2013/03/03 - Homélie - 3e dim. de Carême

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BUISSON ARDENT : rencontre étonnante !


I. MOISE face à son destin


Elle est étonnante, la rencontre que Moïse fait  au buisson ardent. Le côté extraordinaire qui l'accompagne en dit long sur la nature de celui qui se révèle et force Moïse à se situer. Moïse fait l'expérience du désert, de la solitude, de l'errance même. Il est sorti de son pays d'adoption. Il l'a quitté pour sauver sa peau. Il ne sait pas ce qui l'attend par la suite. Il se lie avec la fille d'un bédouin du coin. Mais il garde la foi des pères. Il se souvient d'où sont venus ses ancêtres et pourquoi. Maintenant, sans le savoir, il est déjà en train de rebrousser  chemin. Une sorte de retour au pays d'origine. Mais, bien plus que cela, sur une terre nouvelle, alors que  géographiquement ce sera la même. Mais ne devançons pas le cours des événements. Si cependant, je les mentionne c'est pour mettre en perspective ce que Moïse a vécu dans cette rencontre autour du buisson ardent.


II. DIEU Surprend


Moise est intrigué par cette chose étonnante, qu'est-ce que cela peut-être ? Quand nous sommes face à une situation nouvelle nous nous posons cette même question. Qu'est-ce que cela peut signifier ? Et si nous répondons  trop vite par des affirmations toutes faites, il ne nous sera pas donné de connaître la vraie nature de cette nouveauté. Nous fonctionnerons selon le principe de projection et la grille d'analyse appliquée servira à nous conforter dans les idées préconçues. Pour Moïse rien de tout cela. Il n'en a aucune idée, il est stupéfait devant le phénomène.  En bon scientifique qui va d'abord être à l'écoute du phénomène observé, Moïse réfléchit : comment accueillir la lumière de la nouveauté avec laquelle le phénomène se présente ? Il va comprendre qu'il y a une présence, surprenant  toutes ses attentes qui se loge quelque part  et qui l'interroge.  Ce n'est plus lui-même qui s'interroge, c'est la présence qui l'interroge. Et il est à l'écoute, et le dialogue s'instaure.


III. DIEU se révèle


Cette terre est sainte, ôte tes sandales, prends appui directement sur cette sainteté qui descend jusque à terre. Ce Dieu se révèle comme quelqu'un de sensible. Et là, la nouveauté est radicale. Les divinités que pouvaient connaître les peuples de l'époque avaient pour fonction de s'occuper de certains  aspects de la vie humaine (sécurité, fertilité, bonne récolte..) Mais qui s'occupait de la misère de tout un peuple ? Alors que Moïse entend dire : Oui j'ai entendu, j'ai entendu le cri de  mon peuple' Et il s'est penché sur sa misère.  Est-ce que notre Dieu  tel qu'il se révèle à nous dans notre vie, est quelqu'un de semblable ? Est-ce que nous sentons qu'il se penche sur notre misère personnelle, familiale  ou collective... ?  Dieu se révèle à Moïse comme un Dieu proche de la vie des hommes. Rien, de ce que nous pouvons vivre, ne lui est étranger. Son oreille est sensible aux cris des malheureux.


IV. DIEU se révèle avec un nom


Moïse n'est pas rassuré sur son sort quand il entend la mission qui lui est si ouvertement assigné : tu diras au peuple.... Le métier de porte-parole fut de tous les temps quelque peu risqué, suivant la manière dont la parole en question était accueillie. Moïse cherche au moins quelques bribes de légitimité. Va-t-il être satisfait de la réponse entendue?  'Tu leur diras, 'Je suis celui qui suis'.   Comment prendre cela, déjà le buisson ardent ce n'est pas banal, cet arbuste qui enflammé ne se consume pourtant pas. Mais là c'est encore autre chose. Vous me dites que vous êtes celui qui est. C'est une belle tautologie, explication  par le même terme que celui qui est déjà contenu dans la question. Pour le moins ce n'et pas assez précis, même pour un esprit assez large en ce qui concerne le rapport à l'exactitude scientifique ou assimilée. Et surtout ce n'est pas crédible, il se fera renvoyer sèchement. A-t-il un autre choix que celui d'aller le dire ? Franchement la Bible ne pose pas la question en ces termes.


V. Ce Dieu qui ordonne


Ce n'est pas devant Dieu que l'on peut discuter. Certes on peut faire la sourde oreille, faire semblant d'obtempérer et finalement ne pas le faire, faire deux pas en avant et trois en arrière, et ainsi de suite. Mais jamais l'on n'échappera à une volonté divine nous concernant. Et, de toute évidence Dieu semble avoir du temps pour ce qui est de la réponse personnelle à son appel. Mais quand il s'agit d'une mission clairement définie comme collective, concernant les autres, bien d'autres, Dieu parfois ne se prive pas de moyens qui lui sont propres pour mettre les uns et  les autres au travail sur les champs de sa mission. 


Et même quand il nous semble qu'il nous titille personnellement pour nous faire comprendre quelque chose de lui-même pour notre vie personnelle, ce n'est jamais sans perdre de vue la mission plus large qu'il veut nous confier par la suite.  Tout est question de temps, Dieu a tout son temps et nous en avons un peu moins, beaucoup moins, si peu qu'il est déjà presque trop tard pour répondre, juste de quoi nous glisser dans la fente d'un portique qui se ferme et qui sépare les uns des autres, selon ce que nous sommes dans la relation à ce Dieu d'amour qui entend la misère de son peuple et qui veut le consoler et le faire sortir de la terre d'esclavage. Multiples sont les terres d'esclavages et différentes sont  leurs résonances  pour la vie spirituelle.   Mais Dieu entend le cri des malheureux, ce cri qui est comme l'annonce d'un autre cri. Celui, qui accompagne la prise de l'air dans les poumons du nouveau né, et cette fois-ci  du nouveau né dans la foi.