2020/02/23 - Homélie - 6e dim. ord. dans une période sans messe publique

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Être saint comme Dieu est saint. 


“Il vous a été dit, je vous dis”. Il y a une semaine, nous avons déjà médité sur cette partie de l’évangile. Ce passage fait partie du sermon sur la montagne, c’est un discours programme.  Jésus y procède au relèvement de la compréhension du message biblique. Jésus est le seul capable de le faire, car il est à la fois Dieu et Homme.  Il sait qu’avant Lui  certaines règles ne pouvaient pas être clairement posées à cause de la faiblesse humaine. Mais avant tout, il apporte une interprétation nouvelle, celle qui est totalement nourrie de l’amour de Dieu pour l’homme. C’est un appel à être saint. 


Saint veut dire aimer jusqu’au pire ennemi à qui on a envie de casser la figure. Oeil pour oeil et dent pour dent est déjà un progrès, mais il faut aller plus loin. L’interdit de la vengeance ne suffit pas, il ne servirait à rien tant qu’il n’est pas accompagné, voire surpassé par l’amour véritable. 


Haïr l’ennemi dans l’AT voulait dire ne pas pactiser avec le mal, c’est une aversion total pour le mal qui est en eux.  En ce sens, ces sont avant tout les ennemis de Dieu. 


Le disciple a à demeurer saint, rempli de l’amour divin. Sinon il risquerait de passer sa vie à traquer le mal qui est surtout chez l’autre et ne pas voir la poutre qui est dans son oeil. Ce serait donc un “saint triste”, triste du point de vue de Dieu.  Le saint triste, c’est un triste saint, c’est comme pour la haine, le premier triste dans l’histoire c’est Dieu lui-même. Car le manque de sainteté l’attriste dans son coeur miséricordieux, puisque sa miséricorde ne peut alors pas s’exprimer à nouveau dans le pardon.  


Et c’est ainsi chaque fois quand nous préférons nos joies humaines aux joies spirituelles. Ces dernières sont le résultat de l’intimité avec Jésus qui est au centre de nos vies. Nous nous exerçons à cette intimité par la prière et au combien plus par l’eucharistie. Elle nous aide à vivre en couple, en famille, dans le travail, partout, car nous savons que nous avons quelqu’un sur qui nous reposer. 


Mais si cela n’est pas le cas, ne désespérons pas. Un tel absolu, inatteignable pour nous aujourd’hui, peut comme pour d’autres devenir  l'horizon de nos vies.  Et nous serons sur le chemin de sainteté de façon assumée, en communauté. 


C’est ce que nous sommes en train d'expérimenter dans ces temps troublés à cause du virus.  Combien de signes de sainteté en marche se sont rendus perceptibles dans ce changement du mode opératoire de la vie de la CCFHK et dans la société hongkongaise.   D’un côté, nous passons désormais plus de temps avec ceux avec qui nous sommes au quotidien. De l'autre,  nous sommes séparés géographiquement avec tant d’autres.


Mais alors les moyens de communication à distance participent aussi à cette révélation. Ce que je vis depuis plus de deux semaines le montre bien, comme par exemple avec la participation à la prière des mères depuis ma chambre,  une première, et une vraie communion.  


Jésus nous apprend comment être saint, dans le concret de la vie, car les saints, comme disait M. Delbrêl, “ont le coeur liquide, mais pas les pieds”.  AMEN