2009/11/11 - Homélie - Pour que les murs ne nous tombent pas sur la tête

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Pour que les murs ne  nous tombent pas  sur la tête.  
Petit devant des grands murs.

I. Petits devant une grande tâche.  


Nous venons d’entendre les lectures prévues pour la fête de la St Martin. Leur contenu tombe dans nos oreilles tel quel. Dans le livre de la Sagesse  6, 1-11 :
-« Ecoutez donc ô rois et comprenez, soyez attentifs vous qui commandez aux foules »
-    Puis « un jugement implacable s’exerce sur les grands : le petit obtient le pardon et la miséricorde, mais les puissants seront jugés avec puissance »
-    Et pour terminer le choix de références : « les puissants seront soumis à une enquête rigoureuse »

Comme quoi cela ne date pas d’aujourd’hui !  
    
Cela donne à réfléchir.
Comment éviter le jugement sévère ?
Qui l’évite ? les petits, Alors on a tous envie de se faire petits. Or, le stratagème de ce type ne fonctionne pas, on le sait trop bien, comme disent les jeunes. Donc qu’est-ce qui reste ?
A partir de la Bible, une seule attitude  est possible et elle seule est plausible : c’est d’être petit. Ou plus exactement se reconnaître petit.

Ce qui ne doit pas être très difficile quand on a l’expérience de l’exercice du gouvernement.  Devant l’immensité de la tâche, on ne peut que se reconnaître petit, incapable de faire face à tout, et même avec les meilleurs collaborateurs au monde.  
Ce que je viens de dire devant vous, c’est bien entendu à partir de ma petite expérience à moi et donc je le dis avant tout pour moi. Si je reconnais la disproportion entre la grandeur de la mission qui me confié et les moyens dont je dispose, il faut que je me nourrisse  à une source qui est ailleurs qu’en moi.
Pour le croyant les choses sont relativement simples. Il doit aller à la source en Dieu et alors il entend :
 « Tu as tout  ce qui est nécessaire, tout est disponible, c’est à toi de le rendre opérationnel »
 Et le croyant rentre bredouille d’une telle expédition spirituelle, car il est renvoyé sur lui-même, pas comme source mais comme lieu de réalisation de ce qui lui a été donné et qui vient d’ailleurs.  

II.  Petit devant un grand mur


Se reconnaître petit, n’est-ce pas aggraver la situation lorsque l’on est confronté aux murs qui séparent les uns des autres et empêchent de gouverner la terre dans la paix et la sérénité.

 Il deux  sortes de murs : visibles et invisibles.  Leur présence peut être consciente ou pas. Parmi les visibles, celui de Berlin tombé juste il y a 20 ans, mais aussi celui qui séparait les lépreux de l’Evangile du reste de la société.

Comment on les a dressés, cela appartient à la stratégie de la gestion de la société et de la gouvernance politique ! Comment les enlever ? Cela ne se fait pas, en tout cas pas uniquement et pas en premier, par la décision politique.

Cela vient de la force qu’il y a dans l’homme qui voit un autre homme  et qui sait que l’autre est comme lui et qui sait que l’autre souffre comme lui et qui sait que l’autre désire être tout au moins  aimé comme lui  et qui sait que l’autre est tout aussi taraudé par le mal et ainsi de suite...

Mais il se peut que celui qui a le pouvoir  favorise une telle ouverture pour les autres, même s’il n’est pas les autres au sens où il ne partage ni leur condition ni leur destin, ni même leurs désirs. Les murs ne tombent que démantelés de l’intérieur.
Les escalader et les franchir ne suffit pas.

Il faut les traverser et cela fait mal.
Et peut être d’autant plus mal qu’ils sont invisibles et l’on ne s’attend pas à les trouver dressés à cet endroit. Le bleu de travail se confond alors avec les bleus qui apparaissent sur les corps de ceux qui se cognent contre de tels murs.

 
***
 Après ce rapide inventaire de murs visibles et invisibles, mobiles et immobiles (comment on dit dans le jargon juridique : meuble et immeuble) de peur que les murs ne nous tombent sur la tête, passons à l’autre rive de cette célébration, celui où la mémoire s’attarde et  invite à faire mémoire humblement et   donc dignement.