2010/04/18 - Homélie du 3ème dimanche de Pâques

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L’évangile de Jean chap. 21 sur la pêche miraculeuse m’incite à m’entretenir avec vous sous forme d’une méditation sur la technique de la pêche. Et plus exactement sur l’un des outils indispensables qu’est le filet.  Dans les Evangiles figurent  deux sortes de récits de la pêche miraculeuse. Dans le premier, le filet une fois miraculeusement rempli de poissons se déchirait. Dans celui d’aujourd’hui, le texte nous dit « malgré cette quantité (153), le filet ne s’était pas déchiré ».

 

La différence entre les deux situations me semble être un indice intéressant pour comprendre ce qu’est l’Eglise.  Dans le premier cas, nous avons affaire à l’Eglise terrestre, d’ici bas. Eglise soumise à des pressions, tensions qui provoquent le déchirement de ce filet. Eglise mal menée de l’extérieur tout comme de l’intérieur. Eglise déchirée, laissant passer tant et tant de poissons qui attendent la Bonne Nouvelle. Le deuxième cas représente l’Eglise du ciel. Tous ceux qui étaient au Christ (d’une manière ou d’une autre) sont désormais dans la béatitude céleste. Et cela laisse rêveur  l’Eglise sur terre.

 

Or, chaque chrétien, individuellement et en tant qu’Eglise, vit sa foi  sous le double filet de protection.  Le premier filet  est soumis aux aléas de l’existence humaine d’une institution qui cependant se voudrait prévaloir  d’une origine fondatrice divine et qui a de bonnes raisons pour le faire, mais dont la composante humaine et matérielle affaiblit le tissu au point que celui-ci par endroit lâche. Le second filet est de nature purement céleste, fait de matière indéfectible. Il contient de façon sûre tous ceux qui viennent à Dieu. Et pourtant les mêmes pêcheurs, Pierre et tant d’autres obéissent au  Jésus d’avant la Résurrection mais aussi au Seigneur ressuscité. Comme si IL leur faisait comprendre ce qu’ils pourraient   faire si ils comptaient sur lui et laissaient TOUT  à partir de lui. 

 

L’Eglise du ciel et l’Eglise de la terre sont les deux faces de la même réalité.
Si un filet lâche, il en reste le second, qui lui ne lâchera pas. Il faut encore que nous soyons conscients de son existence, mais avec une conscience active, c’est à dire celle qui permet au filet de jouer son rôle de sécurité et donc de salut. La conscience active ainsi envisagée existe dans la mesure où existe l’espérance. 

 

Ainsi se dessine le  double défi qui incombe à tout chrétien, celui de s’entraîner à savoir accueillir l’espérance et celui de devoir aider à réparer les filets qui ne tiennent plus. Si la réponse au  défi de réparation semble laborieuse et nécessite beaucoup de courage et de discernement évangélique, le défi d’espérance est  fondamentalement de nature théologale et mystique. 

 

C’est la qualité de celle-ci en terme de saveur de la vie et pour la vie  qui permettra d’entrevoir les effets de celle-là en terme de responsabilité et de communion.