2018/06/03 - Homélie - Fête-Dieu

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La fête du Très Saint Sacrement. Sacrement de l’eucharistie. Du corps et du sang du Christ.

Dimanche dernier nous avons médité sur l’amour de Dieu qui se révèle et se donne sous trois différents aspects. Père qui crée et accompagne, Fils qui sauve (recrée) et accompagne et Esprit qui donne à vivre de tout cela. 

Aujourd’hui, nous sommes invités à nous pencher sur cet amour infini de Dieu qui se  donne en nourriture. Les lectures de ce dimanche ont toutes en commun l’évocation du sang. Comme si l’accent était délibérément mis sur cet aspect de la vie liée au sang. Le sang est considéré dans la Bible comme le lieu de la vie. 

D’où par exemple l’interdit pour le juif d’en manger sous toutes les formes. C’est peut-être aussi pour cette raison qu’on a en France et ailleurs  inventé le boudin blanc.

Mais on utilisait aussi le sang comme signe de l’alliance entre Dieu et le peuple (Abraham, Moïse). Et pour rappeler cette alliance le grand prêtre la célébrait une fois l’an dans  le temple de Jérusalem. À cette occasion le prêtre aspergeait de sang l’autel. Il le faisait en signe de purification du peuple, en signe du pardon des péchés. 

À notre époque et dans notre culture occidentale, nous sommes bien loin de cette ancienne tradition qui consistait à se faire asperger par le sang  en signe de purification. 


Nous les chrétiens, nous nous faisons asperger par l’eau qui rappelle le baptême et réactive ses effets. Mais nous sommes baptisés dans l’eau en lien avec le don de la vie de Jésus. Donc en lien avec son sang versé sur la Croix. Par le geste de l’eau, le baptême signifie cette plongée dans la vie de Jésus-Christ, sa mort et sa résurrection. 

A chaque messe nous participons à ce mémorial de l’offrande sur la Croix. Mémorial veut dire deux choses : se souvenir d’un événement passé (comme par ex. le 11 novembre) et en vivre aujourd'hui. Pour le mémorial de la messe le fait d’en vivre aujourd'hui n’est pas seulement lié au souvenir de plus en plus lointain réactivé dans la mémoire du passé. Pour la messe le mémorial veut dire réactiver non seulement le souvenir, mais rejoindre l’événement lui-même. Réellement le Christ sauveur se rend présent aux yeux de la foi comme celui qui donne sa vie sur la croix et la partage par la puissance de la résurrection. 

Nous venons à la messe pour nous nourrir de cet acte d’amour parfait. Le corps livré et le sang versé. Normalement pour constater la vie, il faut que le sang circule dans le corps. Et moins on voit le sang mieux on se porte. 

Mais il y a tant de situations où le sang est versé au cours de tant de drames humains (guerre, meurtre, accident mortel ou pas). Jésus qui a livré son sang pour nous, mystérieusement rejoint toutes les effusions de sang, pas seulement celles des martyrs, témoins de la foi et de l’attachement à ce Christ. Par sons sang Christ purifie toutes les vies, toutes les consciences entachées par le péché  contre la vie, contre Dieu, contre nous-même et notre prochain. 

Nous les chrétiens, nous avons cette chance de pouvoir de nous laisser purifier par une telle effusion du sang du Christ sauveur sur la Croix. 

Lorsque nous communion au corps livré, et physiquement ou par l’intermédiaire du prêtre, au calice et donc au sang du Christ, c’est une nourriture qui va par notre corps jusqu'à l’âme. Cet aliment du ciel est absorbé physiquement et spirituellement par les deux, le corps et l’âme. Toute notre vie est ainsi purifiée et régénérée, alimentée par la force de la grâce de vie. C’est une sorte de transfusion qui s’opère lorsque nous communions. Grâce à une telle transfusion nous devenons de plus en plus conformes  à l’image de Dieu en nous-même. 


Avons-nous cette faim et soif de la nourriture qui nous permet d’accéder de plus en plus à ce que Dieu désire pour nous ? 

Certes, cette transformation ne se fait pas à l’instantané. Sauf quelques rares exceptions comme Saint Paul, mais qui n’était pas dispensé de tout un travail spirituel et intellectuel durant plusieurs années  pour l’accueillir. 

Donc patiemment, nous avons à accueillir cette invitation que Dieu nous offre au début de la messe pour nous laisser transformer  en offrande à sa gloire. Nous laisser transformer en une offrande à sa gloire, cela prend du temps pour le comprendre et l’accueillir, et cela prend du temps pour en porter du fruit. Toute une vie pour avancer grâce à chaque messe et chaque communion. Toute une vie et pour ne pas perdre de temps, commençons dès aujourd'hui, si cela n’est pas encore le cas, de nous laisser consciemment et en confiance transformer par un tel aliment, une telle promesse de vie. AMEN