2013/09/08 - Homélie - 23e dim.ord.

Imprimer

A quoi renonçons-nous dans notre vie et pourquoi faire ?



Un sujet peu à la mode, tellement le mode du tout possible se présente à nos yeux.
Les lectures d’aujourd’hui nous invitent à nous poser cette question. Celle-ci est formulée à la fin de la péricope de l’Evangile par Jésus lui-même :
« celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »



Notre vie est pleine de renoncements.
Les enfants renoncent aux vacances car elles se terminent, les adultes aux congés qui aussi prennent fin. En venant à Hong Kong nous avons renoncé à quelque chose que nous avons quitté aussi.
A quoi ai-je renoncé en venant ici, je me suis posé cette question au bout d’un an passé à Hong Kong et où je suis revenu avec joie il y a quelques jours.



Nous pourrions renoncer à beaucoup de choses qui peut-être étaient importantes avant, sans pour autant être indispensables maintenant. Mais nous ne pouvons pas renoncer à deux choses : à l’amitié humaine et spirituelle.


St Paul dans la lettre à son ami Philémon le dit clairement au sujet d’Onésime, un esclave qui s’étant enfui avait été recueilli par Paul : « s’il a été éloigné de toi pendant quelque temps, c’est peut-être pour que tu le retrouves définitivement, non plus comme un esclave, mais bien mieux qu’un esclave, comme un frère bien aimé’.
Les retrouvailles auxquelles st Paul invite son ami Philémon visent l’amitié véritable.
D’un esclave, il va retrouver un ami.
Paul veut réaliser sa mission qui consiste à faire grandir le cercle d’amis.



Retrouver une amitié véritable ne peut se faire qu’on renonçant à quelque chose qui jusqu’à lors l’empêchait. Onésime appartenait au sens juridique du terme à Philémon. La fuite de son esclave force Onésime à retrouver la situation d’avant. Or, Paul lui propose mieux. Paul l’invite, voire même le force (très élégamment) à se reposer la question sur la nature et le bien fondée de cette appartenance.



Paul ne prône pas la suppression de l’esclavage, il n’est pas un réformateur social de plus. Il va encore plus loin, il vise à obtenir le meilleur de la relation humaine, quelle qu’elle soit :
permettre de restaurer la relation d’amitié qui selon la Bible, aurait du présider à toute relation véritable.



J’entends dans mes oreilles internes bourdonner la question qui surgit du fond de la pensée de beaucoup ici présents et peut-être, sûrement même présente dans le fond de ma propre pensée :
‘mais alors comment voulez-vous que je sois en relation d’amitié dans mon travail ou tout le monde se méfie de tout le monde, à l’école où je n’aime pas un tel ou une telle et c’est plus fort que moi.....’

Paul suppose la possibilité de l’amitié spirituelle et humaine, des deux, mais dans l’ordre, d’abord spirituelle et puis, lorsque c’est possible humaine.


Puisqu’il a tout fondé sur le Christ, en assurant ainsi la base spirituelle de son amitié, il peut aller, non naïvement mais lucidement, chercher les amitiés humaines.


Alors, diriez-vous, dans notre vie c’est tout l’inverse, d’abord nous sommes dans l’amitié humaine, en sélectionnant des ‘bonnes relations’ dont certaines peuvent même être considérées comme spirituelles.


En effet, Paul les énumère dans cet ordre-là aussi ‘humainement que dans le Seigneur’. Si il le fait c’est pour donner la priorité à la relation humaine avec Philémon afin de l’amener à la relation spirituelle, laquelle deviendra, peut-il l’espérer la base pour toute relations humaines par la suite.


De même quand vous aidez les enfants ou adultes dans le cadre d’une association ou autrement mais pour des raisons liées à votre foi, vous êtes dans l’amitié humaine, parce que vous êtes dans l’amitié spirituelle avec le Christ.


Et si vous ne l’êtes pas (encore !), vous êtes déjà dans l’amitié humaine sans pour autant faire obstacle à l’autre, l’amitié spirituelle.



La foi qui préside au raisonnement de Paul, nous invite à la vraie sagesse qui consiste à bien voir où est la véritable fondation.
Certes, la sagesse de Dieu, c’est-à-dire les intentions de Dieu à notre égard, n’est pas facile à découvrir.
Déjà comprendre le monde matériel, terrestre qui nous entoure c’est parfois, voire même souvent difficile.


La première lecture met en comparaison les deux pour dire à la fois, que si comprendre le monde qui nous entoure suppose quelques efforts intellectuels, comprendre les volontés de Dieu suppose avant toute la confiance.


Car avec Dieu c’est une relation d’amitié qui se noue. Si non, la confiance ne serait pas totale, car ce serait plus par peur ou par obligation de réaliser sa loi que nous agirions.
Or, Dieu qui nous aime, nous veut libres et dit : « Sois dans l’amitié véritable avec ton prochain et fais ce que tu veux » .



Comment parvenir à une telle sagesse, celle qui nous permet de construire d’abord dans l’amitié spirituelle et à la base de celle-ci les amitiés humaines ?


Paul vit les deux avec la même intensité, mais n’oublie pas laquelle est la première, laquelle de deux est la fondation pour l’autre.


Même si dans l’ordre concret et pédagogique, nous vivons d’abord l’amitié humaine qui nous fait comprendre la grandeur de l’amitié spirituelle.


Comment aimer Dieu si on n‘a jamais ressenti l’amour de la part de nos proches ?


Accepter donc la sagesse de Dieu et ses volontés à notre égard est un don de sa grâce pour nos vies, pour notre salut.



Puis, faire comme font tous les humains qui veulent construire un monde meilleur.
Comme le rappelle Jésus dans l’Evangile : d’abord s’assoir et calculer pour savoir si l’on peut construire une tour, une maison, une entreprise etc., puis, et les occasions se présenteront d’elles-mêmes, savoir lutter contre le mal d’où qu’il vienne.


10°
Accepter une telle sagesse, celle qui mène à l’amitié véritable, ‘aussi bien humainement que spirituellement’ s’accompagne de l’invitation à la sérénité, à la confiance et à la bonne distance.


Le temps de vacances nous en ont rapproché ou peut-être éloigné ?


Toujours est-il que nous avons maintenant le temps favorable pour faire grandir les raisons véritables de nos renoncements.


Qui ne sont que les bons indicateurs de ce qui est en jeu dans nos vies : notre bien être humain et spirituel, spirituel et humain, l’un ne pouvant pas se passer de l’autre.


Voilà l’horizon pour celle qui va être baptisée dans quelques instants, voilà la belle vie à vivre dès aujourd’hui pour chacun d’entre nous.