2012/12/09 - Homélie - 2e dim. de l'Avent

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‘Quitte ta robe de tristesse’



1. Après avoir médité sur ‘Réjouis-toi car Il vient’,


Nous voici dans la deuxième étape de notre préparation aux fêtes de Noël.
Comment accueillir cette joie qui est celle de savoir que le Sauveur vient ? 


Le dimanche dernier nous avons essayé de réactiver la joie d’être croyant, de savoir que le sauveur, une fois venu en la chaire, reviendra dans la Gloire.


Nous sommes entre ces deux  venues du Christ sauveur. Notre mémoire de la première venue et encore davantage celle de la seconde, souvent faiblissent et nous avons besoin de les réactiver.


La mémoire faiblit et la joie avec, l’une et l’autre ensevelies sous les décombres de la vie sur terre qui obéit à ses propres lois avec sa propre mémoire et ses propres joies. Et lorsque nous ne prenons pas suffisamment  garde, très vite, ce qui vient de notre vie ordinaire peut faire oublier ce qui nous vient de la vie extraordinaire ; ceci peut couvrir cela, au point de risquer de le faire étouffer et donc faire mourir.  


Comment faire : veiller, veiller à quoi ?



2. Ce deuxième dimanche, les lectures nous rappellent.


 Elles nous rappellent à quoi il nous faut veiller : à ne pas oublier la promesse de Dieu. Cette promesse n’est rien d’autre que l’assurance de sa présence en toutes circonstances. Quand est-ce que nous l’attendons le plus, cette présence de Dieu, sinon, évidemment, surtout dans les moments difficiles.


C’est dans les moments difficiles que la joie est éprouvée, que l’espérance est contredite et la vie toute entière ainsi affectée et assombrie.  Les juifs de l’époque de Baruch (secrétaire de Jérémie, donc la période de l’Exile en Babylone, même si le livre  est de l’époque grecque, et Baruch est un prêt-nom)  ont fait cette expérience. Déportations, danger pour leurs vies et pour la transmission de leurs traditions, tout cela appelle à se reposer la question de la présence de Dieu.


Est-il présent aussi dans ces moments-là ? Baruch répond bien sur ! et au combien ! 



3. ‘Quitte ta robe de tristesse’.


C’est une invitation à se sentir en présence de Dieu, plutôt que se draper des habits de tristesse. Donc, il faut changer d’habit et  en quittant la robe de tristesse, se laisser revêtir d’un autre habit,  celui de la joie. 


Comment quitter un habit pour un autre. Certainement pas en retournant la veste !


Ce que nous sommes en train de vivre ce soir  nous l’indique doublement. Avant et après la messe l’adoration du Saint-Sacrement est proposée et, pendant ce temps là, les confessions individuelles. 


Quitter ta robe de tristesse
, au sens spirituel du terme, signifie retrouver la joie de l‘’Enfant de Dieu’. Il n’y a pas mieux que de le faire en toute vérité, c’est-à-dire en avouant d’avoir été dans la tristesse du péché, car le pêché éloigne de Dieu est cela amène de la tristesse.
Si par malheur, il n’y a pas de tristesse (à ne pas confondre avec la fausse culpabilité), cela prouve que nous ne sommes pas encore en présence de Dieu, tout au moins à cet endroit-là. Traduisons cela chacun pour notre propre compte.



4. La tristesse d’être loin de Dieu et du coup de nous même.


Quelles sont les situations, faits et pensées, sentiments et actions, projets et réalisations...,  qui nous éloignent de la joie d’être en présence de Dieu. Même si, parfois ce n’est pas évident, mais globalement,  puisque nous avons une conscience morale droite, saine, au fond de nous même, nous savons identifier tout cela.


Avouer d’être dans la tristesse, c’est déjà prouver vouloir chercher à s’en sortir, à la quitter. La confession sert aussi à cela, c’est-à-dire à dire à soi-même, à Dieu ou plutôt à Dieu et du coup à soi-même, mais le dire en Eglise, c’est-à-dire au sein même de ce corps que nous formons et qui est le Corps du Christ.


Et, vous devinez, j’en viens au second aspect de ce comment faire pour quitter la robe de tristesse : se mettre en présence de ce Corps du Christ.



5. Se mettre en présence de ce Corps : L’adoration y conduit, l’adoration le soutient, l’adoration en découle.


L’adoration y conduit
, car en étant devant le Corps du Christ dans l’Eucharistie, nous sommes devant le mystère de la présence du Christ dans la vie de son Eglise. En effet, il n’y a pas d’adoration sans ce double lien, celui avec la messe ou l’eucharistie est célébrée, ni avec l’Eglise qui la célèbre.
C’est toute l’Eglise qui conduit le croyant vers la joie de la rencontre avec le sauveur, joie accueillie et ressentie spirituellement dans chaque eucharistie célébrée. Comme si nous entendions ‘Vas-y, il t’appelle’ que l’aveugle de Jéricho entendait comme encouragement de la part de ce qui était avec Jésus.
  

L’adoration  soutient la démarche
qui consiste à quitter la robe de tristesse. Car elle le permet par le faite d’être en prière des uns  en faveur des autres, ceux qui vont  pendant ce temps là accomplir la démarche de vérité.
Et,  ceux qui accomplissent la démarche de vérité deviennent à leur tour le soutien pour les autres.
Ceux qui prient et qui accomplissent d’une manière ou d’une autre la démarche de vérité sont ainsi unis avec le centre de la foi qu’est le Christ.


L‘adoration découle du fait d’avoir quitté la robe de tristesse
, car la véritable adoration est celle accomplie par un cœur contrit. Et, seulement dans une telle disposition spirituelle du coeur,  coeur libre de toute entrave qui empêche d’être à Dieu, que l’adoration prend tout son sens.
Elle prend tout son sens dans ce coeur à coeur avec Jésus qui ne demande rien d’autre que d’être présent auprès de lui, car, par lui, pouvant être présent auprès des autres, des tous les autres à qui la joie de quitter la robe de tristesse est promise et c’est à nous de l’apporter. Mais pour aller là-bas, il nous faut être ici.



6. N’ayons pas peur de nos déserts.


 Ces divers déserts (ennuis, distractions, oublis...)  qui nous semblent être des liens d’absence de Dieu (‘je m’ennuie à la messe’, ‘je m’ennuie à l’adoration’, ce n’est pas grave nous lui donnons notre ennuie, il fera le reste) Tous ces déserts sont en fait des lieux où Dieu nous parle pour exprimer son désir de nous voir aplatir nos routes et les rendre droits. A travers le désert de nos vies une voie crie : réjouissons-nous de pouvoir l’entendre.


Et avec st Paul (II lecture)  je me permets de reprendre cet aveu :


Dans ma prière, je demande que votre amour vous face progresser  de plus en plus dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance qui vous fera discerner ce qui est plus important