2013/03/10 - Homélie - 4e dim. de Carême

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'Mon Fils le voilà retrouvé'


1° La joie de retrouvailles précède les séparations.


Le fait d'être séparé, semble tellement naturel, que même si l'on ne l'aime pas trop, on finit par s'en faire une raison. Certes, le petit enfant, s'il accepte d'aller à l'école, il n'aime pas voir sa maman le quitter ou la voir partir en voyage pour son travail. Mais, un peu plus grand, il sera tellement content de ne pas la voir à ces côtés, car  il sentira, que son avenir passe aussi par d'autres rencontres que la relation unique avec ses parents. Mais, en devenant de plus en plus autonome, il  aura besoin d'eux  pour  assurer ses ressources matérielles.


Cependant souvent, il partira au loin très loin, et c'est surtout psychologiquement, que parfois un tel éloignement deviendra source de souffrance profonde pour ses parents. Mais qu'est-ce qu'il en aura à faire, heureux sans eux, tellement persuadé que sa vie ne pourrait pas s'épanouir en leur présence. Il mettra parfois beaucoup de temps pour essayer de démêler  cette relation dont il n'arrivera jamais   à se libérer.


2° Dans la relation à Dieu nous sommes souvent aussi comme cela.


Il nous a été donné la chance de vivre en sa présence durant un temps. Pour la plus part d'entre nous, nous y avons été initiés dès plus jeune âge. Et qui s'en plaindrait, puisque au-delà du côté merveilleux nourri par l'imaginaire de l'enfant, grâce  à cette initiation dans la vie de Dieu, nous avons reçu  une grille de lecture de la vie sur terre. Nous avons compris quelles sont les limites à ne pas franchir pour être bien en nous et pour les autres.


Cette relation, jamais linéaire, elle est qu'on le veille ou non, un peu à l'image de l'Enfant prodigue de l'Evangile.  Nous ne sommes jamais  loin de ce désire d'autonomie en confondant  la liberté à assumer notre vie avec la nécessité de brouiller les relations avec Dieu et ce qu'il représente et ceux qui le représentent, signifient sa présence, rappellent sa loi.


3. Le besoin de voler de ses propres ailes


Ce besoin  n'est pas seulement inscrit dans la vie naturelle, physique, psychique, matériel etc. Il englobe aussi la dimension spirituelle. Dieu ne nous désire pas être des incapables de l'épanouissement de notre vie spirituelle, comme si nous devions tout faire sous sa dictée en s'accrochant à tout instant à sa présence,
comme l'on s'accroche aux branches pour ne pas tomber. Bien sûr, nous savons et nous reconnaissons que tout vient de Lui, tout est par Lui et tout est pour Lui.


Mais cela ne nous dispense pas de chercher à assumer notre existence y compris spirituelle en mettant en oeuvre les moyens nécessaires pour avoir une vie épanouie.  Mais cette prise de conscience de l'autonomie ne se fait pas sans risque de la prise de distance.  Sur ce chemin, tout compte fait risqué, deux options possibles, celle de l'un de deux fils de la parabole, à moins que ce soit le mixte de deux.


4° L'un part et revient, l'autre était-il toujours là ?


L'un part et revient, l'autre n'est jamais parti, mais savait-il reconnaître la 'chance' ne regrettait-il pas la fidélité ? Lui qui semblait être fidèle, l'était-il vraiment ?  Les coeurs se révèlent dans les situations contrastées. Le cadet, une fois revenu, provoque une sorte de dévoilement chez l'aîné. 


Faut-il sortir de la maison pour être en mesure d'apprécier la valeur d'un foyer familial ?  Faut-il marcher sur des chemins de traverse pour pouvoir apprécier le bonheur du droit chemin ?  La condition humaine semble indiquer que cela est effectivement indispensable. Mais, cela ne dispense personne de la nécessité de  ne pas s'y complaire.  


5. Quand le temps favorable se présente.


Aucune personne  normalement constitué comme être spirituel, c'est-à-dire cheminant dans la foi qui permet de découvrir l'Amour infini de Dieu, ne peut se dire :  je ne suis pas concerné par  ce qui est arrivé aux deux fils du Père de Cieux.  Personne ne peut s'auto-justifier aux yeux de Dieu, car être juste  devant lui, cela ne peut se faire que par sa propre puissance. Nous pouvons nous sentir nets et irréprochables, mais personne au tour de nous n'en sera convaincu, encore moins Dieu, lui qui sonde les profondeurs de l'être et scrute les reins et les coeurs.


Ceux qui se préparent au baptême le savent suffisamment pour demander à ce que le baptême les purifie dans les eaux qui donnent Vie. Ils vont reconnaître, avant même   leur baptême que le mal qui fait partie de la condition humaine déplait à Dieu et qu'ils se laissent en toute confiance regarder par ce Père qui comme celui de la parabole, avec une main rappelle la loi et avec l'autre exprime la tendresse de sa miséricorde.  Et la joie de retrouvailles efface toute tristesse de l'égarement. Courons donc pour nous jeter au bras d'un Père qui n'attend que de nous accueillir, comme lui seul sait le faire.