2016/11/12 - Homélie - 33e dim. ord.

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Messe des fiancés

Nous sommes à la fin de l’année liturgique. Dimanche prochain la grande fête du Christ Roi pour clore l’année, puis ce sera l’Avent et Noël. Ces dernières semaines, les lectures  de la Bible portent sur la manière dont les chrétiens ont à aborder la fin d’un cycle, fin de l’année, fin d’une vie sur terre, la fin du monde. 

Pour la fin de l’année c’est relativement facile. Quelques questions suffisent.  Comment ai-je été durant l’année qui se termine ? Quels événements  marquants  ont eu lieu durant les 12 derniers mois. Sûrement les fiançailles, la décision d’engager sa vie aux côtés de l’autre, lui, elle. Mais peut-être aussi, le changement de travail, d’habitation, ou encore un deuil. Les tristesses et les joies l’ont surement émaillé. Quel est le bilan moral, financier, comme dans les  Assemblées Générales des associations avec le quitus donné par nous-même et ou nos partenaires ? Dans ce moment de silence qui va suivre, laissons  accueillir ce qui vient en termes du bilan de l’année.  

Pause, silence

Pour ce qui est de la fin de notre vie sur terre, vous les fiancés, vous n’avez pas vraiment à vous situer dans cette perspective. Bien au contraire, vous êtes ici pour signifier la construction d’une vie sur terre. Même si cela ne semble pas nous concerner directement, il y a plus de dix jours, le lendemain de la Toussaint, nous avons commémoré nos fidèles défunts, nos chers disparus. Nous avons commémoré les disparus de nos regards,  mais dont la mémoire est portée comme une blessure, tellement des choses semble laissées en plan, inachevées, alors que nous aurions voulu que…. Comment avons-nous fait mémoire d’eux à cette occasion et comment nous le faisons d’ordinaire ?  Et c’est bien plus que le besoin éventuel de nous réconcilier avec eux et  avec notre passé. Si nous avons à le faire c’est surtout pour être en lien vital avec tous les facteurs de notre vie, avec toutes les composantes de notre existence.  

Dans ce moment de silence qui va suivre, entourons-les de notre tendresse et entourons aussi notre mémoire d’eux d’une bienveillance à notre propre égard. 

Pause, silence

Pour ce qui est de la fin du monde, nous avons entendu les mises en gardes de Jésus lui-même et de Paul dans la deuxième lecture, alors que la première lecture en fait écho d’une autre façon. Commençons par la prophétie  de la première lecture: « Voici que vient le jour du Seigneur, bruant comme la fournaise. Tous les arrogants, tous ceux qui commettent l’impiété, seront comme de la paille » (Malachie3,19-20a) Deux enseignement sont à tirer de là. 

Premièrement, que le monde n’est pas laissé selon les lois des plus forts qui sont qualifiés d’arrogants, car il y a une justice que Dieu garantit par sa Parole qui est agissante. Mais, tous ces arrogants, comment pourront-ils entendre la Parole de Dieu ? Ces arrogants sont des impies, ce qui veut dire infidèles, et par conséquent ceux qui ne écoutent même pas la Parole de Dieu, et encore moins l’entendent. 

 La responsabilité des prophètes, de ceux qui parlent au nom de Dieu est ainsi engagée ; dire à temps et à contre temps, mais dire pour qu’un jour cela soit enfin entendu.    

Deuxièmement, cette justice, ce sont les impies qui ont à la craindre. Alors que les fidèles, ceux qui craignent Dieu, au sens de respecter par amour de Dieu sa Loi, non seulement, ils n’ont pas à craindre la justice de Dieu, mais ils bénéficieront de la guérison que Dieu va leur apporter. La différence entre les uns et les autres c’est comme entre les maladies incurables et celles dont on peut guérir.  Et donc si  les justes bénéficieront de la guérison, cela veut dire qu’ils en ont tout de même besoin, eux aussi. De fait, tous, nous sommes touchés par les effets du péché originel et donc la guérison, nous en avons tous besoin. C’est ce que nous exprimons par exemple en début de chaque messe dans ce que nous appelons le Confiteor ou l’acte pénitentiel. 

Comment permettons-nous à Dieu d’agir en nous ? Comment lui permettons-nous  de nous guérir ? Et si d’aventure, nous étions dans l’impiété, c’est-à-dire dans le refus délibéré de la Loi de Dieu par le choix de l’injustice et de l’oppression des faibles, comment, la Parole de Dieu qui nous est aujourd’hui adressée, l’accueillons-nous ? 

Pause, silence

Dans l’Evangile, Jésus nous mets en garde devant les faux prophètes. C’est si facile de nous faire peur en brandissant la menace de la fin du monde. C’est si facile de se laisser égarer du droit chemin qu’est celui de la foi, c’est-à-dire de la confiance partagée. « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer » (Luc21,5-19) 

Et Paul reprend ce même thème en ajoutant que, non seulement, il ne faut pas se laisser entrainer par les idées sur la fin du monde imminent, mais en plus, il faire  travailler sur cette terre pour gagner sa vie dans l’attente du retour glorieux du Christ, Roi de l’univers. 

Certes, à notre époque, nous avons les moyens de faire exploser la planète terre. Ce serait surement la fin de notre monde, mais est-ce synonyme avec la fin du monde au sens cosmique du terme ? Après  tout, si nous sommes capables de nous détruire nous-mêmes, est-ce pour autant la décision de Dieu qui comme nous le croyons un jour fermera le cours du temps et de l’histoire ? Nous avons le pouvoir de nous détruire, cependant nous n’avons pas le pouvoir de décider de la fin de la création à la place de Dieu.  

Dans quelle mesure je prends soin de la planète terre et de l’univers,  de la création qui est le lieu où Dieu nous a donné à vivre et à grandir en sa présence pour l’acclamer. Lui, Dieu, qui ‘vient pour gouverner la terre, pour gouverner le monde avec justice et les peuples avec droiture » (Ps97) ? 

Comment je me sens responsable de l’autre qui m’est confié comme partenaire de la vie ? Comment, ensemble, comme nous le sommes ce soir, nous envisageons de vivre dans une écologie ? C’est-à-dire dans le respect de la nature  aussi bien autour de nous, celle de la planète-terre, que celle, de nature humaine de notre esprit et de notre corps ; les trois aspirants à être  au service de Dieu, ce bien suprême qui dépasse tout, mais qui permet d’apprécier à sa juste valeur le bonheur d’être Vivants, maintenant et dans les siècles des siècles. AMEN