais pour entrer dans la foi, il nous faut être  à l'écoute du cœur de Dieu et lui permettre de faire battre le nôtre au rythme du sien. Ce qu’Élie et Jésus font, car saisis de cette compassion dans laquelle ils expriment le cœur sensible de Dieu.


Ceux qui écoutent ou jouent de la techno, laissent vibrer leur cœur au rythme de la musique qui se déversent dans leur oreilles. Cette musique rejoint le battement de leur cœur et l’accélère et ce de plus en plus. Le croyant est invité à faire une expérience similaire. Avec cette différence qu’il peut permettre à Dieu de faire de miracles par amour. Et donc faire battre notre cœur au rythme de son cœur. C’est une image mais qui renvoie à une réalité. Dieu veut partager son amour avec nous. Nous sommes à l’écoute de sa parole pour le savoir et nous nous en nourrissons pour en  avoir la force nécessaire pour suivre le rythme de son cœur.


II. En vous préparant à cette première communion, vous avez je crois eu la possibilité de goûter les hosties non consacrées. C’était pour vous donner l’idée du goût naturel que ce pain peut avoir. En fait il n’en a pas, car c’est de la farine cuite sans levure ni sel ni d’autres éléments qui relèveraient le goût en excitant les papilles gustatives. Alors quand vous allez communiez tout à l’heure, le goût que vous trouverez ce sera celui qui correspondra à la disposition de votre cœur. C’est ainsi pour tous ceux qui communient depuis longtemps et découvrent la vie en Dieu.


Quand vous êtes dans joie, comme aujourd’hui, l’hostie aura donc le goût de l’offrande joyeuse, quand vous serez dans la tristesse, l’hostie aura le goût de la consolation,


Quand tu auras du chagrin, parce que ta meilleure amie déménage à l’autre bout du monde, l’hostie aura le goût d’une douce présence d’une amitié partagée grâce à Jésus qui fait le lien.


Quand tu seras en colère car l’injustice te révolte ou ton petit frère t’énerve, l’hostie aura le goût d’un fort désir de chercher la justice pour faire diminuer le malheur en toi et autour de toi.


Quand tu viendras (vous viendrez) communier avec le désir d’aider quelqu’un qui a des grandes difficultés scolaire ou relationnelles, alors l’hostie aura le goût de votre présence bienveillante à son égard.


Quand tu seras fier de toi parce que tu auras gagné pleins de médailles en championnat de natation ou en équipe de rugby, ou danse... l’hostie aura le goût de gratitude pour une belle réussite, et cette gratitude te permettra de rester humble, sans te prendre pour un super héros.


Et si par malheur tu venais à (de) communier après seulement plusieurs semaines d’absence, parce qu’il avait un obstacle que tu ne pouvais pas enlever, par exemple ton désir n’était pas encore bien fort de venir tous les dimanches, pas plus que celui de tes parents n’était  suffisant pour t’aider à t’en nourrir, l’hostie aura alors le goût d’une joie retrouvée.


Et si donc le péché grave venait obscurcir ton âme, tu viendrais demander pardon à ce Jésus source de vie et alors l’hostie aura le goût d’heureuses retrouvailles. 


Chers enfants, l’hostie aura tous ces goûts et d’autres goûts encore que vous découvrirez en progressant sur le chemin de cette intimité avec Jésus source d’amour inconditionnelle. Intimité, dans laquelle vous trouvez déjà depuis le baptême et dont vous allez vous nourrir désormais.


Aujourd’hui avec vos parents, grands-parents, parrains, marraines et tous les amis qui sont ici ou pensent à vous en ce moment, nous sommes dans la joie  pour votre fête. Fête de la rencontre avec Jésus pour ne cesser de  grandir  en sa présence et à nos côtés.  AMEN