2020/06/20 - Homélie - Peur et crainte de Dieu.

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Les lectures d'aujourd'hui sont  concentrées sur le thème du rapport entre le corps et la foi en la vie éternelle. “Craignez celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps.” 


La peur de l’enfer au moyen âge était tellement forte que cela a donné lieu à tous les excès. A la faveur de cette peur se sont développées des spiritualités douteuses visant à méconnaître le corps, au profit de l’âme seule qu’il y avait à sauver. Encore dans la première moitié du XX siècle n’a-t-on pas chanté : Je n’ai qu’une âme à sauver”?


Craignez plutôt… pourquoi craindre Dieu, surtout s’il est considéré tout amour, toute paix comme l’on nous enseigne par ailleurs. C’est vrai qu'il est ainsi, mais ce n’est  pas suffisant pour comprendre la présence de Dieu dans nos vies. 


La crainte concerne d’abord la grandeur de Dieu. On craint le mystère qui nous dépasse. C’est une manière de ne pas le prendre pour un familier, comme on le fait avec des copains. De peur de le réduire à nos désirs et le soumettre à notre volonté ce qui s’appelle l'idolâtrie.  


Mais il y a mieux: on le craint par peur de transgresser sa loi qui est une loi de vie éternelle. C’est une heureuse retenue par amour in fine. Jésus réveille cela dans sa vie. Lui qui a expérimenté que respecter la loi de Dieu, c’est à dire  faire sa volonté, n’est pas toujours facile. Gethsémani le prouve.


Jérémie l’avait expérimenté avant, et nous l’expérimentons aussi. La crainte  est un de ces coups de pousse pour avancer dans la bonne direction. Même si parfois on serait tenté d’aller ailleurs, synonyme de fuite. 


La peur de perdre la vie éternelle faisait que l’on s'exerçait dans le bien pour faire tout cela par amour, amour de nous même, alors que l’amour de Dieu vient souvent peu  à peu après. 


Jésus nous parle de la géhenne pour prendre au sérieux cette éventualité de perdre la vie éternelle. 


Mais il ne s’arrête pas là, il nous demande de lever les yeux pour voir comment Dieu prend soin de toute la création. Il nous dit que nous valons bien plus que tous les oiseaux du ciel. Nous ne sommes plus soumis au diktat de la mort éternelle qui était conséquence du péché. 


Cette pandémie déclenchée par Adam et sa désobéissance est enrayée par le Christ, par sa victoire sur la mort.  Donc si l’on vit au quotidien cette présence divine  victorieuse de la mort, pas de raison d’avoir peur. On pourrait alors penser que tout va bien, mais en fait pas tout à fait. 


Car  il y a encore plus. Jésus  encourage positivement d’aller porter aux autres la bonne nouvelle. Sauf que les obstacles sont nombreux, le risque d’endurer les insultes, voir l’hostilité et le rejet est grand. Et cela suscite la peur, la peur d'être persécuté. Notre grand désir d'être l’intime du Christ est alors fortement contrarié. 


Et alors, quoi faire? 

Pleurer amèrement sur notre péché, se convertir et ainsi raffermir les frères et les soeurs dans la foi. La conversion d’un membre faire augmenter la foi et l'espérance de toute la communauté.  C’est ainsi que l’on est missionnaire.


Pour résumer:

-la peur de Dieu, non, sauf la crainte au sens d’une amoureuse retenue. 

-la peur de l’ennemi, non, mais du mal qu’il véhicule, oui. 

-la peur de perdre son âme, oui. 

-la peur de la conversion, souvent si bien enracinée, elle est à dépasser par les moyens d'encouragement et de prise de conscience.  


Car la liberté ainsi obtenue est plus forte que l'enfermement dans lequel l’on se laisser murer. La géhenne ce n’est pas pour nous qui portons l’espérance de vie éternelle, elle n’est pour personne à qui la souhaiter. AMEN