2010/08/18 - Concert-méditation de l'Assomption

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Le cocktail musical proposé aujourd'hui par Yannick à l'occasion de cette fête de l'Assomption nous offre  une large palette de sensations sonores. Du Bach, du Schuman, du Buxtehude et du Brahms des siècles plus éloignés, mais aussi du précédent siècle Jean Alain et Duruflé, et au milieu d'eux du Daguerre que Yannick ne manquera pas de nous présenter, car qui peu mieux le faire que l'auteur lui-même.   

 

Mon attention première est aujourd'hui tournée vers les deux compositeurs de la première moitié du XX siècle Jean Alain et M Duruflé. Deux organistes de renom dont la courte vie, hélas ! a  empêché de  déployer d'avantage leurs immenses talents de compositeurs-interprètes.

 

Jean Alain (1902-1940) vient d'une famille de musiciens et en particulier d'organistes, son père a construit un orgue dans sa maison (j'ai été dans une maison dans le sud de la France où un canadien épris de la musique d'orgue se fit également construire un orgue à la maison en faisant enlever le plafond pour aller avec ses tuyaux le plus haut possible) On raconte que lors des auditions les autres élèves  demandaient à Jean Alain de passer à la fin, tellement il était brillant. Mort au front en 1940 après avoir laissé le goût de l'élévation par la musique,  alors traîné dans la boue de la souffrance et de la mort,  laisse désormais comme tant d'autres le goût  amer de la cacophonie de la gente humaine lorsque celle-ci s'exprime avec les armes de la violence suscitée par la haine.

 

Son jardin suspendu -c'est le titre de la pièce jouée par Yannick - suspendu au-dessus de nos bassesses terrestres est une invitation à entendre le souffle de l'Esprit Veni Creator de Duruflé son contemporain. 

 

Ces deux dernières pièces seront introduites par une méditation en vers :

 

Marie est élevée au ciel
Avec elle notre regard se lève vers
Là-haut d'où son Fils est venu
Et où nous  sommes tous attendus.

 

Lever le regard C'est donc vivre
Et surtout le vouloir et suivre
Ce qui d'ici se donne à voir
Sur une telle heureuse trajectoire

 

Dans notre société assoupie
Par le regard sur son nombril
Plus d'un tombe à plat ventre, fébrile,
Tourne sur lui-même comme une toupie

 

Dans les âges que nous appelons
Moyens il était interdit de voir
Ceux qui régnaient sur  la terre

 

Seulement au son de l'Angelus
On pouvait relâcher son rictus
Et lever les yeux  vers la tour
De l'église vue aux alentours

 

Porter le regard vers Marie
C'est la suivre dans ses voies mûries
Au son de la trompette portant
Au loin le regard des passants
 

Et si un jour vous l'entendez
Non, ne bouchez pas vos oreilles
Mais bien davantage quémandez
Sans vous arrêter sur la veille

 

Sur ce qui remplissait votre vie
Mais sur ce qui vous a ainsi
Traversé comblant le désir
De ne plus jamais en finir

 

Jésus aussi partit au ciel
Mais lui ce fût pour retourner
D'où il venait et était né
Engendré d'amour éternel

 

Alors que Marie, ce fut pour
La première fois qu'elle y allait
La première née des troubadours
Voulant vivre dans ce Palais

 

Elle qui était né sur la terre
N'y est plus jamais retournée
Sauf pour apparaître et parfaire
L'audition  du message  écorné

 

De l'Evangile, de la bonne  nouvelle
Annoncer la venue du ciel
Qui se penche aujourd'hui comme hier
Sur notre misère quasi éternelle

 

Avec le regard vers le bas
Où gît l'orphelin du bonheur,
Cet homme sans foi, ni toi, ni loi 
Ce n'est pas ici ni pour moi !

 

Avec la musique entendue
qui de la terre vers les hauteurs
me ravit, dans ce jardin  suspendu
J'emporte mon petit coin de paradis.