2020/03/01 - Homélie - 1er dim. de Carême

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Les anges le servaient


L’évangile d'aujourd'hui, nous le connaissons bien.  C’est la scène de la tentation de Jésus au désert.  Jésus expérimente le Mal  dans sa chair.  Bien que physiquement affaibli par  40 jours de jeûne, cela  lui sert à se décentrer de lui-même en tant qu’homme pour être plus spécialement ouvert à la puissance de la volonté de son Père. 


Sa volonté humaine est totalement imbibée de la volonté spirituelle.  Renforcé par  la prière très intense  dans cette période-là, il est préparé pour le combat. 


C’est ainsi qu’il devient victorieux des tentations qui résument sa vie. C’est un archétype (par-delà de toute question de l'historicisme de cet événement) de toutes les tentations auxquelles il a été soumis durant sa vie.  C’est ainsi qu’il rejoint toutes les tentations de notre vie, à nous les humains, ses frères. 


Dieu n’est pas l’auteur de tentations, mais il les permet. Si seul Satan tente, c’est Dieu qui éprouve ainsi la solidité de la foi grâce à laquelle la résistance au mal s’exerce. Et nous en savons quelque chose sur cette faiblesse de la résistance au mal. 


Tous les scandals qui secouent l’Eglise ces derniers temps sur les abus sexuels et d’autres  en témoignent. Et par-delà le problème  de pathologie médicalement constatable, c’est la question de notre sensibilité collective dans l’Eglise qui est en jeu. Et la capacité à dénoncer un mal lorsqu'il se manifeste quelque part. 


C'est comme avec le virus qui parcourt maintenant  la planète  entière. Chaque cas c'est un cas de trop.  Car le mal fait chez une personne empoisonne tout l’entourage. C’est de notre responsabilité collective, aux dimensions de l'Église pour l'humanité entière qu’il est question.  


Les dernières révélations sur le fondateur de l’Arche, Jean Vanier le prouvent. L’influence d’un dominicain qui était aussi frère du fondateur de la communauté Saint Jean  fait qu’une commission théologique a été créée pour évaluer à la lumière de ces dernières révélations la valeur  théologique et spirituel de ses écrits. 


Les tentations auxquelles nous pouvons être soumis, sont de natures diverses et variées. Mais elles  sont toujours-là, et elles sont d'autant plus grandes, qu’elles paraissent anodines.  La tentation de vengeance par si, la tentation de malfaisance par là, la parole et les actes  y prêtant le flanc, car la pensée est déjà mauvaise. Se laisser séduire semble si facile, les premiers parents l’ont expérimenté. 

D'où la nécessité de savoir détecter le mensonge. C’est seulement dans une attitude d’humilité spirituelle car pour des raisons reliées à Dieu qu'un travail de détection de mensonge  et de la lutte contre le mal peut s’effectuer. 


Le carême c’est le temps du travail de Dieu en nous pour faire de nous cet homme nouveau dont parle st Paul. Cela passe par le changement du coeur. Le Christ, ce nouvel Adam, nous montre le chemin. Et son chemin passe par l’affrontement du mal sous ses diverses formes. Il nous y invite, il nous y accompagne. 


Les anges le servaient pour signifier que le paradis perdu était retrouvé. Et puisque ils le servaient, ils nous servent aussi, et cela devient manifeste à chaque fois que nous remportons une victoire sur le mal. Les confessionnaux en regorgent. C’est le paradis qui ne dure que quelques instants, le temps d’action de grâce jusqu’au prochain combat. 


Plein d’espérance, et dans la joie qui se profile derrière chaque combat gagné, avançons sur le chemin du carême, cette quarantaine qui nous met au pas de Dieu qui avance avec nous. Amen.