2014/01/05 - Homélie de l'Épiphanie

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I.  Quand les mages arrivent.


Nous sommes toujours dans le temps de Noël. Si les préparations   de Noël  ont duré quatre semaines, les festivités  de Noël vont  durer  à peu près tout autant. C’est  une belle règle dans le calendrier liturgique. Avec les fêtes de Pâques c’est pareil. Le Carême pour les préparer durant plusieurs semaines et tout autant pour le temps festif de la Résurrection.


Avec les mages se termine la première phase de la présentation et de l’accueil  de Jésus comme Fils de Dieu.  Les premiers à l’accueillir furent ses propres parents. Marie bien sûr ! avec son fameux Fiat, ‘qu’il me soit fait selon ta parole’ en l’accueillant dans son corps.  Puis Joseph, qui avait besoin de l’accueillir avant tout dans son coeur. Avant de l’accueillir au sein de son couple.


Et par leur couple et ainsi famille formée,  cet Enfant était symboliquement accueilli dans tout le peuple de la promesse, tant l’accueil d’un tel enfant résume toutes les attentes.  Lors de la naissance, les bergers, sont là pour reconnaître la divinité de Jésus. Eux, qui ne connaissent, ni ne pratiquent la Loi. Eux qui, vivent à la marge de la société et qui, forcement ! sont mal vus par les autres.  Bien sûr, il ne faut pas oublier le choeur céleste  composé d’anges qui chantaient la Gloire de Dieu.


II. Quand les gens cherchent Dieu.


Les mages représentent une autre catégorie, celle des gens avisés.  Les mages ont suivi l’étoile qui les a guidés jusqu’à l’Enfant. Ils sont équipés pour L’honorer du mieux qu’ils peuvent, comme un roi.


Aujourd’hui, comme hier et sans doute comme demain, tant de gens avisés cherchent Dieu.  Ils suivent une étoile qui les conduit à reconnaître la vérité spirituelle. Certes, l’étoile n’est pas toujours très clairement visible et donc pas toujours facilement identifiée. Mais nombreux sont ceux qui persévèrent, ce qui scrutent le ciel de leur espérance, qui s’ouvrent à une dimension autre que celle dans laquelle ils avaient grandi.


En mettant en comparaison la situation des bergers et celle de mages, on peut constater que ni les uns ni les autres  ne sont exclus de la possibilité de  reconnaître la réalité spirituelle, divine de cet enfant Jésus.


Mais cela dépend de quoi ? Sûrement de Dieu lui-même qui donne la grâce de la vraie conversion avec les yeux qui s’ouvrent complètement pour reconnaître ses merveilles et les oreilles qui reconnaissent sa voix. Mais bien évidemment, il compte aussi sur nous. 


III. Comment être des bonnes étoiles.


Alors comment sommes-nous des bonnes étoiles qui permettent aux autres de reconnaître en Jésus, le fils de Dieu ? Pour ce faire, il n’est pas nécessaire d’avoir une tête bien pleine de connaissances de Dieu. Car, comme aimait à le dire mon curé à Paris, en accord avec notre  vieil écrivain  (Montaigne) plutôt qu’une tête bien pleine, il vaut mieux en avoir une, bien faite.


Bien faite, n’est-ce pas celle qui avance dans une direction donnée avec courage et confiance, les deux constamment renouvelés ? Et si l’une de deux ou les deux lui manquent, elle trouvera d’autres têtes bien faites pour la secourir dans les moments difficiles. Elle le trouvera, de façon légitime auprès des autres membres de la communauté. Mais parfois elle le trouvera en dehors.


Tant de gens cherchent sans savoir comment trouver. Tant de personnes déboussolées,  sans savoir  qui croire et où se trouve la vérité. Tout peut être contredit, à l’instant même où ceci est affirmé. Comment construire une  vie stable quand on entre dans l’adolescence  avec déjà  un tel bagage ?  A quoi croire OU Qui croire ? Comment se faire sa propre opinion ?  Comment reconnaître tous les faux amis, qui comme Hérode demandent des informations pour  les détourner, voire même pervertir  de mille façons.


Demandons-nous quelle est la star de notre vie, et répondons seulement par une voix intérieure pour rester dans l’intimité où la vérité se fait  plus facilement jour.


Comment je réagis lorsque j’entends les autres dire, « nous avons vus l’Etoile » Qu’est-ce que je fais pour  la voir mieux, moi aussi ?  Quels types d’obstacles, y a-t-il à éviter pour nous, pour les autres qui ne voient rien de tout cela et qui pourtant cherchent ?


Comment résonne en moi ces paroles d’Isaïe, « Les nation viendront à ta lumière ». 
Ni chaud ni froid, brouillard complet, négation de principe ou de tête ou de coeur ?


IV. Alors comment reconnaître la vraie étoile ?


C’est facile, quand ceux qui la suivent viennent avec les trois cadeaux. Les mêmes que  ceux que portaient les mages : l’or, l’encens, la myrrhe. L’or pour signifier l’offrande de la vie avec  « toutes les richesses » dont on dispose. L’encens et la myrrhe en reconnaissance du messie qui nous conduit à la vie y compris au travers la souffrance et la mort. Une telle lumière ne peut être que le fruit de l’Esprit saint qui conduit tout à son heureux accomplissement.


V.  Nous sommes bergers et mages à la fois.


Nous sommes tantôt ces bergers qui  du  haut de leur montagne regardent le monde comme lointain, sans le comprendre ni y participer, sauf pour y survivre, quand encore il y a des moutons à garder, sinon le vagabondage total. Tantôt nous sommes comme ces gens avisés qui savent ce qu’ils veulent dans la vie et vont tout droit en suivant leur bonne étoile, en  croyant déjà tout savoir au sens  de reconnaître l’essentiel.


Nous avons à être à la fois ces bergers qui dans leur vie d’ignorants, obéissent à la voix de Dieu et ces wise men, ces mages ces gens avisés qui n’ont pas seulement le désir de la vérité, mais qui l’ayant cherchée de tout coeur, obéissent à la seul bonne étoile, celle qui conduit à reconnaître l’incroyable bien espéré par certains : Dieu fait homme.