2007/11/11 - Homélie du 11 novembre

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Lorsque nous venons à la messe ou toute une autre célébration, c’est toujours pour célébrer la vie et pas la mort. L’Evangile d’aujourd’hui nous rappel ce primat et ceci au nom de la foi en la résurrection, dont nous faisons mémoire lors de chaque messe. 


« Les mémoires  des tranchées » encore un livre sorti sur le sujet qui nous rassemble aujourd’hui. Mais, qu’est-ce qui nous rassemble au juste ? Non, pas la guerre, mais la recherche de son contraire.

La guerre, les tranchées, les retranchés, coupés, isolés, en insécurité permanente, alors que censés  protéger les autres, tant d’autres. De quoi ils nous protègent  aujourd’hui ? De l’amnésie ! Certainement, et encore ?  D’Alzheimer  collectif, historiquement situé et conditionné, 

Nous sommes dans cette amnésie collective qui entraîne une sorte de dégénérescence du système sensible de notre société et qui en ceci s’apparente à cette maladie terrible qui frappent si cruellement de plus en plus de nos contemporains et de plus en plus jeunes. Nous sommes donc entre un tel Alzheimer, une sorte de mécanique qui ne fonctionnent plus  et la volonté d’effacement avec complicité socialement, individuellement, collectivement, politiquement et spirituellement coupable.

Coupable, parce qu’ayant  estimé  avoir été capable de prendre  en compte  toutes ces tranches de vies,  les mettre de côtés (ou) dans le royaume de l’oubli et justement pour que l’on n’en parle plus. On n’y croyait pas seulement de pouvoir les   répertorier, mais  par la même de s’en approprier. Or, l’on ne peut le faire que dans l’obéissance absolu à notre vie.

Cependant nous ne pouvons pas le faire, tant notre vie nous déporte de la leur. Le seul lieu où cela me semble possible jusqu’au bout, dans la totalité de ce que nous sommes pour la totalité de ce qu’ils ont été et qui demeurent quelque part, c’est seulement dans une messe, cette offrande totale du Christ à tous les hommes.

Si vous cherchez à scruter ce mystère, vous ne pourrez y parvenir qu’en fréquentant cette réalité de la rencontre du mystère de l’homme qui se laisse accueillir par le mystère du Christ qui seul sauve, seul car seul en totalité et pas à mi-chemin, pour un peu de temps, pour certains, par-ci, par-là.  Vous avez pris ce « risque » de venir ici et entendre ce message chrétien, mais nous nous connaissons bien et savons que tout ceci est vécu en respect mutuel.

Où sont ils en effet, nos tranchées, souvent bien invisibles, opaques, souvent insaisissables à l’œil nu,   mais au combien réels, avec des vraies douves et de fils de barbelés bien déroulés tout au tour.  Concrets et bien alignés, derrière lesquels nous nous cachons en y emportant notre peur, en croyant d’y préserver un peu de notre dignité. Où sont nos tranchées ? Certainement là où sont nos convictions qui souvent se sont nourries de la longue liste d’évictions imaginaires ou réelles. Nourris de toute cette déroute qu’une évolution de société provoque.

La mémoire n’est pas à confondre avec  un souvenir et en cor moins avec une opinion. La guerre de tranchées n’est pas finie. C’est la façon de construire les tranchées et la manière de pousser pour  y faire tomber qui a changé.

 


L’Evangile ne se contente pas d’enregistrer la réalité.  De guerre, de conflits, de combats, il nous donne à apercevoir le chemin inverse, à savoir celui qui consiste à sortir des tranchés de nos vies pour être nous-même, pour que chacun soit soi-même. Ce chemin, initié par Jésus, au grand dam de beaucoup de ses contemporains, ne cesse de susciter opposition, hostilité et rejet. 

Ce chemin  mène à la vie, car fait sortir des tranchées, y compris de forteresses de nos institutions et lois bétonnées sur le fond de vérité évangélique de nos églises chrétiennes et communautés catholiques. (Je ne me sens pas le droit de me prononcer  sur les autres églises chrétiennes.) Ce chemin là mène à la vie, ouvre, rassérène. L’Evangile donne à l’apercevoir, à chacun  d’apprécier la valeur de cette Bonne Nouvelle et de sa disponibilité intérieure qui appelle à la liberté véritable.         


   Où en sommes-nous aujourd’hui?