2012/12/23 - Homélie - 4e dim. de l'Avent

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VISITATION
Luc1,39-45



I Intro.


Marie et Elisabeth, deux femmes qui se rencontrent. Et qui racontent des choses à leur façon. Elles ont tant à dire. Elles portent en elles deux immenses parts du destin de l’humanité.



II. souvenir familial.


En préparant cette homélie je  repense à ces deux autres femmes, celles de ma famille, ma grand-mère et ma tante.  Enfant, nous allions parfois rendre visite à un parent éloigné. Cette fois-là, en plein été,  nous sommes allés dans le village natal de mon père. Son frère vivait là avec sa famille, donc ma famille.


En entrant dans la maison, nous étions immédiatement conduits dans une chambre se trouvant derrière la cuisine. S’y trouvait alitée ma grand-mère, je crois que c’est  la première fois que je l’ai vue. Puis mon oncle nous conduit dans une autre pièce juste à côté. Là, une autre femme tout aussi alitée, c’était sa femme.


Deux femmes malades, qu’est-ce qu’elles pouvaient se dire l’une à l’autre, quelle joie pouvaient-elles se raconter ?



III. Quand la promesse est là.


Ce n’est pas toujours que deux femmes se racontent d’aussi belles choses comme le font Marie et Elisabeth.  Ecoutons ce qu’elles disent.


Tout d’abord, avant même de parler, chacune  porte l’enfant d’une promesse. Et la promesse, pour être réalisée, il a fallu,  qu’elle soit d’abord communiquée, dite. A Marie, directement et à Zacharie, le mari d’Elisabeth. 


Elles furent portées par le même messager, Gabriel, qui veut dire ‘Dieu est fort’.  Quand cela vient par l’intermédiaire d’un même messager,  certainement cela signifie la même valeur.


Mais, bien qu’à chaque fois il y ait une promesse d’enfant, deux choses différentes sont promises.


A Elisabeth d’avoir enfin un enfant, à elle  et son mari, eux qui sont déjà dans leur vieillesse. Et à Marie d’avoir déjà un enfant alors qu’elle est tout juste fiancée avec Joseph. 


L’une ne l’espérait plus, l’autre certainement n’espérait pas tant. Mais toutes les deux étaient dans l’attente d’un messie, attente communément partagée avec tout leur peuple.



IV. La surprise est grande.


Toutes les deux sont surprises  de ce qui leur arrive. Mais la grande joie de porter la vie dans leur corps se laisse  transfigurer par une autre. Celle de participer tout simplement à d’aussi grands destins.


Elles ne savaient pas de quoi aller être fait l’avenir, ni le leur, ni surtout celui de leur progéniture. Elles savaient que de grandes promesses se réaliseraient, voire même étaient déjà en train de se réaliser. 


On peut s’imaginer la joie dont elles rayonnaient  au moment de la rencontre.  Elles sont là, l’une à côté de l’autre dans une joie sans limite. Et la joie cela fait parler, certains diront, surtout les femmes, après tout pourquoi ne pas admettre qu’elles ont parfois  les mots plus faciles pour le dire.


De quoi donc parlent-elles ? De la robe qu’elles vont mettre pour le jour de la circoncision ?   On peut en douter, même si là encore pourquoi pas, puisque elles ne négligeront aucun détail dans leur vie de mères. Mais, et ce que Luc a retenu, (en effet, l’Evangile n’est pas un magazine de mode) elles parlent de ce qui leur arrivent.



V. S’étonner c’est de reconnaître la vérité.


 D’abord Elisabeth qui parle en   voyant sa jeune cousine venir jusqu’à chez elle, dans la montagne de Judée. Puis ce sera le tour de Marie elle-même. La lecture de l’Evangile d’aujourd’hui s’arrête sur l’expression de la première.


Evidemment on s’en doute, Luc n’a pas fait de reportage en direct et n’a pas enregistré la conversation, mot à mot. N’empêche, il exprime une vérité forte sur ce qu’une visite comme celle-là peut engendrer chez Elisabeth.


Elle est tout étonnée : ‘comment m’est-il donné que vienne à moi la mère de mon Sauveur ?’
Là, on n’est plus sur le registre purement familial.


  Leur vocation respective et surtout la vocation de leurs enfants fait déjà transcender les liens familiaux  en les élevant aux dimensions de la promesse divine, et donc au ciel. Oui, de joie, elles sont déjà au ciel.



VI. Etonnons-nous joyeusement.


Quelle est notre manière de voir la vie de la foi en Christ sauveur ? Est-ce cela nous met en joie et donc en route pour le dire comme Marie l’a fait?
Nous sommes nombreux à être de la sorte en route vers les autres.


Et nous n’avons pas forcement besoin de faire de grands déplacements  géographiques ou des placements financiers extravagants pour le signifier.


L’exemple de la joie étonnée et étonnante d’Elisabeth, nous conduit à approfondir notre source de joie. Comme celle qui est tout humaine, naturelle, terrestre se laisse porter et même emporter par cette autre. Celle que l’on convoque et exprime,  dans la prière pour quelle vienne et continue à  éclairer heureusement nos vies.



VII. de ce que Dieu fait pour nous. 


Je reviens à la question posée par la visite rendue jadis à ma grande-mère et ma tante. Que pouvait être leur  joie de voir leur  petit-fils et neveu, je ne le saurai jamais. Tout ce que je sais, ce qu’à l’époque je ne me rendais absolument pas compte de la portée d’une telle visite.


Alors qu’aujourd’hui je la porte dans mes souvenirs comme une rencontre passant outre le passé.


Et je ne cesse de m’étonner de ce que Dieu peut faire pour  signifier sa place dans des belles rencontres.