2009/12/01 - Questionnement - Accompagnateur / accompagné

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« J’apprends autant que je fais apprendre » et parfois même plus !

 

Combien de fois nous entendons un tel aveu de la part de ceux qui dans l’Eglise remplissent le rôle d’accompagnateur dans la foi (catéchistes, animateurs d’aumônerie, accompagnateur de catéchuménat, prêtre etc.) C’est un aveu de la reconnaissance de la puissance divine dans la vie du croyant qui se laisse instruire par les autres et en l’occurrence par ceux qui lui sont confiés pour être instruits eux-mêmes. En effet, grandes sont les découvertes ainsi faites, découvertes qui permettent de progresser dans la foi, dans la compréhension de soi et dans la relation aux autres.  Un aveu de vérité, fait dans l’esprit de sincérité voire humilité, car humblement ils accomplissent leur mission et humblement ils y sont en toute vérité.

 

A qui le dire et comment ? Le dire devant ceux que nous accompagnons sur le chemin de la foi, et j’en suis souvent le témoin direct, c’est dire que l’on chemine ensemble et que l’Esprit Saint est à l’œuvre. Dire devant eux, c’est  les initier à la reconnaissance mutuelle, mais le dire pas seulement devant eux mais surtout à eux, c’est aussi entrer dans une relation qui peut apporter de trouble à leur perception de la fonction d’accompagnement. Comment ?

 

Celui qui accompagne est celui qui sait où aller et qui prend la responsabilité de pouvoir y conduire ceux qui ne le savent pas. Qu’est-ce qu’il sait et qu’est-ce qu’ils ne savent pas, tous enfants de Dieu ? Que le voyage fait dans la foi est toujours plein de surprises et que l’on ne refait jamais le même chemin, on le sait très bien. Nous ne sommes pas dans l’expérience de l’ordre physique qui dans les mêmes conditions fera reproduire exactement les mêmes résultats.  Si ceci est donc vrai pour toute démarche d’ordre interpersonnel, combien plus ceci est vrai dans le domaine de la foi. Ce qui est découverte par l’accompagnateur, n’est pas à négliger, mais ne peut pas se faire au détriment de l’assurance avec laquelle il conduit les autres. Qu’est-ce, cette assurance, sinon la confiance qu’il fait lui-même en celui qui l’a envoyé. Et celui qui l’a envoyé n’est pas moins que le Christ lui-même qui lui a tout reçu de son Père et nous fait connaître par son Esprit. Cet engagement trinitaire  nous dit la façon dans nous avons à accomplir notre mission ainsi reçue.

 

L’accompagnateur est celui qui accomplit la fonction de l’aîné dans la foi, grand frère, ou plus exactement père, mère dans la foi. Ne dit-on pas d’un parrain ou d’une marraine d’un baptisé ou d’un confirmé qu’il est comment deuxième père, mais ce que la langue anglaise  transmet avec encore plus de netteté : father ou mother in faith ?  Et même si, évidemment, il ne connaît pas tout ni sur le plan des informations concernant les données de la foi, ni de sa propre vie éclairée par  la lumière de la foi, tout en découvrant les deux, il a « une longueur » d’avance sur celui qu’il accompagne. Une longueur d’avance qui est propre à un parent dans la relation à son ou ses enfants, parent qui apprend son « métier » en accueillant le ou les enfants. Tout comme un parent dans une relation franche et constructive va dire à son enfant qu’il y a des choses qu’il ne connaît pas, qu’il n’a pas compris, tout parent qu’il est ! ou  encore qu’il a négligé, sans pour  autant  contribuer à affaiblir dans sa fonction parentale l’autorité nécessaire pour la croissance de sa progéniture. De même l’accompagnateur dans la foi. Tout en étant attentif à sa propre progression spirituelle et sincère dans la façon d’en rendre compte, il ne sera pas moins vigilant à favoriser ce qui lui revient en premier, à savoir accomplir la noble tâche d’accompagner  avec connaissances indispensables pour savoir par quel chemin on voudrait passer pour permettre les découvertes que Dieu réserve à ceux qui acceptent une telle aventure, découverte faites ensembles et chacun pour sa part.

 

Tout comme un parent ne peut pas tout dire devant son enfant, il y a d’autres lieux pour cela (son conjoint, un tiers avisé) l’accompagnateur, au nom de la priorité donnée à la croissance de l’accompagné, va prendre la mesure de ce qui est nécessaire pour une telle croissance. Dire l’émerveillement devant la découverte de son propre cheminement se fait tout autant dans l’intimité du cœur priant qu’en  communauté, et donc devant les autres, y compris devant ceux qui semblent être les plus proches  de l’expérience à partager. Dire, dans un cas et dans l’autre, c’est dire  la même vérité, sans pour autant qu’il y ait les mêmes mots pour le dire, ni le même moment.  La sincérité n’est pas une valeur absolue, elle est référencée à la valeur de la mission qui, en l’occurrence  qualifie l’accompagnateur en terme de l’autorité faisant croître la vie des autres, et si à l’occasion, la nôtre en bénéficie également, qui s’en plaindrait ?