2013/04/14 - Homélie - 3e dim. Pâques

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Ressuscité qui se donne en nourriture


I. Ressuscité se manifeste.
Jésus, après sa résurrection, se manifeste à ses disciples, en commençant par les femmes, à Marie-Madeleine et à d’autres. Dans le passage de l’Evangile, proclamé à l’instant, le Ressuscité se manifeste à ses disciples, à ceux qu’il avait appelé et formé pour divulguer son message.  Quand Jésus rencontre la première fois Pierre, son frère André et Jacques et Jean, tous pécheurs, il les trouve à leurs filets. Dans l’évangile de Mathieu et Marc, ils sont en train de travailler sur le rivage en train de nettoyer leurs filets. Le troisième évangéliste synoptique, Luc raconte la tentative infructueuse de la  pèche de nuit, suivit d’une autre,  abondante, celle-ci réalisée à la demande de Jésus. 


Lors de l’apparition du Ressuscité au bord du lac, une autre pèche miraculeuse aura lieu. Même si dans les deux cas, Jésus demande de jeter les filets de l’autre côté, le contexte est  différent. Cette fois-ci, Jésus fait la demande, tout en participant physiquement, non pas en jetant lui-même les filets, mais en préparant le repas. Comment ? Il prépare le feu sur lequel rôtissent les poissons et le pain est disposé à côté. D’où est-ce qu’il a pris tout cela ? A la limite, peu importe, car l’attention de l’auteur porte sur autre chose, à savoir sur la place symbolique que prend le Ressuscité dans cet étrange repas.


II. Le ressuscité prend part au repas, où il se donne en nourriture.
Lui-même, le Ressuscité, va prendre part à son propre repas, alors qu’il n’était jamais décrit comme cela avant.  Certes, il continue de demander aux autres de travailler pour lui, mais avec une part qu’il fournit lui-même. Comme si le miracle des miracles, celui de la résurrection, signe suprême de la toute-puissance divine, résumait tous les signes qu’il avait faits. Comme si   désormais il n’avait pas besoin de  (faire) prouver cette sollicitude à l’égard de la faiblesse humaine et pouvait concentrer l’attention de ses disciples sur l’essentiel, à savoir sur les conséquences de sa résurrection.


Par delà le côté extra-ordinaire, toute une symbolique est présente dans ce passage de l’Evangile qui contient la description détaillée de la préparation du repas. Le dernier repas pris avec ses disciples, la veille de sa passion, représentait des adieux  avec le double message délivré pour la suite : partager le repas et être au service des autres (le lavement  des pieds) ; ‘Faites ceci en mémoire de moi’ portant tout autant sur l’un que sur l’autre.


Ici, il est déjà après le terrible passage, celui de la mort, et comme promis, la vie en est victorieuse, même s’il fallait tout de même y passer avec pour seul bagage l’abandon  en la volonté de Dieu le Père.   Maintenant,  il  est déjà cette nourriture, celle qui sera prise  en sa mémoire.    Quelle exceptionnelle  situation que celle d’être là, à la fois en ressuscité -en chair et en os- et en présidant au repas, à la célébration de sa propre mémoire.


III. A nous de savoir où jeter les filets
Cette situation intermédiaire et unique permet de comprendre un des aspects de la présence mystique du ressuscité auprès des ses disciples. Elle permet de comprendre que les disciples, pour ne pas travailler en vain, doivent toujours écouter la voix de leur Seigneur pour savoir où jeter les filets.   Et en faisant ainsi, doivent être conscient du fait que ce qu’ils font est indispensable mais pas suffisent. Car, ce qui est nécessaire c’est de savoir que tout ce que l’on fait c’est pour accomplir une mission, et non pas l’inventer.


Evidemment changer de côté du bateau pour bien pécher  les poissons, c’est aussi pour les disciples l’invitation à changer de regard (encore une fois !)  sur leur maître, ce Jésus à qui ils doivent toujours faire confiance, lui qui maintenant est ressuscité.


Donc pour nous, même si, comme nous pouvons avoir en parfois l’impression, l’Eglise change de bord, c’est pour être toujours au mieux de  sa mission. Ce qui veut dire qu’il y a des zones stériles de l’action missionnaire, et tous les efforts qui y sont consentis le sont en pure perte.  Oui, l’Eglise peut changer de bord, en disant, maintenant n’ayons pas peur d’annoncer la bonté de Dieu et sa tendresse. Mais, l’Eglise en le faisant ne change pas de direction, qui est toujours la même, celle qui mène à la vie en plénitude, parce que le contraire signifierait  prendre la direction des ténèbres et de la mort.


Le ressuscité au bord du lac, montre qu’il est réellement présent, c’est ainsi qu’il prépare le repas qui symbolise sa vie et en même temps demande à ses disciples d’aller travailler pour trouver sa vie (le poisson,  Ichtios acronyme de Christos : Jesus Christos Theos Uios Soter, Jesus Christ fils de Dieu sauveur, ou même anagramme d’ichtios – christos  fait ressortir cette relation symbolique) ailleurs, dans le monde. La trouver et en rendre gloire à Dieu le père en faisant mémoire de la vie de son fils.