2016/09 - Méditation personnelle - La miséricorde

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La miséricorde a frappé à ma porte comme un mendiant cherchant gîte et couvert. 

C'est ainsi que je l'ai vue venir. Mais quand j'ai voulu lui offrir tout ce qui fait partie de ma vie, elle m'a dit qu'elle ne voulait pas de cela, que c'était trop pour elle, que ce serait trop lourd à porter une fois partie. Elle voulait juste de quoi se réchauffer auprès de mon coeur pour nourrir son désir d'aller plus loin. J'ai donc laissé la porte de mon cœur entrouverte en pensant qu'elle serait ainsi rassurée de pouvoir repartir à tout moment, juste pour ne pas l’effaroucher. Et là encore elle m'a fait comprendre par un geste de sa main posée sur mon épaule qu'elle n'était pas là pour m'extorquer l'accueil de sa pauvreté mais qu'elle le voulait en entier. J'ai donc fermé la porte comme j'ai pu, car avec elle à l'intérieur la porte fermait mal, je n'ai pas pu la fermer complètement. Un peu dépité, je me suis excusé auprès d'elle. Là encore elle m'a dit qu'elle ne pouvait pas se compresser de sorte que je puisse fermer la porte. Puis elle a ajouté si cela vous dérange je peux partir tout de suite. Franchement gêné, j'ai balbutié que j’étais vraiment désolé de l'avoir encore une fois mal comprise. A quoi elle m'a répondu qu'elle ne craignait pas d'être mal comprise ni mal logée car de cela elle en avait l’habitude. Mais ce qu'elle redoutait le plus c'est d'être mal accueillie. Comment faire ? dis-je alors. Laisse la porte entrouverte, quand je repasserai la prochaine fois, tu me verras au loin et je viendrai avec d'autres amis qui me sont chers. Là je me suis senti pris au piège, c'est de l’envahissement, dans ma tête les pensées se bousculent. Quoi faire.... depuis j'ai déménagé et j’habite dehors. Seulement mes pensées vagabondent sans raison alors que la miséricorde continue à errer et je la vois passer devant moi sans que je puisse comprendre ce qu’elle cherche dans un tel état. Moi, depuis  déjà bien longtemps j’aurais su comment trouver ce qui me manque. Visiblement elle n'est pas de ce monde. Rien n'y fait, je dois me rendre à l'évidence : je ne pourrai jamais l'apprivoiser, elle est trop libre, trop indépendante. Elle n’a qu’un seul patron : elle-même.  Alors que moi, je dois en trouver un qui soit à la taille de mes aspirations, y compris à son sujet. Mais là encore je me suis trompé, aux dimensions d'amour du monde, cela n'était pas suffisant non plus. Insaisissable, que diable, elle n'a rien de pareil. Et moi, j’erre sans elle, livré à mes souvenirs d'autorisation quand elle était tout près de moi et me parlait tout bas. Je me souviens de cela, mais pas de mots ni même du pourquoi.