2015/04/28 - Journal - Maya Népal

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MAYA NEPAL


Je viens de rentrer du Népal. Le tremblement de terre a surpris tout le monde. Les nouvelles sont plutôt rassurantes. Avant d’y aller j’en ai lu sur  l’Internet et savais que la zone était séismique et que cela arrivait souvent. Mais, apprendre que cela vient de se produire réellement change la donne, la conscience doit enregistrer l’effet d’une telle expérience. 

Parti avec un groupe de jeunes français de Hong Kong, je me suis trouvé dans un pays dont j’ignorais pratiquement tout. Dans ma mémoire j’ai apporté quelques clichés bien connus des occidentaux sur Katmandu comme eldorado des baba-cools et amateurs  des substances illicites. En effet Marihuana y pousse en qualité de mauvaises  herbes. La capitale népalaise, c’est aussi la base de départ pour les treckings, ces expéditions d’ascension des Annapurna avec le Mont Everest en ligne de mire des Alpinistes des Himalaya,  prêts à consentir à bien des efforts à la recherche de sensations fortes à couper le souffle et les jambes. 

L’an dernier, l’aumônerie de lycéens de la communauté  catholique francophone de Hong Kong a lancé un projet caritatif via  une association d’entraide aux enfants pauvres de Katmandu. La fondatrice de Maya Népal, Nicole, une française, vivant depuis plus d’un demi-siècle à Hong Kong (ancienne colonie britannique rétrocédée à la Chine populaire en 1997), a accepté une telle heureuse collaboration avec joie. Et la joie fut partagée. Une quarantaine des jeunes se sont mobilisés pour lever les fonds nécessaires à l’achat de différents produits scolaires et l’équipement de toute une bibliothèque. En deux groupes, ils sont partis quatre jours chaque fois pour  rencontrer les enfants,  repeindre les locaux, préparer la bibliothèque, mais aussi visiter grâce à une assistante sociale locale des slums dans lesquelles vivent les enfants dont l’associations tente à venir en aide. 40 pour cent d’enfants du Népal ne vont pas à l’école. Souvent, ils travaillent dans les champs voire dans les carrières pour participer à l’effort  de survie de toute la famille. Quelques uns d’entre eux peuvent être pris en charge scolairement par divers organismes d’entre-aide. Maya Népal s’inscrit durablement dans un tel paysage de solidarité avec pour fondement le désir animé par la foi chrétienne d’être signe concret de l’amour de Dieu pour tous. 

Une fois sur place, nous avons donc  ensemble prié et médité sur la manière dont les chrétiens peuvent voir même doivent  demeurer sensibles à toute sorte de misère et faiblesse humaine. Ensemble, nous avons aussi cherché à savoir comment  être  à l’écoute  de son cœur humainement bien formé et apprendre à être  attentif à l’appel de Dieu…

J’ai quitté le groupe vendredi dans la nuit, or le samedi matin la terre a tremblé. Je ne l’ai appris que samedi après-midi en me rendant à la messe. Avec certains parents qui y assistaient nous y avons prié en communauté pour toutes les victimes. Eux, les jeunes tout comme leurs quatre animateurs, ils étaient sains et saufs, bien que choqués et ceci hormis les secousses  ressenties  rien que par le fait  de voir le paysage de la ville encore quelques instants auparavant si naturellement rempli des grouillements de la ville se transformer en champs de ruines avec tant des corps humaines ensevelis. Ils étaient en train de distribuer des cartables pleins de cahiers et d’autres fournitures scolaires quand la terre trembla.  Ils ont passé la nuit dehors avant d’être rapatriés à Hong Kong où la direction du Lycée français en lien avec le consulat parfaitement dans leur rôle comptent répondre aux attentes d’accompagnement psychologique qui semble nécessaire. Nous nous retrouverons très bientôt pour reparler de cette expérience à la lumière de la foi chrétienne.  Maya Népal continuera, mais surement sous une forme encore plus élargie et plus profonde, car chaque fois que la terre tremble, sous une forme ou une autre,  il y a de la vie qui est en danger, mais il y a aussi de la vie à exprimer. 

P. Rémy Kurowski, Sac, aumônier de la communauté francophone de Hong Kong