2012/10/06 - Homélie - Funérailles d'Antoine

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Antoine,


Tu es partie,  et ton départ pèse lourd dans les coeurs de tes parents, de ton frère et ta soeur, de tes grand-parents, d’autres membres de ta famille. Ton départ pèse lourd dans les coeurs de tes amis d’école, de sport, de communauté catholique et d’ailleurs. 


Face à un tel poids,
que pèsent ces mots prononcés depuis le début de cette célébration, voire même depuis que nous avons appris ton tragique accident.
Que pèsent même les pensées qui sont peut-être à l’état qui se rapproche de l’inconscient. Tellement notre  sensibilité pouvant est touchée, elle,  si vulnérable, par moment, par endroit...
Que pèsent aussi les paroles des textes tirés de la Bible, ce grand Livre des chrétiens dont la révélation est partagée avec le peuple juif par l’intermédiaire duquel nous apprenons la foi d’Abraham et la loi, dite de  Dix commandements,  transmise  par Moïse ?

 


Chers amis !


Nous avons entendu ces lectures qui résonnent comme un écho de la vie venue d’ailleurs.
Dans la première lecture, nous venons d’entendre que l’amour ne passera pas : la seule valeur qui transcende tout et qui résiste à tout.
L’amour ne passera pas, mais alors qu’est-ce qui doit passer pour que l’amour ne passe pas, pour qu’il demeure ?
Ce mal qui est bien là et  qui ne passe pas, que peut-on faire ?
Et est-il vraiment, nécessaire de lier  l’amour à une telle souffrance ? Et si, comme nous osons de croire,  ce n’est pas nécessaire -tout au moins pas tout le temps - comment  ce mal pourrait-il passer pour faire apparaître encore davantage ce vrai amour que nous portons en nous et qui s’exprime aujourd’hui pour lui ?



‘Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas....’ Qu’est-ce donc que de mourir ? Et mourir à quoi ? Devrions-nous faire mourir notre propre chagrin ? Pourquoi un tel lien entre la vie et la mort ?
A supposer qu’avec le temps cette sensation va, peu à peu, s’estomper et laisser place à une autre forme de vie.


Il en restera toujours cette autre question, celle de savoir pourquoi lui Antoine ? Lui qui était promis à une vie pleine d’amour,  pleine de générosité ?
Pourquoi lui ? 
Et, qu’est-ce que pourrait bien nous faire le fait de savoir que tant d’autres avant  se sont trouvés dans la situation semblable et que tant d’autres après lui, hélas...


Non, cette chaîne de la communion, à un tel degré de  consciences entre les êtres humains, ne se reconstitue pas  automatiquement de façon aussi universelle.
Elle ne vient pas avec la connaissance de la Vie  et du monde.
Elle ne concerne  que quelques uns, les plus en lien sensible, préalable.
Ce lien s’appelle bien entendu amour.


Nous les chrétiens, nous croyons que le Christ qui a révélé l’amour parfait de son Père, a déjà pris sur lui toutes les souffrances.
Et à ce titre,  Il nous met en lien spirituel les uns avec les autres. Est-ce pour autant automatique que nous soyons dans un tel amour ?
Et,  déjà, est-ce plus facile ?  Certes, non ! Mais une telle foi nous invite à entrer dans une espérance partagée, celle d’une Vie plus forte que la mort : toute vie contre toute mort, espérance partagée avec tous.      


Antoine,
Nous avançons en tâtonnant, nous avançons en nous accrochant aux moindre signe d’espérance. Signe de la vie, vie  plus forte que la mort.


Nous avançons, chacun avec  sa propre  manière de se  projeter dans l’existence.
Nous avançons à l’aide de ce que nous trouvons sous la main, dans la tête, dans le coeur. 
Avec les mots et les gestes, comme ici aussi.
Certes, c’est si peu face au mystère de la Vie  que tu connais maintenant.
Et pourtant, c’est au travers tout cela que nous essayons d’être vrai dans l’amour pour toi.