2018/12/23 - Homélie - 4e dim. de l'Avent

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L’évangile nous relate une belle rencontre entre deux femmes. Elles sont chargées, chacune à sa façon, d’une énorme mission. Elles le sont parce qu’elles ont répondu à l’appel d’en Haut. Elles l’ont fait, alors qu’elles ne s’y attendaient absolument pas. Elles ne pouvaient pas s’imaginer vivre un destin pareil. Elisabeth trop âgée pour pouvoir enfanter ; Marie trop simple pour pouvoir porter un Enfant-Dieu et s’en occuper par la suite. Et leurs maris, Zacharie et Joseph semblaient venir d’encore plus loin pour pouvoir y répondre tout de suite. 

Mais à travers leur expérience, c’est l’expérience de tout leur peuple, le peuple d’Israël, qui est décrite. Dieu a appelé un tout petit peuple pour porter au monde la promesse de sa Paix et de sa Justice, du Salut. Et combien de fois ce peuple a démontré dans son histoire le refus plutôt que l’acceptation. Et c’est seulement dans les situations difficiles, désespérées que  certains « se réveillaient » pour porter le flambeau de la foi en l’espérance divine. 

Mais, aujourd’hui qui voudrait y croire ? Qui voudrait  en être chargé à son tour ? Noël et sa préparation c’est bien cela. C’est réactiver notre désir de répondre à l’appel d’en Haut. L‘appel qui nous permet de comprendre que rien n’est jamais totalement désespérant. Dieu nous appelle à partir de situations qui nous paraissent complétement compromises. Il y a quelque temps j’ai reçu un mail de la part d’une jeune femme qui dit toute sa souffrance d’être séparée de son enfant. Elle exprime une douleur viscérale d’une mère qui ne peut pas s’occuper de son petit. Et elle me demande pourquoi Dieu permet cela. « Est-ce que Dieu veut que je souffre ? » Et en sous-entendu pour expier quelle faute ou quel péché ? 

Assurément Dieu ne peut pas se complaire dans notre souffrance. Il ne peut que compatir. Et sa façon de le faire c’est nous offrir l’espérance. Noël c’est cela. Quand est-ce que l’espérance est vraiment accueillie ? Surtout quand elle est inattendue. Est-ce que nous aurons vraiment compris beaucoup de choses sur la vie uniquement au travers d’une vie agréable et sans heurt ? Non, à l’évidence non. C’est dans la difficulté  que se forge la véritable conscience de ce que nous sommes et de notre place dans le monde. 

C’est dans la difficulté que nous pouvons prendre conscience de ce qui se joue dans nos vies. Mais, faut-il encore en percevoir les signes que Dieu nous envoie. Durant l’Avent nous avons eu plein de signes pour prendre conscience de la nécessité de changer quelque chose dans nos vies. Par exemple être capable de mieux écouter pour mieux accueillir la Parole de Dieu. Et alors le croyant peut se tourner vers Dieu : « Dieu fait nous revenir, que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés »  (refrain du psaume). 

C’est au cœur de notre humanité si souvent malmenée, souffrante et en proie au désespoir que Dieu se manifeste avec sa promesse. La jeune maman marquée par la douleur de la séparation cherche à comprendre le sens de sa vie et la place de Dieu là-dedans. Préparer Noël c’est aussi arriver à dire avec Elisabeth qui s’adressant à Marie, s’adresse à chacun d’entre nous : « Heureuse (heureux) celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ». Et ce que nous admirons chez Marie, c’est ce que nous cherchons chez nous. La prière du Notre Père l’exprime et en particulier aujourd'hui ces paroles « que ta volonté soit faite »  Envoie-moi, Seigneur, toi qui visite notre terre et veux le bonheur et la joie de notre monde que Tu aimes tant.  Amen.