2014/11/22 - Réflexion pastorale - Mercy de Kasper et la Miséricorde divine

attention open in a new window ImprimerE-mail

En lisant Mercy de Kasper, la Miséricorde divine apparaît comme le signe de notre temps. La réalité de la Miséricorde divine fait partie du dépôt de la foi chrétienne. Elle a cependant été méconnue, ou plutôt mise de côté par la théologie dogmatique scolastique et post scholastique, donc durant la majeure partie du second millénaire de l’ère chrétienne. Elle a cependant subsisté  dans les sacrements, et en particulier celui de la pénitence, puis dans  les écrits mystiques. Si donc elle demeurait agissante dans la pratique incessante  de l’église, c’est cependant par la spiritualité que vient le renouvellement théologique au sujet de la Miséricorde. C’est un chemin tout compte fait naturel pour tout renouvellement de la pensée chrétienne. Ce qui est un substrat théorisé  de la foi chrétienne, a besoin de  revenir à sa source première. Cette réalimentation est le gage de la vitalité théologique.


A l’époque moderne,  à l’instar des papes Jean XXIII et Jean-Paul II  en particulier,  et actuellement du pape François, de nouveau prolifère la réflexion sur ce qu’est  la Miséricorde du Dieu des chrétiens. Cette réflexion se développe à la faveur du dernier concile qui a ouvert  grand les portes  à l’heureuse rencontre de l’homme contemporain avec Dieu éternel. La prise en compte de la condition humaine marquée de ses ombres et de ses lumières, ses espoirs et ses peurs, permet à la théologie chrétienne de tenter  de projeter quelques  rayons de lumière divine sur une telle condition dans laquelle l’homme moderne semble avoir de plus en plus de mal à croire en un tel Dieu. La Miséricorde serait donc cette ouverture possible entre cet homme qui se considère comme jeté au monde (Heidegger) et Dieu qui s’autocommunique  (Rahner) pour aboutir au constat selon lequel  l’indignité de l’homme  serait même le trône  de la miséricorde (Jean XXIII, p. 6)


Le défi qui en découle pour l’Eglise actuelle s’inscrit dans cette  impulsion donnée par le pape Jean qui par conséquent voit Dieu user de la Miséricorde comme d’un médicament plutôt que de la sévérité ou la condamnation. La mise en lumière par Jean-Paul II  de la Miséricorde telle que celle-ci est notée par la sœur Faustyna Kowalska confirme en Eglise son actualité en accord avec les Ecritures. La Miséricorde divine y est vue  comme un  attribut de Dieu qui de plus est l’attribut au-dessus de tous les autres constatés chez Dieu, révélé dans sa  perfection divine purement et simplement. Perfection qui se manifeste en Jésus-Christ (Ratzinger, p.8) et qui rejaillit sur le chrétien et même au-delà.  Ceci amène à constater l’obligation de vivre constamment dans une telle dynamique en proclamant sans cesse « l’année de la Miséricorde du Seigneur » (Ratzinger, p.9)