2013/03/28 - Homélie - JEUDI-SAINT

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I.
Traditionnellement, le Jeudi-Saint, nous commémorons  l'institution de l'eucharistie. C'est le dernier repas de Jésus avec ses disciples.

Mais, les derniers travaux historiques font prendre conscience du fait que probablement ce dernier repas n'a pas eu lieu le jeudi mais le mercredi. Pourquoi ?

C'est à cause de la durée légale nécessaire en droit  juif de l'époque pour condamner quelqu'un à mort. Le pape Benoît XVI a apporté la réflexion à ce sujet sur le terrain de la théologie catholique.  Mais peu important pour nous.

Ce soir, nous fêtons les adieux de Jésus avec ses disciples dont nous faisons partie.


II.
Nous avons probablement tous en mémoire l'expérience d'un dernier repas avec quelqu'un de nos proches, juste  avant  notre départ ou le leur.

Celui de Benoît XVI fut particulièrement touchant, à cause des circonstances.

Je me permets aussi d'en citer deux personnels qui me viennent à l'esprit. L'an dernier la veille de mon départ pour Hong Kong,  je me suis retrouvé entouré de ma famille polono-sino-française et quelques amis.

Il n'y avait pas de message particulier délivré, mais l'ambiance en disait long sur le caractère exceptionnel de la soirée.

Puis, le premier dimanche  à Hong Kong, j'ai participé au farewell d'une famille qui rentrait en France.

A l'espace de quelques jours, j'ai donc été dans les deux situations, en tant que celui qui part et en tant que celui qui voit d'autres partir.


III.
Jésus délivre un double message très fort.

Ses adieux se font au cours d'un repas, le repas qui sera repris en mémoire de Lui par ses disciples.

Il restera présent dans ce partage, partage de la nourriture. Partage, il n'est que cela.

Amour incarné, vie toute donnée, sans ombre de doute sur la liberté souveraine qui  accompagne ce don.

Quelle chance nous avons de pouvoir être dans une telle proximité avec Lui !

Il se rend intime à nous même, plus intime que nous même pour nous-même.

Quelle ouverture d'esprit cela peut vouloir signifier ! 

Et tout en étant aussi intime, il ne perd rien de sa souveraineté divine.

Du coup, pour nous qui l'accueillons tel, noblesse ainsi acquise oblige !

Qu'est-ce à dire, sinon que nous avons un trésor inouï  dans nos vies.


IV.
Deuxième signal fort que Jésus envoie, c'est le lavement de pieds.

L'Evangéliste Jean est le seul à en rendre compte.

Et ce signal est d'autant plus fort, que l'évangéliste Jean est aussi le seul à ne pas mentionner l'institution de l'Eucharistie.

C'est dire la valeur que le lavement de pieds revêt dans la vie chrétienne.

Là, encore un souvenir personnel : la première fois qu'il m'a été donné d'accomplir ce geste en tant que prêtre, ce fut dans une église où l'autel amovible fut déplacé et le lavement de pieds a eu lieu à l'endroit même de l'autel, dans le creux ou habituellement reposait l'autel.

Cette image ne me quitte plus.  


V.
Conclusion de la superposition de ces deux gestes.
 
L'eucharistie ne nous enferme pas sur notre vie de foi.

Certes, elle la nourrit, mais  pour la faire partager.

Le nouveau pape, François, à sa manière, nous rappelle  le chemin par où doit passer la vie chrétienne.

Si nous voulons être fidèles à ce que Jésus nous apprend voici le chemin.

Tôt ou tard, d'une manière ou d'une autre, les uns plus visiblement que d'autres, les uns sur un terrain plutôt que sur d'autres, mais chacun, nous accomplirons, comme nous le faisons déjà,  au nom de la foi, ce geste de service.

Et le degré de conscience qui l'accompagne est presque peu important.

Presque, car c'est toujours mieux de savoir pourquoi et surtout à cause de qui et pour qui, l'on fait des gestes aussi engageant pour la vie tout entière, en commençant par le coeur et l'âme.

Et la bonne conscience c'est surtout celle-là, celle qui dit au nom de quel amour nous sommes dans le service, et comment Dieu nous y a mis.

La belle vocation de chacun de nous que nous célébrons ce soir !