2009/09/17 - Homélie - Funérailles de Mr Malgazou

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Choquante est la mort, choquante est la souffrance, choquantes aussi peuvent paraître les paroles chantées à l’instant avant la proclamation de l’Evangile et celles de l’Evangile même : comment en effet chanter Alléluia et comment entendre Heureux... !?  Si nous sommes si nombreux ici dans cette église cela prouve à quel point nous sommes nombreux à être touchés par son départ à lui , Michel , et choquante serait alors notre attitude si nous restions figés en étant choqués par ce qui lui est arrivé. Car en effet, nous sommes toujours très touchés par le départ de nos proches, cela provoque tant de troubles de vision, de raisonnement, de sentiments où  l'inacceptable se heurte à l'évidence. La réalité de la mort s’impose, mais elle nous interpelle. Pour nous chrétiens,  elle est un passage, douloureux car la foi n’enlève pas la  cruauté de la séparation, mais la foi la transcende, la replace sur un autre terrain,  celui de l’espérance. L'espérance en la vie éternelle qui fonde la vie du chrétien et ne cesse de l'alimenter au travers de la résurrection de Jésus Christ sauveur.

 

Comment comprendre ces paroles de st St Paul : « la mort ... engloutie dans la victoire », sinon à la lumière d’une telle espérance ? Quelle est donc cette victoire, pour qu’elle engloutisse la mort ? La victoire est certainement supérieure à la mort, car sinon, elle n’aurait pas pu engloutir la mort.

 

Pour continuer cette réflexion je me réfère à son métier, à lui , Michel. En bon jardiner paysagiste qu’il était, il savait que la beauté des fleurs et des plantes dépendait en très grande partie du terreau dans lequel ils étaient plantés. La mort, la souffrance, tout ce qui est hideux, pas beau, devient le lieu  de vie lorsque ceci est enfoui, englouti par ce qui devait apparaître comme vie. Et c'est dans une telle vie que le beau est aussi bon, et nous les chrétiens nous nous efforçons de ne jamais séparer le beau du bon, L’un va vers l’autre, mais parfois le chemin qui y mène est long et sinueux. Comprenons-nous bien, le beau n’est pas là pour maquiller la mort ni apporter quelques soins palliatifs à la souffrance qui la précède et  / ou lui succède.  La souffrance résulte de la mémoire de quelque chose qui était harmonieux et bon, mais qui ne l’est plus lorsque celle-ci se manifeste. Mais c’est sur ce terreau que peut s’enraciner la vraie vie.

 

Les souvenirs multiples de Michel, telles  les images que chacun de vous garde en mémoire et dont parlait le frère Gabriel, son cousin, concourent à retrouver en lui cette image parfaite que Dieu met en chacun de nous. C’est notre foi, à nous les chrétiens, et ceux qui ne partagent pas cette même espérance qu’ils se sentent entièrement libres dans leur façon d’accueillir Michel dans leur mémoire. Nous, les chrétiens portons dans notre façon d’être la leur sans pour autant l’abîmer ou amoindrir dans ce qu’elle est comme expression de leur lien avec Michel et par lui avec l’humanité entière. Car ce qui nous est  commun, aux croyants et ceux qui ne se reconnaissent pas dans ce qu’ils pensent percevoir chez les premiers, c’est notre condition humaine commune et les circonstances, comme celle d’aujourd’hui sont le lieu même de fraternité. Nous chrétiens,  nous la portons, cette fraternité, comme étant l'expression de l’espérance et le constat même du bien fondé d’une telle espérance, alors même que la mort est engloutie dans la victoire. Car par une telle fraternité, il  y a de la victoire.

 

Il y a de la victoire dans sa vie par le travail accompli par lui et par tous ceux qui étaient en lien avec lui. Cette victoire, aujourd’hui prend forme de méditation et, forcement, de tristesse aussi, mais médiation aussi parce que, même dans la tristesse, celle-ci  apporte  du fruit avec les yeux qui parlent avec des larmes et le coeur qui parle avec des yeux. 

 

« Heureux les artisans de paix »  Heureux qui, les artisans !  Etre artisan de la paix, c’est la susciter là même où elle a du mal à s’établir, c’est la soutenir là où elle est faible, Quelle paix, pour nous les chrétiens c’est la paix de Dieu en Jésus Christ ! Cette paix-là est la source de tant d’autres paix dont certains, sans être vraiment apaisant, apportent au coeur même de la responsabilité devant la vie, devant les autres, devant soi-même la sérénité que rien ne pourra ravir. Heureux qui reçoit une telle paix, car c’est dans la plénitude de   la vie de Dieu qu' il la reçoit. Heureux aujourd’hui et pour l’éternité Michel que nous confions à une telle paix.