2019/11/10 - Homélie - 32e dim. ord.

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Les lectures d'aujourd'hui placent la foi en la résurrection au centre. De cette foi nombreux sont ceux qui ont témoigné et parfois jusqu'au sang (première lecture). Alors que l'Évangile relate un débat, une situation bien plus confortable en apparence. Et probablement plus proche de ce que nous pouvons vivre. Alors qu'en est-il de la foi en la résurrection chez nous? Nous pouvons y répondre dans l'intimité de nos convictions, oui, peut-être,  non. Ce débat interne, l'Évangile nous donne à le nourrir de façon bien concrète.


Pour éprouver la foi de Jésus on lui pose la question sur le mariage. De qui sera-t-elle  l'épouse ? Au ciel on ne se marie pas, car on est déjà ‘marié’ avec Dieu. Ce qui compte c’est la relation à Dieu. Déjà sur terre le mariage entre un homme et une femme s'inscrit dans le désir de Dieu de  continuer son œuvre de création. Ceux qui ne se marient pas -car jugés dignes d’avoir part au monde à venir- ils sont les enfants de la résurrection. Le célibat de prêtres et de religieux-ses, et même celui des baptisés non mariés s’inscrit  dedans.


Cette manière d'aborder la question de la vie éternelle par le biais de la résurrection et du célibat n’est pas  anecdotique. La foi en la  résurrection de la chair place au centre la question de notre corps. C'est la vision anthropologique, vison chrétienne qui est en jeu. Homme et femme, Il les créa, nous sommes sauvés en entiers, dans notre corps. Et c’est dans notre corps que nous  vivons notre foi en la vie éternelle, en la résurrection. 


Depuis plusieurs siècles nous sommes dans un changement de civilisation. Mais depuis quelques années nous sommes dans un virage où ce changement semble s’accélérer considérablement.. De chrétienne, nous entrons á grands pas dans une civilisation païenne. Le vecteur de ce changement est le domaine sexuel. Ce qui touche au corps de la façon la plus intime, mais la plus forte aussi. Le débat sur LGBT se transforme en loi obligatoire pour tous. Aux États-Unis la conscience chrétienne à ce sujet s'est effondrée il y a seulement quelques années. Du respect pour la différence, oui!


La vision  chrétienne de l'homme met au centre le respect du corps humain, car considéré comme temple de l'Esprit. Ceci s'oppose radicalement à voir le corps comme source de plaisir seul dicté par l’eros. Or, nous sommes appelés à vivre dans l'agapé qui est amour-don pour l'autre. A l’image de la Trinité de Roublev. Avec toute l'attention à porter à chaque être humain, peu  importe sa situation particulière, nous avons à garder à l'esprit cette agapé comme moyen et but ultime.


Quand Paul demande de prier pour échapper aux gens qui n'ont pas la foi, c’est qu’il connaît leur influence sur les croyants et cela n'a pas changé jusqu'à notre époque.  Méditant sur la résurrection de la chair, nous avons à approfondir notre vision chrétienne de ce qu’est l'homme dans le dessein de Dieu. C'est la seule manière d'échapper à l'emprise de l'enfermement dans une vision étriquée. C'est la seule manière de vivre pleinement heureux dès notre vie sur terre.   Amen.