2010/04/05 - Méditation-orgue du lundi pascal

attention open in a new window ImprimerE-mail

Franz Liszt, Ad nos salutarem undam  
(parmi les plus grandes pièces d'orgue, 45 min)
Le texte est lu en écoutant la musique jouée par Y. Daguerre
Église de la Collégiale St Martin, Montmorency

 

Le torrent en furie dévale le flan raviné de la haute montagne. Des milliers de mètres cube d'eau se déversent en un clin d'œil. Ils trouvent le chemin sans donner dans le détail. 

 

Enivrant spectacle pour les passants médusés. Ils n'ont rien de promeneurs insouciants. Gambader sur les collines et admirer toutes sortes de déversoirs de la matière liquide n'est  pas,  semble-t-il, leur préoccupation du moment.  

 

Le torrent en furie.....   Puis un palier, une douce rétention naturelle. Les rayons de soleil jouent sur le plan d'eau presque immobile. Mais en s'approchant de l'autre bord, le mouvement reprend de la vigueur. Non, c'est une fausse alerte. L'eau naguère en furie  fait le tour du lac majeur. Et elle se laisse regarder par les profondeurs remplies d'une eau qui, elle, ne bouge pas. C'est presque glaçant à y penser. Cette eau-là y est si froide, et depuis si longtemps.

 

Les eaux du bas regardent les eaux du haut. Sous l'aspect immobile et glacé la furie s'empare du Léviathan qui dort. Mais il n'est pas là pour dormir. Il est là pour agir.

 

Elles, les eaux du haut et les eaux du bas, avaient tout pour s'entendre ou presque :

 

Les mêmes molécules,
Mais pas la même clarté ;

 

La même gravitation,
Mais pas la même gravité ;

 

La même fluidité,
Mais pas la même agilité ;

 

Les eaux du bas regardent les eaux du haut. Et si l'on pouvait s'entendre ? Nous sommes des gémeaux, comme deux gouttes d'eau. A s'y méprendre.    

 

Le tour du vautour
Au diamant noir de ses ailes
Dessine une courbe dans l'azur.
Le ciel semble s'en émouvoir
Tellement sont prises d'admiration
Les eaux du haut et les eaux du bas
Tout y est clair
Tout y est limpide.

 

Pendant ce temps, le temps n'a pas pris une ride.

 

Tant que le vautour est regardé par les eaux du haut et les eaux du bas,
Il ne semble pas tourner à vide. 

 

Les eaux entremêlées s'en trouvent dans une connivence solide.
Elles ne bougent plus, elles sont immuables, bien que liquides.     

 

La tranquillité, hélas ! ne dure qu'un temps. 

 

-Molécule ! - le mot sonne désormais comme une injure,
-Pousse-toi ! que je m'y mette ! J'arrive d'en haut vers le bas
N'est-ce pas trop que cela dure, n'est-ce pas ?
-Et pourquoi cela ne durerait-il pas ?
-Pourquoi ?

 

Parce que tant d'autres se précipitent d'en haut vers le bas.
Tous perdus dans la chute,
car se réveille le Léviathan qui dormait dans les eaux profondes.
Est-ce aussi le regard posé sur les eaux précipitées d'en haut vers le bas  qui les entraîne dans la chute?
Le regard de qui, de quelle complaisance ?
 Le regard des eaux tranquilles reposant sur la surface du lac majeur de la vie qui dort soutenu par les autres eaux, celles du bas. 

 

Et le vautour transformable à souhait en colombe de la paix !
Du pareil au même, tout se vaut, Tout ? Tout de même ! 

 

Séparez-nous ! Se mettent à soupirer, chuchoter les eaux du haut qui viennent rejoindre les eaux du bas. Nous ne pouvons pas rester sous ces regards glacés qui nous figent, qui nous apostrophent et nous fustigent, qui nous arnaquent pour nous emprisonner dans leurs vertiges des profondeurs de ce qui ne va pas.
Nous devons échapper à l'emprise de leur mortifère mainmise !

 

Le vautour n'a rien demandé
Il était là, immobile dans ses desseins
Et moi, aphone, j'ai envoyé dans les profondeurs muettes de mon être ces tralala !

 

Et depuis, sans faire de vagues, ni confus, ni anesthésié, j'apprends à nager dans les eaux tranquilles, sans réveiller le Léviathan, cet épouvantail qui n'indique pas la direction du vent, mais qui non plus ne me tenaille. 

 

 

La même fluidité,
Mais pas la même agilité ;

 

Les eaux du bas regardent les eaux du haut. Et si l’on pouvait s’entendre ? Nous sommes des gémeaux, comme deux gouttes d’eau. A s’y méprendre.   

 

Le tour du vautour
Au diamant noir de ses ailes
Dessine une courbe dans l’azur.
Le ciel semble s’en émouvoir
Tellement sont prises d’admiration
Les eaux du haut et les eaux du bas
Tout y est clair
Tout y est limpide.

 

Pendant ce temps, le temps n’a pas pris une ride.

 

Tant que le vautour est regardé par les eaux du haut et les eaux du bas,
Il ne semble pas tourner à vide.

 

Les eaux entremêlées s’en trouvent dans une connivence solide.
Elles ne bougent plus, elles sont immuables, bien que liquides.    

 

La tranquillité, hélas ! ne dure qu’un temps.

 

-Molécule ! - le mot sonne désormais comme une injure,
-Pousse-toi ! que je m’y mette ! J’arrive d’en haut vers le bas
N’est-ce pas trop que cela dure, n’est-ce pas ?
-Et pourquoi cela ne durerait-il pas ?
-Pourquoi ?

 

Parce que tant d’autres se précipitent d’en haut vers le bas.
Tous perdus dans la chute,
car se réveille le Léviathan qui dormait dans les eaux profondes.
Est-ce aussi le regard posé sur les eaux précipitées d’en haut vers le bas  qui les entraîne dans la chute?
Le regard de qui, de quelle complaisance ?
 Le regard des eaux tranquilles reposant sur la surface du lac majeur de la vie qui dort soutenu par les autres eaux, celles du bas.

 

Et le vautour transformable à souhait en colombe de la paix !
Du pareil au même, tout se vaut, Tout ? Tout de même !

 

Séparez-nous ! Se mettent à soupirer, chuchoter les eaux du haut qui viennent rejoindre les eaux du bas. Nous ne pouvons pas rester sous ces regards glacés qui nous figent, qui nous apostrophent et nous fustigent, qui nous arnaquent pour nous emprisonner dans leurs vertiges des profondeurs de ce qui ne va pas.
Nous devons échapper à l’emprise de leur mortifère mainmise !

 

Le vautour n’a rien demandé
Il était là, immobile dans ses desseins
Et moi, aphone, j’ai envoyé dans les profondeurs muettes de mon être ces tralala !

 

Et depuis, sans faire de vagues, ni confus, ni anesthésié, j’apprends à nager dans les eaux tranquilles, sans réveiller le Léviathan, cet épouvantail qui n’indique pas la direction du vent, mais qui non plus ne me tenaille.