2016/06/19 - Homélie - 12e dim. ord.

attention open in a new window ImprimerE-mail

POUR VOUS QUI SUIS-JE ?


Une question que l'on attendait dans l’Évangile, comme dans notre vie. Mais peut-être pas forcément dans ce contexte de l’Évangile, comme celui de notre vie.


Pierre répond à partir de sa propre expérience du Christ. Il le perçoit comme tel. Certes, cela lui a été donné d’en haut, comme une grâce de pouvoir le dire, parce que de déjà pouvoir le vivre. Mais il y aura des moments, où Pierre semblera l’oublier. Nous avons aussi à répondre à la question à partir de notre expérience. Quelle est l’’expérience de la présence de Jésus dans ma vie ? Comment je lui permets d’être  présent dans ma vie ? Pas comme un spectateur, mais en engageant ma vie entière avec lui. Et donc dans la joie et dans la tristesse, dans le bonheur comme dans les épreuves.


Pierre fait une déclaration d’identité profonde, dont il ne perçoit pas encore totalement la portée. Il va lui falloir voir ce Fils de Dieu à l’œuvre pour gagner en connaissance et en compréhension intime, profonde, toute spirituelle. Cette déclaration se situe dans le contexte de l’annonce de la passion du Christ. Notre réponse aussi est à situer là, à savoir dans le contexte de la logique du don total. Celui de prendre sa croix et le suive. Pour qui fait-on des choses aussi extrêmes.  Pour ceux que l'on aime.


Pour nous qui est-il donc? C’est Jésus qui nous pose aujourd’hui cette question : "Pour toi, qui suis-je ?"


Qui est ce Jésus que l’on découvre dans le cours de caté, dans la Bible, dont on célèbre la naissance puis la mort et la résurrection ? Celui qui le jour du baptême entre dans l’intimité spirituelle et humaine, celui qui devient guide et nourriture... on pourrait faire le catalogue des noms qu’on peut lui donner: Juge, Seigneur, Agneau, Époux... Tous ces noms viennent de la Bible elle-même et donc sont labellisés comme étant des appellations théologiquement contrôlées. Diverses et variées seront nos réponses, car nous ne sommes pas au même stade de notre évolution dans la foi et donc dans la compréhension de ce qu’est ce Jésus.


Jésus n’attend pas de nous des déclarations toutes faites, bien apprises au catéchisme ou que l’on pourrait  trouver sur l’Internet. Mais, il y a déclaration et déclaration. Pierre en fait une car ceci lui avait été révélé d’en haut, mais qu’il accueille dans sa propre vie. Sommes-nous en mesure de dire des choses aussi énormes en nous y identifiant ? Que faut-il pour en arriver là ? Notre désir va-t-il jusque-là ? 


Dans quel contexte somme-nous vraiment sollicités sans pouvoir y échapper? Dans le contexte de don total. Quand il n’y a plus rien à garder pour soi, aucune parcelle de son être ni surtout de ses avoirs. Il y a différentes manières de le faire. Je me souviens de cet avocat roumain rencontré à Paris qui, à l’époque du régime totalitaire, a eu l’audace de défendre au tribunal un évêque accusé de pires choses contre le régime. Par cette audace il disait qui était pour lui Jésus. Il était chemin, vérité et vie, il était  le courage de la vérité et  il était la nourriture du chemin et il était l’offrande de la vie.


Oui, Jésus attend de nous un engagement. Par cette question, il sollicite notre liberté de pouvoir dire jusqu’où je peux, chacun de nous peut aller pour le reconnaître. En répondant avec la sincérité la plus profonde et la plus pure possible, nous entrons dans une vérité avec nous-mêmes.


Et entrer dans la vérité avec soi-même c’est mobiliser toutes les ressources de notre être. C’est être engagé. La question d’identité de Jésus m’engage totalement. Je suis obligé de m’y situer. Nous sommes tous quelque part entre les réponses en demi-teinte et la déclaration du croyant comme celle de Pierre, celle qui engage totalement.


Ces réponses en demi-teinte s’apparentent souvent aux  réponses provisoires. Réponses dont nous nous accommodons par habitude, par connivence intellectuelle voir spirituelle de bon marché. Réponses dont nous nous accommodons aussi par paraisse. Mais aussi par la peur d’être pris de vertige devant un gouffre de mystère dont  une fois entrevu, on ne pourra pas s’en défaire.


La conversion de Paul avec sa radicalité de transformation de la vie plane de son ombre sur nos vies. Jésus par cette question, me révèle ma capacité à m’ouvrir  à lui  dans la totalité de ma vie. Donc Jésus est un don total, et c’est bien autre chose que de le voir uniquement comme guide philosophique, voir spirituel ou moral.

 
Si Jésus pose cette question,  c’est pour que nous puissions nous en nourrir. Il est le Sauveur, il est le Seigneur. Et cela nous oblige à changer des choses en nous. Il peut être consulté pour savoir comment nous comporter pour faire de bons choix dans la vie. Il devient le bien aimé de nos âmes. 


Si de tout mon cœur je crois que Jésus est le sauveur qui me tire de l’abime du mal, le Seigneur qui me conduit, l’ami intime qui restera toujours fidèle, alors ma vie change radicalement.


« Seigneur, je veux commencer à te ressembler dès aujourd’hui et je te laisse entrer dans mon cœur pour y venir faire cette œuvre de salut et de transformation ».  AMEN