2019/01/27 - Homélie - Vœux

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Introduction


Eminence, it is a great honor for the French speaking community to see you again, as it was in the past when you presided the mass in the cathedral. As our ordinary bishop Michael Yeung passed away a few weeks ago, you are becoming the apostolic administrator for the diocese waiting for the appointment of the new bishop to lead the diocese. You are also in charge of the foreign catholic communities on behalf of the diocese of Hong Kong. Thanks be to God for you pastoral e care of us. Merci à tous les invités représentants les diverses institutions et organismes francophones ou pas, existants sur Hong Kong et en lien d’une manière ou d’une autre avec la communauté catholique francophone de Hong Kong


Homélie


Les lectures d'aujourd'hui nous introduisent dans la compréhension de ce qu’est une communauté chrétienne. Ce n’est pas seulement réservé aux théologiens d’y réfléchir et méditer. C’est aussi notre devoir de chrétiens de savoir qui nous sommes. Nous sommes ce peuple de Dieu rassemblé en communauté. Ensemble, nous sommes le corps du Christ. Et chacun de nous  est un membre de ce corps. Christ nous convie, Christ nous transforme par sa présence. 


Toute communauté chrétienne est composée des trois éléments indispensables. Le premier est celui de la Parole de Dieu. Une communauté est vivante avant tout parce qu’elle se laisse nourrir par une telle Parole. Les juifs au retour de l’exil ont fait cette expérience en choisissant délibérant de refonder leur vie de foi sur la Parole de Dieu. Les murs et le toit nécessaire pour reconstruire le temple, cela viendra plus tard (exemple de Cergy). Si l’édifice où se rassembler et rendre le culte est utile, voire nécessaire, la Parole de Dieu au cœur de la communauté est indispensable. Sans elle, la communauté perd de sa vitalité, se fane et finit par dévier de sa mission qui est celle de célébrer l’amour de Dieu pour chacun de nous et l’humanité entière. 


Comment nous nous nourrissons donc, comment nous y prêtons attention : par la lecture et méditation communautaire et personnelle, par la participation au groupe biblique ou à l’équipe liturgique où la méditation de la parole de Dieu est au centre à et à la base de la préparation d’’une messe de dimanche (Samuel et Benoit)...


Le deuxième élément indispensable pour une communauté est la place du Christ dans cette parole. L’évangile d'aujourd'hui nous rappelle que c’est Jésus, comme autrefois dans la synagogue, qui aujourd'hui encore proclame la parole de Dieu. Le lecteur lui prête sa voix, en lisant le texte sans regarder l’assemblée. C’est Jésus lui-même qui constate que cette parole est performante, efficace. Il s’identifie avec elle, il habite cette Parole. En contact avec un tel Jésus, on est riche et libre, et cela produit comme effet joie et paix (cf. I lecture) Jésus incarne la Parole qui donne vie jusqu'à la vie éternelle. Cette Parole prend corps dans son corps et par son corps dans nos corps.


Par lui, la communauté d’Eglise prend forme de son corps. Nous voici dans le troisième élément. Celui de la présence du corps du Christ dans la vie de notre communauté. Plusieurs conséquences en découlent. St Paul en parle dans la deuxième lecture. Tout d’abord chaque membre est indispensable, chacun est important, le manque d’un seul indispose le corps entier (il suffit de penser au mal de tête ou de dent) Puis, c’est dans l’égalité de dignité qu’il y a à comprendre l’inégalité de fonction.  


Pour résumer, la parole de Dieu est incarnée dans Jésus-Christ qui est notre fondation, raison de croire, d’espérer et d’agir, nous sommes membre de son corps avec les droits et devoirs qui découlent d’une telle incroyable dignité. 


Vœux


En cette début de l’année 2019 selon le calendrier solaire et à presque à la veille de la Nouvelle année chinoise suivant le calendrier lunaire, voici les vœux formulés en mon nom personnel en tant qu’aumônier de la communauté catholique francophone de Hong Kong. La fin de l’année dernière et cela perdure, a été marquée  en France par le mouvement de contestation, désormais connu sous le nom des gilets jaunes. C’est l’expression d’un malaise évident, et il n’y a rien d’étonnant à cela dans un pays démocratique. 


Comment la foi chrétienne peut-elle aider à comprendre ce mouvement et accompagner le dialogue dans le respect des libertés fondamentales et du bien commun ? C’est un défi qui se profile à l’horizon de la vie de l’Eglise catholique en France. « Il va de notre capacité collective d’espérer et de bâtir l’avenir » c’est ainsi que les évêques de France formulent le défi. Ils invitent aussi à réfléchir entre autre à la question de savoir «quel bien commun recherché ensemble permet de fédérer nos concitoyens et les tourner vers l’avenir ? » Quel projet pour un pays d’une si grande tradition chrétienne et civilisationnelle ?


Nous qui sommes ici, à Hong Kong, en Asie, il nous arrive de regarder ce qui se passe en France avec nos yeux de Français de l’étranger, quoi de plus normal à cela. Le degré de notre identification varie, mais la dimension planétaire n’échappe à personne et concerne tous les secteurs de l’activité humaine. Comment pouvons-nous prendre part dans un dialogue constructif ? Il est évident que les situations de crise socio-économico-politique sont propices à un certain réveil collectif de consciences de ce qu’est la vie, quel est le sens de la vie et comment garder le cap et tête froide dans les moments pareils.


Dès le début de son pontificat, le pape François invita les chrétiens, catholiques pour le moins, à sortir à la périphérie de l’Eglise pour rejoindre l’hôpital de campagne. Avec le mouvement de gilets jaunes, cette périphérie se trouve sur les rond-points. Quel sont les rond-points d’une telle périphérie de l’Église ici à Hong Kong. Ils sont surement bien nombreux ; à nous de les trouver et en faire un lieu de dialogue et de fraternité. Nombreux déjà  y sont ceux qui écoutent et soutiennent les frères en humanité qui aujourd’hui sont faibles. Je nous souhaite, de pouvoir y être chacun avec le meilleur de nous-même, et nous les chrétiens fort de la vertu d’espérance. 


Pour cela nous avons besoin de chercher à consolider ce qui est bon et juste aux yeux de Dieu déjà bien présent en nous. Mais cela se fait au prix de la sortie de la paresse spirituelle (acédie) qui nous guette tous, qui nous envahit et paralyse notre bon désir de nous élever pour chercher notre bonheur personnel à partir et en présence du bien commun que présente l’univers notre planète et notre vie. C’est ce que préconisent certains analystes français cherchant à réveiller la vertu de courage. Pour nous les chrétiens le courage est un don spirituel qui permet à la volonté d’agir bien au-delà du périmètre de l’unique protection des besoins immédiats et intérêts propres. 


Que cette année 2019 soit pour nous à Hong Kong comme en France et partout ailleurs, pleine de belles surprises que seulement l’amour humain, et pour nous les chrétiens, divinement inspiré et soutenu, peut accueillir dans la joie et la paix. AMEN