2008/03/23, Pâques - Concert-méditation du dimanche pascal

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Église de la Collégiale Saint-Martin (Montmorency).

En deux parties, la première à partir d’une interrogation et la seconde à partir d’une affirmation.


1. Une interrogation :

Pourquoi le commerce a du mal à se saisir de la fête de la Résurrection ?


Les œufs de Pâques et les cloches en chocolats, c’est à peu prêt tout ce qui reste. L’éditorial de la feuille de l’assemblée paroissiale pour ce dimanche de Pâques  contient la description détaillée de la tradition russe en matière d’œufs de Pâques. Dans la Pologne de mon enfance on fabriquait aussi à la maison, l’agneau pascal en beurre à partir d’un moule. Tout cela ne pèse cependant pas lourd comparé à ce qui se passe pour Noël.

Des pommades pour freiner le vieillissement de la peau et les bains de jouvence n’ont pas besoin d’un support pareil.

Ce qui tue la pub commerciale, c’est l’éternité. Vous n’imaginez pas que l’on fasse de la pub pour le transport aérien, éthéré d’un bout d’éternité à l’autre, d’un endroit du ciel, du paradis à un autre.

C’est Dieu qui tue la pub(licité) car il fournit les moyens de locomotion à tous et ceci gratuitement. Il le donne à tout moment (si l’on peut se permettre de parler ainsi en appliquant à l’éternité le mot « moment » en question). Il le donne à tout moment et de plus, pour toujours (dans le cas de l’éternité c’est déjà mieux d’en parler ainsi). Il le donne donc à tout moment, pour toujours et surtout sans usure ! Pas de chromosome de vieillissement dans ce qu’il donne, pas de détérioration possible ni par effritement mécanique ni par éviction volontaire.

Sans usure ! C’est surtout là que cela cloche !

Vendre des produits (les moyens de transports en sont le symbole), inusables, c’est ne les vendre qu’une fois.  C’est justement ce que Dieu fait. Même s’il ne les vend pas, car il les offre.

Encore un piège pour la pub(licité) commerciale. Pour Dieu tout est offert, alors que nous voudrions en acheter. A quel prix, d’ailleurs, puisque dans le commerce divin, si l’on se tient au mot « commerce » qui est légitime dans la théologie et qui veut précisément dire l’échange gratuit des grâces qui ne sont que des cadeaux, il n’y a  pas de monnaie d’échange.

Et de l’autre côté, pour la pub commerciale (l’adjectif est presque une injure car dans la quasi majorité des cas, une redondance), donc pour la pub commerciale tout est à vendre même si ceci est presque toujours présenté sous forme d’une offre, comme si c’était offert, ce qui veut dire gratuit. Regardez bien toutes les promotions qui génèrent tant d’émotions. L’offre se présente sous forme de rabais de 10 %, de 30 %, de 50 %, 80 % . Et quand cela atteint quasiment 100 %  ça devient suspect, tout au moins pour les experts en achats, les avertis de la promotion que nous sommes, vous et moi, car les autres…. 

Dieu ne vend rien, il se donne. Il ne brade rien pour autant. Alors que la promotion commerciale n’est qu’une super- méga- braderie. Comme quoi, il y a des mots dont l’honnêteté dérange et que l’on met au panier, des produits langagiers oubliés, désuets, usés et donc à ne pas « ressusciter », assurément « braderie » en fait partie.

Dieu offre sa vie, mais il y a une astuce de sa part, que beaucoup n’arrivent pas à voir, car c’est écrit en tout petit sur l’emballage de la livraison de nos vies. Et les myopies de toutes sortes, y compris celle qui parfois vient avec l’âge, tout ceci n’arrange rien. Car Dieu n’offre ce cadeau qu’à l’intérieur de notre vie, vie quasi toute marquée par les règles commerciales selon lesquelles tout s’achètent.

A nous de voir si tout s’achète, y compris la mort, y compris la vie. C’est à nous de savoir que ce n’est pas vrai. Et c’est aussi à nous de voir quel est le prix pour s’en apercevoir, pour le voir et ayant acquis un tel savoir se maintenir à flot de son avoir.                      

 

 2. Un constat :

La séparation est fondatrice.  


La séparation est fondatrice des relations. Le rabbin Neusner et Benoît XVI  (« Jésus de Nazareth ») vont dans le même sens. Comprendre ce qui fait la différence entre les juifs et les chrétiens c’est se comprendre soi même.  C’est seulement à la base d’une telle attitude que la relation véritable, relation de respect de la différence, est possible.

Jésus,  dans la passion,  entre dans la mort. La mort, il l’a connaît par sa passion,  Il la « comprend », il la connaît de l’intérieur de lui-même et de l’intérieur d’elle-même. Tout en traversant la mort il ne la connaît que de son vivant, c’est-à-dire dans sa passion. Ce qui était séparé entre Dieu –source de la vie- et les hommes, voire la création  toute entière, -vouée à la mort- désormais est uni en Christ. Uni, car  la passion et la mort du Christ conduisent à la Résurrection. Le Christ qui désormais, de par  sa propre existence, connaît ce qu’est la mort, lui, le Christ qui connaît ce qu’est la vie en Dieu, participant à la nature divine en tant que Fils qui  a tout reçu du Père, désormais, en connaissant la vie et la mort séparément, peut les assumer ensemble dans sa propre vie.

La résurrection a ceci de lumineux pour nous les chrétiens, qu’elle nous fait entrer dans la vie humaine par  une grande porte. Quelle est cette grande porte, sinon celle qu’ouvre l’aveu du péché. Péché, qui entraîne à la mort, mais qui  ainsi, dans un tel aveu posé devant Dieu, ouvre un avenir toujours possible. En effet la Bible n’envisageant jamais le mal, le péché, autrement que « devant Dieu »  elle pointe le regard sur  cette espérance. C’est alors que l’on se rend compte que l’idéologie de l’innocence  n’est pas une bonne issue, car cette idéologie n’a jamais protégé l’homme contre les barbaries, contre la déshumanisation, contre la minéralisation, contre la fossilisation de morts vivants. 

Le Christ ressuscité éclaire comment la mort et la vie, comment le péché et la grâce, tout en étant diamétralement opposés l’un à l’autre, et c’est pour cela qu’on les distingue, et en même temps étant liés l’un à l’autre, comment  ils sont  des vecteurs  de la Vérité de la Vie dans l’Amour. La Résurrection est  la source et le miroir  de la Force qui tout en permettant de séparer la vie de la mort, les « associe » dans l’œuvre du salut.