2020/05/27 - Journal - Bus, seat down

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Le bus, une fois dedans, je m'installe près de la fenêtre, les autres continuent à entrer, passent pour trouver une place plus loin. Enfin quelqu'un qui, constatant qu'il n'y a pratiquement pas d'autre endroit pour s'asseoir, finit par occuper le siège d’à côté en se mettant légèrement de dos par rapport à moi.


Je l'interpelle en constatant que par rapport aux autres il n'a pas de chance d’être obligé de se mettre à côté. Sans rien laisser apparaître, il attaque directement sur mes origines étrangères. Je lui demande comment il le sait : mon accent à couper au couteau. Je sais que c'est fortement exagéré, mais la discussion sur ce registre, c'est moi qui l'y ai placé.


Il n’est pas très content d'apprendre que je suis citoyen français, donc quelques instants plus tard, lorsque je lui demande quel est son métier actuel, il ne peut pas s'empêcher d’ajouter une appréciation qu’il me prête : “pour vous c'est le pire métier”. A quoi, sans répondre, je réagis en lui demandant comment sa banque intègre les effets de la pandémie. “Elle ne fait rien, pour nous ça va, mais d'autres banques plus faibles, elles vont beaucoup souffrir”.


À aucun moment je ne le voyais souffrir, mais que sait-on de quelqu'un avec qui on a passé quelques minutes? Ce qui m'inquiète plus, c’est que sa banque ne fasse rien et que lui semble trouver cela normal.