2012/10/20 - Homélie

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 I. SERVITEUR : OUI !  Mais pourquoi souffrant ?


Les lectures d’aujourd’hui et les réactions actuelles souvent entendues, on peut les résumer de cette façon-là ! 


Dans la foi chrétienne, la souffrance semble se trouver trop au centre. « Ils se sont trompés’ s’écria un garçon en sortant de l’église qu’il venait de visiter avec ses grand-parents. ‘Il y a partout des croix avec Jésus dessus  alors que je sais qu’il est vivant ressuscité’.  


Certes, il a bien vu, ce garçon qui ne pouvait pas se contenter de s’arrêter sur quelque chose qui n’est pas la finalité de la vie et donc non plus la finalité d’une religion. Il est vrai aussi, que c’est ne pas très attirant, ce n’est pas vendable, que de voir tout cela dans les églises. Est-ce même bibliquement défendable ?


Oui, bien sûr, le Christ est mort pour nos péchés, il nous a sauvé par sa Croix.  Mais, pourquoi faire ? sinon pour dépasser les souffrances et la mort en ouvrant le chemin de la vie, qui certes passe par la mort, mais qui aboutit  aux portes du paradis.


A notre époque, nous avons beaucoup plus développé le sens positif de  la vie. Les souffrances et la mort sont toujours présents, mais en grande partie à cause de  meilleures conditions   de  vie individuelle et collective, les souffrances et la mort, sont, toute proportion gardée, moins présents dans la conscience de gens. On ne va pas s’en plaindre.


Lors de mon séjour en France je viens de relire  la Peste de Camus qui pose magnifiquement toutes ces questions.
 

Nous le savons bien, que les souffrances et la mort, on ne les évacuera pas, tellement ils font partie de la vie. Dans toutes les religions on essaie de  se situer par rapport à tout cela de façon plus ou moins satisfaisante. Le christianisme fait de même et à chaque époque on essaie de donner un éclairage nouveau, adaptant le regard aux conditions nouvelles, mais toujours nourri de la même source qu’est la Bible.


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Jésus n’a jamais dit ‘souffrez, souffrez, ça ira mieux après, c’est à dire au paradis’, il soulageait les souffrances, il ne les faisait pas augmenter, sauf quand il se mettait à discuter âprement avec certains de ses compatriotes qui s’opposant à lui souffraient dans leur tête et  dans leur corps aussi en somatisant, comme on dit aujourd’hui. Mais quand il n’y avait plus rien à faire, Jésus se taisait, il n’ouvrait pas la bouche (le verset qui précède juste le passage lue de la première  lecture, Is. 53,7)


Cette attitude est aussi à décrypter, sinon on continuera à avoir des idées fausses sur la question, idée    crée par nos tendances naturelles à voir un fatalisme nous recouvrant de sa chape de plomb et nous empêchant d’être libre. Jésus était souverainement libre, y compris dans l’obéissance à la souffrance. Nous, nous ne pouvons que l’être  partiellement. Le Fils de Dieu disposait de prédispositions que nous n’avons pas. Il était sans péché. Mais, nous pouvons le suivre en serviteur qui apprend le ‘métier’ chez un tel maître. Et la grâce qui fait tout fera le reste.



II. Pourquoi la religion chrétienne c’est si difficile pour les enfants et surtout ados ?


Dans l’histoire de notre monde,  aucune religion n’est apparue à partir des enfants, ni n’a été destinée  en premier aux  enfants. La religion,  c’est une affaire d’adultes.  Les données de la foi chrétienne  sont à considérer à partir de la vie adulte. Lorsque la religion s’adresse donc aux enfants, cela suppose une adaptation pédagogique appropriée.  Or, souvent ce sont les enfants qui ouvrent les adultes, les parents, à une telle dimension religieuse. Heureux ! que cela soit ainsi. Mais cette inversion ne pourra durer qu’un temps. Car la vraie locomotive  qui assume le poids de la vie et donc  l’intégration de la religion dans la vie quotidienne  c’est l’adulte,  pas l’enfant.



III. Comment le dire ?

 

Cette semaine 14-21 octobre, comme chaque année à la même époque nous vivons une semaine missionnaire mondiale. A cette occasion, et en lien avec Vatican II, Benoît  XVI, a écrit un texte bon et riche en rappels de ce qu’est l’Eglise dans sa dimension missionnaire. Selon le pape, il faut ‘porter au centre de l’ecclésiologie, la nature missionnaire de l’Eglise’. Cela, poursuit-il, ‘implique  toute l’activité de l’Eglise particulière’ et suppose adaptation constante. A Hong Kong aussi, pour être missionnaire, une attention particulière est à porter aux trois catégories de personnes : les recommençants, les catéchumènes et les sympathisants. D’où l’importance de connaître leur histoire, tout comme l’histoire chrétienne pour comprendre pourquoi nous sommes comme cela et de connaître le Christ pour savoir comment être son vrai serviteur.