2010/10/10 - Homélie - Soeurs Réparatrices de Jésus-Hostie : 50 ans à Montmorency

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Les lectures d'aujourd'hui nous mettent au coeur de la fête qui nous réunit : 50 ans de la présence bienfaisante des soeurs de la rue Grétry.  Ces lectures nous aident aussi à approfondir le sens de notre mission de baptisés : célébrer un baptême au cour d'une telle messe n'est-ce pas le signe de la volonté de faire apparaître le lieu entre les deux, la mission de tout  baptisé et la vôtre, chères soeurs ?!

 

Le nom de votre congrégation : Soeurs  Franciscaines Réparatrices de Jésus Hostie, indique la volonté, suivant les termes d'il y a plus d'un siècle, d'être un signe actif (comme un agent actif dans les médicaments ou encore dans la lessive) de la réalisation de ce que Dieu désire pour l'homme,   à savoir restaurer celui-ci dans sa dignité première, celle d'être à l'image de Dieu lui-même.   Comment le faire ? Mille et une façons, sans doute, mais chacune se mettant en harmonie avec l'ensemble de ce qu'est l'Eglise comme héritière de ce que ce désir porte et accueille.

 

Réparer l'image de Dieu, où mieux le faire que devant le Saint-Sacrement ! Ce à quoi vous vous employez sans relâche, la moitié de votre vie y étant consacrée. Non sans humour on vous appelle parfois  les réparatrices du Saint-Sacrement en lien avec l'autre congrégation religieuse présente sur Montmorency  (et dont je salue la mère Générale actuellement en visite dans la communauté de Montmorency) composée de soeurs soignantes et que l'on appelle les piqueuses. Si ce raccourci saisissant porte un sans c'est à cause de l'action qu'il signifie. Vous n'êtes pas des réparatrices de l'Hostie, mais du regard posé sur et donc de la relation avec, tout comme les autres ne sont pas là pour piquer mais soigner.

 

En réparant vous favorisez la restauration de l'image de Dieu dans les coeurs de ceux pour qui vous priez, en premier les prêtres et notamment ce qui sont en difficulté dans la réalisation de leur mission. Mais vous restaurez aussi autour de vous d'une autre façon : par l'engagement dans la catéchèse, que serait sans vous la vie paroissiale au point que je me pose parfois la question  sur l'engagement de paroissiens. Cet engagement que votre présence   à la fois suscite parce que vous rassurez par votre statut de religieuses, femmes qui ont tout laissé, par vos compétences doctrinales et  pédagogiques, mais qui peut aussi donner une idée diffuse de pouvoir se contenter de cela, car nous les autres, nous avant tant à faire par ailleurs.

 

Vous restaurez aussi cette image de Dieu dans vos relations de quartier, de voisinage, en allant chercher de la nourriture chez les commerçants, voilà une bonne manière de nourrir quelqu'un en lui quémandant de la nourriture ou les habitants de la ville en frappant à leur porte pour chercher quelques sous afin d'assurer  la stricte survie  nécessaire, selon les règles de la pauvreté franciscaine.

 

La vie contemplative et e la vie tapostolique sont ces deux poumons  de votre vie en communauté et leur équilibre garantit le rayonnement missionnaire qui est le vôtre.  Et je me permets à ce sujet de citer un passage de la page de couverture du livre écrit par le P. Louis de Bretagne sur La vie réparatrice : 

 

" Le christianisme n'est pas seulement une doctrine ; il est aussi, il est surtout une vie ; cette vie est en nous, mais elle n'est pas de nous, elle nous vient de Dieu par le Christ. Le vivant seul agit sur le vivant.  C'est pourquoi le Seigneur est resté parmi nous.  La croix sur laquelle il semble endormi dans la mort ne fait que dominer l'autel où il continue à s'immoler, et de l'autel il descend jusqu'à chacun de nous pour  lui communiquer sa vie, sa grâce,  ses vertus,  son amour, sa sainteté. Sur cet autel  ne s'offre point  le chef de l'humanité : les membres du corps mystique ne doivent faire tous  qu'une  seule hostie. "    

 

'Qu'une seule hostie', je vois dans cette expression le point de passage possible avec les lectures d'aujourd'hui.  Prophète Elysée  et Jésus lui-même guérissent par la puissance divine qui se transmet par la parole ... L'obéissance  suppose alors une sacrée confiance. Les résistances  exprimées par Naaman sont humainement compréhensibles, c'est la question de la reconnaissance  qui est alors en jeu. Le fait que les 9 lépreux ne soient pas retournés à Jésus pour le 'remercier' n'est pas étonnant, car d'abord la commande de Jésus 'allez vous montrer au prêtre' ne comportait pas cette clause et puis ils n'ont fait que ce qu'il fallait pour être réintégrés dans la société selon la loi. Or, dans les deux cas, il est question de la conversion, ce demi-tour que l'on fait dans sa vie, soit parce que la grâce de changement est déjà bien visible dans ces effets, comme ce fut le cas des lépreux, soit, parce que cette grâce est vraiment attendue et donc accueillie.

 

Vous, dans votre vie personnelle, vous êtes pour  les chrétiens et pour les autres ce signe visible de la grâce invisible, ce sacrement du lien d'amour déjà restauré, ce que vous signez par votre propre vie et de ce lieu restauré ou à restaurer chez tant d'autres.  Enchaînées, entravées volontairement dans la vie par ce choix radical de la vie dans l'accueil constant de la sainteté de Dieu, vous, comme nous tous,  savez que l'on n'enchaîne pas la Parole de Dieu, cet Evangile qui est une bonne nouvelle au sujet de la vie en Dieu grâce à la résurrection des morts, grâce au Christ, le premier vivant d'entre les morts. Et si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons, ces paroles qui certainement étaient citées lors des célébrations de baptême aujourd'hui  viennent rappeler ce lieu ente le baptisé et le Christ Sauveur et viennent également renforcer  le sens de ce jubilée de 50 ans de présence des soeurs à Montmorency.