2012/02/05 - Journal - De l’attente de part et d’autre

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Je me réveille juste à l’heure, pour être à la messe prévue à 7 h 30, le calme d’alentour favorise le repos du corps et de l’âme. J’ai encore un souvenir très frais d’avoir été naguère   noyé, bercé, par le TGV qui n’a pas manqué de déposer ses passagers à Marseille. Nous sommes tous passagers de quelque chose, d’un déplacement, d’un temps, d’une pensée,  d’une sensation ou de plusieurs. Plusieurs routes, plusieurs passagers, plusieurs embarcations pour toujours à plusieurs, même quand on est seul.

 

Je me réveille juste à l’heure, le téléphone sonne. Vu quelques flocons de neige, il se peut qu’il n’y ait que quelques personnes pour le colloque sur la christologie. C’est pour cela que je suis venu à l’ISTR : écouter l’évêque d’Alep sur la christologie de l’Orient et de l‘Occident,  Alexandrie  et Antioche deux ville référence.   Dieu-homme et homme-Dieu, Christ les deux à la fois, mais par lequel  commence-t-on la présentation ? L’ordre des mots peut être à l’origine des maux dont souffre le sens. A moins que les deux ne se complètent, l’évêque d’Alep le confirme. La salle est comble, nos oreilles sur  le Christ et sa paix aussi, combles et attentives. Le témoin de la foi des pères, foi incarnée dans la voix du corps d’un jésuite de Syrie.     

 

Le Christ, les uns les portent aux autres et cela de bien de différentes façons. Le soir de la chandeleur,  le deux février donc je suis allé voir une paroissienne dans la clinique  où elle reprend ses forces et ses esprits après avoir chuté dans sa maison. Le colle de fémur lâche parfois à 80 ans et les tibias sans pouvoir vous tenir, comme une bonne béquille vous rentre dans la chair juste avant de vous terrasser. Vous mettrez plus d’une heure à accéder au téléphone qui se trois à trois mètres. Pour le faire, vous usez de la vieille  et déjà bien oublié, mais  oh  combien ! efficace technique  du tir-fesses du bébé que vous étiez  dans le temps, cet autre temps qui vous fait  mesurer la distance entre le maintenant et  ce temps d’autrefois  dans lequel  on voudrait tant se réfugier parfois.   Pliés en deux, voir en quatre vous traînez d’un bout à l’autre de votre existence terrestre, où l’enfance et la vieillesse vous devenues familières comme le pille  et le face d’une seule et même pièce. C’est seulement dans cette unité intime alors que cassé  à  l’intérieur que vous avancez dans la vie.          

 

A la fin de l’entretien, plein de drôlerie  et de vraie vie, elle me glisse  dans le couloir ce billet d’amour qui murmure : la prochaine fois, si vous venez avec le bon Dieu, je ne serai pas fâchée. J’y ai pensé, sans vous en avoir parlé au téléphone, peut-être quelqu’un d’autre l’a déjà fait aujourd’hui ? Oh, oui, il y a des pensionnaires qui ont de la visite, cela existe aussi ! Puis passer par l’église c’est cinq minutes de plus alors que je savais que je ne passerais pas beaucoup de temps à la clinique. Je pensais, lui répondis-je qu’il était plus important (que le bon Dieu me le pardonne !)  de nous voir un peu plus. Et je savais que vous comprendrez.

 

Oui, vous avez très bien fait, dit-elle,  il n’y avait pas que de la politesse dans sa voix.  Il n’y avait pas de concurrence dans la mienne, il y avait de l’attente de part et d’autre.