2011/11/04 - Journal - Diaconie, Service du frère

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Ce mardi soir du 18 octobre, un peu par hasard,  je suis tombé sur une émission consacrée  à la personne et l’œuvre du père Joseph Wresinski (ATD-QuartMonde) Je suis resté en repensant à notre visite en doyenné en juin dernier au Centre international de la documentation d’ATD-QartMonde à Baillet en France.  Je n’ai pas vu la projection du film qui l’a précédé. Le débat en présence entre autre de l’actrice Anouk Grinberg dont la justesse de parole ne trompait pas sur ce qu’elle avait compris en participant  au film, tournait autour du droit et de l’efficacité de la  redistribution équitable de richesses, matérielles y compris, bien évidemment. Les attitudes de charités et ou celles de droit, l’antinomie ou complémentarité ? Le débat faisait apparaître des clivages à caractère socio-culturel voir même idéologique et politique. Comment cela me renseigne sur la place de l’Eglise et la manière dont celle-ci  ‘colporte’ le message du Christ, tout amour, toute charité, qui se laissait rejoindre par tant de cris de souffrance et de mal être ?

Eglise : composée elle-même de pécheurs qui se laissent sanctifier par la grâce d’être frères parfois elle se présente sous les aspects d’une organisation caritative qui s’occupe des ‘handicapés’ de toute sorte, de mal en point et qui  cherche, non sans mal, des bénévoles acceptant d’accomplir des tâches  très concrètes dans l’attitude de service désintéressée.   L’Eglise se présente ainsi lorsqu’elle cherche des ouvriers de n’importe quelle heure pour travailler à la vigne du Seigneur. Les ouvriers sont là, disponibles. Et elle les cherche. A l’évidence ils ont du mal à se trouver. Au point que lorsque l’Eglise demande,  bien souvent, et face à l’immensité de la mission, pour la plupart ils ne répondent pas présents.  Cela ne veut pas dire forcement qu’ils ne le font pas, mais ils le font ailleurs au dehors et pas forcement pour la vigne du Seigneur, mais plutôt pour le pressoir des affaires courantes dont la nécessité de réagir  trouve chez eux un écho favorable. Mais pas par Eglise. Pourquoi ?

La laïcisation de la générosité, au sens évangélique du terme, est un processus long de plusieurs siècles et éventuellement il ne tarira qu’avec les derniers souvenirs d’avoir appartenu à la mouvance chrétienne.

Soit parce qu’elle, l’Eglise, demande mal (comme dans la manière de prier) au point que ceux à qui elle s’adresse ont  du mal à entendre ce qu’elle demande. Soit parce que ce n’est pas le moment pour eux de l’entendre dans la logique du ‘mon heure n’est pas encore venue’.

Dans le premier cas, c’est la communication horizontale entre l’Eglise prestataire de service et ceux à qui elle fait appel qui est en jeu et les améliorations toujours aussi nécessaires que possibles sont à envisager sans se lasser.
Dans le second cas, c’est la communication verticale qui est en jeu. Nous ne connaissons pas seulement  ‘ni l’heure ni le jour où le Fils de l’homme viendra’, mais nous ne connaissons pas non plus quand et pourquoi à ce moment là et non plus à un autre, donc seulement à ce moment là que le Seigneur vienne dans le cœur et ouvre à la  mission. Avec ces deux inconnues  pour viatique, nous traversons la vie de l’Eglise et en Eglise. Eglise qui continue sans se lasser à faire appel de phare, de pied et surtout de cœur pour qu’un jour selon ce qui est toujours caché dans le mystère de Dieu se révèle comme disponible à la grâce, se révèle ou pas.
 


‘Jospeh l’insoumis’ (le titre du film)  ne peut pas ne pas déranger, interroger, sans abroger le besoin d’aller jusqu’au bout de l’exigence évangélique et surtout sans s’arroger le privilège d’avoir trouvé la solution au problème du monde et de sa justice.  Peut-être la diaconie 2013 permettra d’en entrevoir des portes ouvertes au cœur même de la rencontre avec le ‘refus de la misère’ journée mondiale du 17 octobre de chaque année depuis 1992 y étant consacrée.   

« La où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, le Droits de l’homme sont violés; s’unir pour le faire respecter est un devoir sacré » Joseph Wresinski, parvis des libertés et des Droits de l’homme au Trocadéro, Paris.