2009/08/12 - Méditation - Assomption, Bach, Magnificat et Thérèse d’Avila.

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1. INTRODUCTION


Je vous livre cette méditation préparée au Carmel d’Athènes

En  1561, le jour de l’Assomption, Ste Thérèse d’Avila se trouvant dans un monastère de l’Ordre du glorieux Dominique a eu une vision  de la Vierge (et de st Joseph) au cours de laquelle elle est revêtue en leur présence d’un vêtement d’une  très lumineuse blancheur, alors qu’elle était en train de considérer « le grand nombre de ses  péchés »  naguère confessés dans cette église. Thérèse fait comprendre dans son récit que c’est de sa propre sainteté  que Marie la revêt.

Au cours de cette vision Thérèse reçoit également l’encouragement concernant le projet de fondation  du couvent, ce qui se réalisera un an plus tard par la fondation du couvent st Joseph à Avila.

«La fête liturgique..., l’Assomption, nous parle également de notre fin dernière. Et, lorsqu’au terme, Thérèse voit  sa Reine et son « Seigneur » st Joseph remonter au ciel, elle ressent une immense solitude : sans le Christ et ses saints, la terre  n’est plus qu’un désert. Peut-être avons-nous là,...un lointain reflet de ce que la Vierge éprouva au moment de l’Ascension de Notre Seigneur. » [1]

Voici, en guise de toile de fond ces trois passages qui se rapportent à la vie de sainte Thérèse d’Avila et la fête de l’Assomption. Mais quel rapport avec Jean-Sébastien Bach ?

 

2. « SEIGNEUR, DEVANT TON TRÔNE JE VAIS APPARAÎTRE »


Le texte et la musique sont dictés  par Bach lui-même sur son lit de mort  pour résumer sa vie, pour l’offrir à Celui qu’il allait rejoindre. Alors que tant de fois dans tant et tant de musiques, il s’élevait déjà pour Le rejoindre par le beau et le sensible, par l’harmonieux et  le perceptible, par le fluide et  le susceptible de porter ce que les autres n’ont jamais su faire. Maintenant  il est atterré par l’arrivée de la mort toute proche, maintenant, il s’élève pour la dernière fois. 

 

3. « MAGNIFICAT en Ré mineur ».


3.1 À quoi pensait-il, en l’écrivant ?

À Marie, Mère de Dieu et Mère de Jésus, à la grandeur de la nature humaine s’exprimant dans l’accueil de la Vie comme Marie l’a fait ?... Dans l’accueil de la grâce de la vie, dans l’accueil de sa propre plénitude, dans l’accueil de sa propre jubilation ?


3.2. L’accueil du Vrai enrichit l’accueil du Beau

Oui, c’est l’accueil du Beau qui traverse l’œuvre de Bach qui fait penser à l’accueil du Vrai de Marie. Le Magnificat de Marie résume et le vrai et le beau de sa vie qui est au contact avec elle. Et ceci sous la motion de l’Esprit  qui fait é-mouvoir  son âme, âme qui à son tour porte à son esprit  habité, car imbibé de prière  de louange, cette commande à son achèvement si improvisé et si fluide sous forme d’une telle expression.
L'accueil de la beauté,  pour dire la vérité  de ce que vivait Bach croise l’accueil de la vérité que Marie exprime  dans une prière, dont la beauté n’a pas échappé  au compositeur.


3.3. Bach et sa caisse de résonance.

Marie a composé les paroles, Bach la musique, nous composons avec l’un et l’autre, mais il y a aussi Thérèse.
Marie, et  Thérèse à sa façon, sont championnes  de l’unité en Dieu, et Bach en est une inégalée caisse de résonance, son oeuvre n’est-elle pas qualifiée de cinquième évangile en musique.

Ce que Marie a exprimé dans son corps.... Bach le fit dans le sien. Il s’exprime avec sa musique jaillissante de la pensée analogique où Magnificat, ce thème éminemment biblique, lui sert de support pour dire, se dire, s’élever... Et si cela avait été  sans référence à la Bible, sans cette matrice analogique, nous aurions, peut-être aussi, en écoutant Bach,  été cloués au seul  désir  que la musique de Bach limiterait d’inspirer. À savoir, celle  qui n’élève qu’à partir de nous-mêmes, somme toute,  une partie de nous-mêmes, mais sûrement pas tout de nous-mêmes. Or, Thérèse l’a expérimenté avant de recevoir  le manteau  de la part de la Vierge qui l’a couverte de sa sainteté, alors qu’elle considérait ses nombreux péchés.

Souligner cela, autant dire que la beauté de l’élévation, du ravissement est vérité même, à l’état pur,  car la laideur du pêché ne retient plus.

 

4. L’ASSOMPTION, FÊTE DE L’ÉLÉVATION


Et l’immense solitude qui accompagne une telle élévation, comme ce fut le cas de Marie elle-même au départ de son Fils,  et de Thérèse dans ses états extatiques et  de Bach dans ses traits  hiératiques, cette solitude-là  est déjà le lieu de la fondation de la demeure de Dieu parmi les hommes.

Bach, L’homme qui tutoyait Dieu, la femme qui a vu la Vierge Marie et son époux, les parents qui portaient le destin de leur Enfant et la Mère qui lui ayant donné le corps se laissa emporter au ciel..., nous ne sommes pas à un ravissement près , tant est grande la promesse de la Vie.