2010/11/01 - Méditation-concert de la Toussaint

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Aujourd'hui nous commémorons la foule immense des témoins de la foi chrétienne, on les appelle saints, car marqués dans leur vie de l'empreinte de la présence de Dieu trois fois saint. A cette occasion nous commémorons aussi la présence dans nos vies de ceux qui nous sont chers et qui sont déjà décédés.
La fête d'aujourd'hui et celle de demain, nous renvoient toutes deux à la question de la mémoire et donc du bon souvenir. Car dans la mémoire il y a de tout et donc il est important de savoir ce que l'on retient et ce que l'on laisse partir dans le pays de l'oubli.

 

Dans la deuxième moitié du XX siècle, après tant d'atrocités infligés les uns aux autres, on a beaucoup insisté sur le devoir de la mémoire :

'nous n'oublierons jamais',

'souviens-toi' etc.

Retenir dans la mémoire les avertissements  pour les générations futures afin de les prévenir du danger de glisser sur une mauvaise pente dans la relation aux autres !
Depuis un certain temps, on se pose aussi la question inverse, que faut oublier pour vivre ? L'interrogation vient de la part de tous ceux qui en ont trop vu pour vivre 'normalement' et donc la seule solution possible semble devoir sombrer dans l'oubli.
Mais il ne faut pas se tromper sur la matière à oublier. Ceci est aussi vrai pour la vie individuelle que pour la vie collective.

 

Le souvenir de nos chers disparus est lié à ce double travail de mémoire de retenir et d'oublier. Nous les appelons aussi défunts ou décédés, deux mots d'origine latine très proches dans leur sens, mais avec de nuances qu'il serait bon de rappeler. 
Le mot défunt apparaît en français au XIII siècle. Il vient du defunctus qui veut dire mort mais avec l'accent mis sur le terme de la vie, sur sa fin et donc sur la rupture avec ce qui pourra éventuellement en résulter dans sa vie dans l'au-delà du défunt lui-même ou dans la mémoire de ceux qui restent dans la vie sur terre.
Alors que le mot décédé qui apparaît au XV siècle vient du decedo et veut dire partir, s'éloigner, céder place et  dans l'expression decedo de vita veut dire littéralement mourir. Dans ce deuxième sens 'décéder'  l'accent peut donc être mis plutôt sur le fait de renouvellement de génération alors que dans le cas du  premier 'défunt' l'on insisterait davantage sur la rupture.

 

Comment la mémoire se charge de l'un et de l'autre de ces deux sens ?
Elle le peut par le bon souvenir de la vie de nos chers disparus et par le bon souvenir de la promesse de vie éternelle qui l'avait accompagné depuis son baptême.
Eux, ils ne sont plus, et il nous revient de bien choisir dans ce qui peut l'être afin de continuer de vivre pas tant sous l'emprise du manque de leur présence autant que cela se peut, mais dans l'attitude d'espérance qui ne trompe pas.
Mais pour en être un peu plus sûr de la vérité d'une telle espérance il faut aussi faire une réelle sélection dans nos sentiments et nos pensées pour savoir ce qu'il faut retenir dans la mémoire et ce qu'il faut laisser filer  entre les  mailles du filtre qui dans un sain travail d'oubli ne retiendrait que de la bonne mémoire.
Etre conscient des enjeux c'est déjà être en chemin vers.

 

Que la présence vivifiante de la foule immense de témoins de la foi  en la Vie d'amour et de paix nous aide à continuer à tisser des liens d'heureuse mémoire !